Audiovisuel : les professionnels d'Occitanie inquiets interpellent Carole Delga

Réunis pour la première fois sous la bannière commune Focal (Fédération occitane de cinéma et de l'audiovisuel), plusieurs professionnels de l'audiovisuel en Occitanie interpellent directement Carole Delga sur l'avenir de leur filière, "en panne depuis l'arrêt de TLT". Ils demandent davantage de soutien à la création.
Pascal Bonnet (Apiamp), Isabelle Dario (MidiFilm), Philippe Aussel (Apifa) et Anne-Catherine Clercq Roques (MidiFilm)

Cela fait plusieurs mois qu'elles demandaient un rendez-vous avec Carole Delga. Finalement, les associations d'auteurs, techniciens et réalisateurs de la région Occitanie vont pouvoir rencontrer le 30 mars prochain le conseiller "Culture" au cabinet de la présidente de Région, Claude Bosom (un rendez-vous que ne confirme pas le service communication de la Région, qui évoque un rendez-vous "privé"). L'occasion pour ces professionnels d'exprimer haut et fort leurs revendications, mais aussi de mieux comprendre la stratégie régionale en matière d'audiovisuel.

"Depuis la fusion de Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, on ne comprend pas ce que veut faire la Région. On ne sait pas si la filière audiovisuelle est importante ou pas pour Carole Delga. Nous aimerions simplement comprendre et discuter. Il y a, en termes de subventions, un saupoudrage qui ne nous convient pas", explique Philippe Aussel, fondateur de Le-loKal Production et membre de l'Association des producteurs indépendants de la filière audiovisuelle. Cette association s'est rapprochée du réseau Focal, Fédération occitane de cinéma et de l'audiovisuel, un collectif créé début 2017 par MidiFilm, Films en Languedoc et Real Occitanie afin de fédérer les acteurs de la filière (la Focal compte environ 200 membres aujourd'hui).

"En matière d'audiovisuel, c'est le Conseil régional qui donne l'impulsion et qui est chef de file. Nous avions besoin de devenir un interlocuteur du même niveau", justifie Isabelle Dario, de MidiFilm. "Nous échangeons beaucoup entre nous, les contacts sont constants entre les associations, les kilomètres effectués entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon sont et seront nombreux. Pourtant, quand on s'adresse aux élus de la Région, le silence devient pesant", déplore-t-elle.

Plus de subventions pour la création ?

Dans un courrier envoyé à Carole Delga le 28 février, les revendications portées par la Focal sont précises et concernent la future télé régionale toulousaine, TV Sud Toulouse. En février 2017, le Conseil régional a approuvé un contrat d'objectif et de moyens (Com) avec la nouvelle chaîne d'un montant de 1,5 million d'euros sur trois ans (2017-2019). "Insuffisant" pour les professionnels de la filière.

"Ceci est un Com dit 'de fonctionnement'. Nous souhaitons que soit également mis en place un Com dit 'de culture' pour développer la production d'œuvres réalisées sur le territoire, comme c'était le cas avec La Case Doc sur TLT. C'est un dispositif qui permet l'accès aux aides du CNC et qu'il est urgent de signer car la signature de la convention triennale CNC-Région est imminente", alerte le collectif.

Via ce dispositif en effet, le CNC s'engage à aider financièrement les œuvres coproduites par les télévisions locales françaises (hors France 3), spécifiquement la production de documentaires et la captation de spectacle vivant. "Le CNC met en place ce dispositif de soutien pour le cadre 2017-2019", confirme le CNC, qui précise le calendrier.

"La signature de la convention triennale CNC-Région est en négociation. Julien Neutres, directeur de la direction de la création, des territoires et des publics du CNC se rendra en région pour une réunion de négociation le 21 mars. Mais la date de signature n'est pas encore actée."

Côté Conseil régional, on assure que le soutien à la filière audiovisuel est maintenu. Il est même renforcé selon Serge Regourd, président de la commission Culture du Conseil régional :

"La Région y consacre cette année plus de 3,7 millions d'euros, soit une augmentation de 17 % par rapport à 2016. Ce budget tient compte des abondements du CNC qui viennent conforter les moyens mobilisés par la Région et qui figureront dans la prochaine convention que nous signerons avec le CNC et l'État."

Sur le dispositif particulier de Com "culture" demandé par les professionnels, pas de réponse précise, mais l'élu assure que le dialogue est entamé avec les acteurs de la filière : "Dans le courant de l'année, des réunions de travail vont être organisées pour avancer sur l'ensemble de ces questions. Nous souhaitons à la fois ne pas perdre de temps mais aussi prendre le temps de bien construire un dispositif qui permette ces coproductions avec l'ensemble des acteurs locaux de la télévision. Nous avons déjà une longue histoire de partenariat avec le CNC et nous sommes bien déterminés à faire croître ces engagements."

Urgence !

Mais pour les nombreux réalisateurs, producteurs, techniciens et scénaristes d'Occitanie, il est urgent d'apporter des réponses plus précises.

"Notre filière est en panne depuis la mort de TLT", assure le producteur Pascal Bonnet (Association Apiamp). "Il est important que la Région comprenne que les films faits sur le territoire voyagent dans le monde entier et sont une véritable vitrine pour elle, rappelle-t-il. Sans parler du replay sur internet qui permet à une télé locale d'être vue partout en France."

"Aujourd'hui, sur ma promotion de 25 étudiants sortis de l'Esav (école supérieure de l'audiovisuel de Toulouse), 20 sont partis à Paris, regrette-t-il. C'est trop dommage, surtout quand on voit les compétences réunies dans la région en matière de techniciens, scénaristes, producteurs, mais aussi en termes de formation, diffusion et conservation de films."

"Il y a davantage de stagiaires qui sortent des écoles que de boulot dans nos entreprises pour les accueillir", insiste Philippe Aussel.

Le courrier adressé à Carole Delga se veut alarmiste :

"Nous n'avons cessé d'exprimer notre besoin urgent de retrouver un partenaire local de coproduction. Nous attendons tous cette bouffée d'oxygène, sous peine de voir s'appauvrir, voire disparaitre un secteur générateur d'emplois et s'exiler nos créateurs comme nos techniciens."

Il y aurait environ 500 techniciens du cinéma dans l'ex-région Midi-Pyrénées.

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