Le téléphérique de Toulouse (enfin) en service. Tout ce qu'il faut savoir

Avec deux années de retard sur le calendrier initial, le téléphérique urbain de Toulouse est inauguré ce vendredi 13 mai. Dénommé Téléo, cette nouvelle infrastructure pourrait transporter près de 10.000 personnes par jour entre l'université Paul-Sabatier et l'Oncopole, tout en passant par le CHU de Rangueil. Après la desserte de ces trois points stratégiques au sud de la Ville rose, les élus locaux étudient des prolongements pour les années à venir.
Le téléphérique urbain de Toulouse est mis en service ce vendredi 13 mai.
Le téléphérique urbain de Toulouse est mis en service ce vendredi 13 mai. (Crédits : Rémi Benoit)

La ville de Toulouse n'avait plus connu un tel enthousiasme depuis avril 2015, date à laquelle remonte la dernière inauguration d'une infrastructure de transport structurante, et ce malgré une population galopante. La seconde ligne de tramway, entre le quartier Ancely et l'aéroport Toulouse-Blagnac va ainsi laisser cette honorifique place au tout nouveau téléphérique urbain de Toulouse.

Après plusieurs reports de sa mise en service, initialement prévue en 2020, crise sanitaire oblige, ce moment tant attendu est enfin arrivé. Ce vendredi 13 mai, institutionnels et médias sont invités à inaugurer le plus grand téléphérique urbain de France, soit trois kilomètres, avant son ouverture au grand public  le samedi 14 mai. Pour l'occasion, prendre le téléphérique de Toulouse sera totalement gratuit pour ce premier week-end d'exploitation. Dès lundi, son usage sera intégré au réseau Tisséo et aucun tarif spécifique ou supérieur ne sera appliqué pour ce mode de transport, soit 1,70 euros le ticket pour un voyage simple.

Cette gratuité pour les deux premiers jours d'exploitation, puis son intégration tarifaire à celle du réseau de transport en commun local sont tous sauf un hasard. Les élus locaux veulent faire de leur nouveau jouet une attraction touristique en offrant une grande vue de hauteur sur la Ville rose. Pour ce qui est des futurs usagers quotidiens, l'arrivée du téléphérique urbain à Toulouse permet la création d'une "ceinture sud", comme aime le répéter Jean-Michel Lattes, le président de Tisséo et adjoint aux mobilités à la Ville de Toulouse.

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Un choix technologique pour résister au vent

Pour comprendre, il suffit de regarder le tracé de ce nouvelle infrastructure. Ces trois kilomètres de tracé se matérialisent par la création de trois stations à des endroits stratégiques au sud de la quatrième ville de France. Une première se situe face à l'université Paul-Sabatier, qui permet ainsi de faire la connexion avec la ligne B du métro. En prenant de la hauteur, le téléphérique permet de se diriger vers une seconde station dans un premier établissement santé et non des moindres, le CHU de Rangueil. Puis, passé la colline de Pech David et le survol de sa grande zone naturelle, les cabines arrivent face à l'Oncopole, le lieu de santé dédié à l'oncologie, mais aussi important bassin d'emploi en plein développement.

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Les concepteurs du projet estiment que la réalisation de ce même trajet en voiture se parcourt en une trentaine de minutes, contre seulement dix avec le téléphérique de Toulouse. La vingtaine de cabines prévue au lancement de ce nouveau dispositif circuleront à une vitesse commerciale de 20 km/h. Si pour la vitesse chacun fera son jugement, en revanche la régularité du service sera au rendez-vous. Tisséo promet le départ d'une cabine (d'une capacité de 34 personnes dont 15 places assises, avec accès PMR et emplacement vélo) toutes les 1 minute et 30 secondes en heure de pointe, ce qui permettra de transporter 8.000 voyageurs par jour selon des estimations du syndicat mixte en charge des transports en commun sur la métropole toulousaine. Pour tenir une telle cadence et dans un souci d'harmonisation avec le métro, Tisséo promet une circulation du téléphérique de 5h30 à minuit, tous les jours.

Pour les plus frileux, qu'est-ce-qui a été prévu pour lutter contre le vent, d'autant plus sur un territoire victime plusieurs fois dans l'année d'un important vent d'autan ? Afin d'éviter les déboires du téléphérique urbain de Brest sur le même sujet par exemple, Tisseo, en collaboration avec le constructeur Poma, a opté pour la mise en place de la technologie dite des 3S pour le téléphérique urbain de Toulouse. Elle repose sur trois câbles, soit deux porteurs et un tracteur, ce qui offre au téléphérique (ou Téléo de son petit nom) une résistance au vent jusqu'à 100 km/h.

Des prolongements sur la table, mais pour quand ?

Ce choix technologique a deux autres avantages non négligeables. Tout d'abord, selon son constructeur Poma, les nuisances sonores de ce mode de transport électrique sont grandement réduites. Un aspect de taille quand le survol du lycée Bellevue a posé problème au moment de l'élaboration du tracé... Par ailleurs, l'emprise au sol est bien plus faible (cinq pylônes) qu'avec la technologie mono-câble et sa vingtaine de pylônes pour un tracé identique. "L'élaboration du tracé et l'implantation des infrastructures a été faite de manière à ne pas compromettre l'avenir", a martelé à plusieurs reprises Francis Grass, président de Tisséo Ingénierie sous le précédent mandat municipal, soit jusqu'en 2020 et donc à la manoeuvre technique dans ce dossier épineux.

Alors que la précédente majorité municipale, celle du socialiste Pierre Cohen (2008-2014) avait lancé le dossier sans pour autant lui faire franchir des étapes décisives, la majorité du maire LR Jean-Luc Moudenc se projette avec ce nouveau mode de transport. Des prolongements vers l'ouest toulousain, le terminus de la ligne A ou le quartier Montaudran, sont envisagés.

Les premières projections prévoyaient un coût total de l'opération, hors maintenance, à une cinquantaine de millions d'euros pour cette première ligne du téléphérique urbain de Toulouse. Finalement, celui-ci atteint 82,41 millions d'euros, sans compter les deux millions d'euros de maintenance prévus chaque année. Ce qui peut paraître ridicule au regard de la facture annoncée pour la future troisième ligne de métro de Toulouse, qui devrait avoisiner quant à elle les trois milliards d'euros. Malgré tout, les élus locaux prévoient plutôt de se concentrer sur la bonne tenue de ce futur chantier majeur sur le mandat qui court jusqu'en 2027, plutôt que d'ouvrir de nouveaux dossiers d'infrastructures de transport structurantes. Sauf annonce surprise.

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