Un collectif écologiste s'inquiète du futur technocampus hydrogène de Francazal

Au sud de Toulouse, élus et industriels soutiennent la création sur l'ancienne base militaire de Francazal d'un technocampus de 10.000 m2 qui deviendrait le plus grand centre d'essais européen consacré à l'hydrogène vert. Ce projet colossal qui va demander 35 millions pour les infrastructures et 20 millions d'euros d'équipements suscite l'inquiétude de huit associations écologistes. Le collectif s'interroge sur la pertinence de l'hydrogène pour décarboner l'aviation et les risques en matière de sécurité et de rejets environnementaux d'un tel campus.
Le technocampus de Toulouse-Francazal occupera pratiquement deux hectares.
Le technocampus de Toulouse-Francazal occupera pratiquement deux hectares. (Crédits : CTV Architectures / Région Occitanie)

Construire le plus grand centre d'essais européen consacré à l'hydrogène vert et porter l'Occitanie comme une région à la pointe de la filière hydrogène : voici les promesses affichées par le futur technocampus qui doit sortir de terre dès l'année prochaine sur l'ancienne base militaire de Francazal, au sud de Toulouse.

Le projet prévoit 10.000 m2 de bâtiments permettant aux laboratoires et aux industriels de mener des tests à faible et forte puissance, une capacité de stockage de deux tonnes d'hydrogène et une aire d'essais extérieurs. Un projet gigantesque qui va demander 35 millions pour les infrastructures et 20 millions d'euros d'équipements financés par la puissance publique (l'Etat, la Région qui porte la construction du projet et Toulouse Métropole) avec un fort soutien des industriels notamment aéronautiques (Airbus, Safran, Liebherr, Vitesco, H2 Pulse).

Lire aussiÀ quoi ressemblera le technocampus hydrogène de Toulouse-Francazal ?

Mais le futur technocampus suscite l'inquiétude de huit associations écologistes (Les Amis de la Terre Midi-Pyrénées, Cugnaux en Transition, Axe vert de La Ramée, Bourdets protection environnement, Pensons l'aéronautique pour demain, Collectif Francazal, Plaisance pour le climat et Écolomobile) qui ont décidé de se réunir au sein d'un collectif.

Les associations s'interrogent notamment sur la pertinence de l'hydrogène pour décarboner l'aviation.

 « L'hydrogène ne pourra pas être utilisé pour les long-courriers qui pèsent pourtant 60 % des émissions de l'aviation. ll ne faudrait pas que ce technocampus soit juste une tête de pont qui permette derrière à toute l'industrie aéronautique de continuer à croître. Beaucoup de secteurs à commencer par la production d'acier, la chimie ou le transport maritime lorgnent sur cette technologie et il y aura forcément un arbitrage entre les différents usages. Nous nous demandons donc s'il est judicieux de mettre sur la table énormément d'argent public dans un tel projet », fait valoir Romain Morizot, membre du collectif.

« Amener des emplois sur la ville de Cugnaux est une idée séduisante sur le papier, mais uniquement si le fiasco de l'Hyperloop n'est pas reproduit (choix d'une « technologie d'avenir » qui n'en était pas une) », plaident les associations.

Lire aussiHyperloop : stop ou encore à Toulouse ?

Risques de fuites d'hydrogène ?

Le projet de technocampus prévoit la construction de bâtiments contenant des espaces sécurisés avec un certain niveau de résistance pour mener des essais forte et très forte puissance jusqu'à un mégawatt. Le lieu abritera aussi deux bunkers de 60 et 40 mètres carrés « pour pouvoir aller aux limites des matériaux », expliquait fin novembre Christophe Turpin, directeur de recherche CNRS et responsable des activités hydrogène au laboratoire Laplace à Toulouse. Les industriels pourront louer ces bunkers, des équipements ou des espaces au sein des bâtiments et même des conteneurs sur l'aire extérieure pour mener des tests.

Les associations s'alarment des risques associés à un tel projet. « Toulouse a été marqué par l'explosion d'AZF, Il ne s'agirait pas effectivement de risquer une nouvelle catastrophe industrielle dans la région toulousaine », poursuit Romain Morizot. Le collectif s'interroge également sur les conséquences de potentielles fuites d'hydrogène, « avec un impact climatique direct bien supérieur à celui du CO2 qui pourrait annihiler ces efforts de décarbonation ». Une réunion publique d'information sur le projet aura lieu ce 9 mars en soirée à Cugnaux. À l'issue de la concertation, la Région Occitanie, en qualité de maître d'ouvrage du technocampus, en arrêtera le bilan par délibération.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.