Berlin torpille le rapprochement EADS-BAE Systems

L'Allemagne a bloqué les négociations concernant le rapprochement EADS-BAE Systems. La chancelière Angela Merkel s'oppose aux modalités de rapprochement entre les deux groupes. Or, selon nos informations, à l'inverse, Paris et Londres sont tombés d'accord avec les deux directions d'EADS et de BAE Systems. Ce qui semble aussi être le cas du groupe Lagardère. Daimler serait également sur cette tendance mais est contraint de suivre la ligne de Berlin.
La chancelière Angela Merkel s'oppose aux modalités de rapprochement entre les deux groupes

L'Allemagne a bloqué les négociations, faisant échouer l'opération de la décennie. L'Allemagne prendra-t-elle le risque de torpiller l'opération EADS/BAE Systems ? Il semblerait qu'elle en prenne le chemin en raison de son intransigeance très égoïste. Plus précisément, la chancelière Angela Merkel s'oppose aux modalités de rapprochement entre les deux groupes. C'est d'autant plus fâcheux que, selon nos informations, à l'inverse, Paris et Londres sont tombés d'accord avec les deux directions d'EADS et de BAE Systems. Ce qui semble aussi le cas du groupe Lagardère. Daimler serait également sur cette tendance mais est contraint de suivre la ligne de Berlin.

Berlin ne joue pas le jeu
Pour les négociateurs d'EADS et de BAE Systems, la tache semble très compliquée. Car les Allemands n'expriment pas tout ce qu'ils veulent lors des séances de négociations. En revanche, ils font fuiter leurs exigences. Comment faire plier Angela Merkel, qui pense déjà aux élections de septembre prochain et doit obtenir un consensus politique en Allemagne, sans accéder à ses trop grandes exigences ? Car faut-il rappeler que l'Allemagne n'est pas actionnaire (c'est Daimler qui porte les intérêts allemands) et ne détient aucun actif de défense stratégique sur son sol.

L'Allemagne n'a rien à donner mais a d'énormes exigences
Qu'elle veuille s'arroger 9 % du capital de la nouvelle entité passe encore (même si la position d'EADS a toujours été contre) à condition néanmoins qu'elle ne demande pas des conditions exorbitantes attachées à sa présence au capital. "Des droits particuliers ou un pacte avec la France constituent des lignes rouges qui mettraient en péril l'opération. Elles modifieraient le profil commercial du groupe qui ne veut pas apparaître comme une émanation des Etats pour pouvoir commercer avec tout le monde, et poseraient un problème avec les Etats-Unis", explique un proche du dossier. "Une part de 9 % sans droits particuliers, c'est gérable. Que l'Allemagne rachète toute la participation de Daimler qui veut sortir (14 % du nouvelle entité), cela poserait en revanche un problème", explique un proche du dossier. In fine, l'Allemagne a déjà obtenu beaucoup : la possibilité d'entrer au capital et une action spéciale qui lui permettra de s'opposer à toute tentative d'OPA et de préserver les emplois, les sites industriels et la recherche et développement sur le sol allemand.

Berlin se laissera-t-elle convaincre
Concernant la revendication de l'Allemagne qui veut le siège social en Allemagne, le patron d'EADS "Tom Enders (qui a installé le siège d'EADS à Toulouse pour des raisons économiques, ndlr) n'est pas homme à changer d'avis", rappelle une source proche des négociations. Les discussions seraient bloquées sur cette exigence de Berlin. Pourquoi l'Allemagne a-t-elle de telles exigences ? Parce qu'elle n'a rien à perdre - puisqu'elle n'a rien à donner - à se montrer intransigeante et surtout tout à gagner. Y compris si EADS et BAE Systems obtiennent une prolongation des autorités boursières britanniques (panel). Et comme le suggérait malicieusement un observateur, pourquoi Berlin se laisserait-elle convaincre plus tard ?

Michel Cabirol et Fabrice Gliszczynski (pour La Tribune.fr)
Photo©Rémi Benoit

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