Sommet de l'aviation : une déclaration à Toulouse pour viser la neutralité carbone en 2050

Les ministres des Transports des 27 États membres de l'Union européenne ont rendez-vous à Toulouse pour le sommet de l'aviation. À l'issue de l'événement, les pays européens, mais aussi d'autres nations, vont signer une déclaration en faveur d'un objectif de zéro émission nette en 2050, à quelques mois de l'assemblée générale de l'OACI. Des associations environnementales appellent de leur côté à manifester devant l'aéroport local pour demander une décroissance du trafic aérien.
La déclaration de Toulouse sera signée à l'issue du sommet de l'aviation organisé à l'Enac.
La déclaration de Toulouse sera signée à l'issue du sommet de l'aviation organisé à l'Enac. (Crédits : Rémi Benoit)

La déclaration de Toulouse fera-t-elle date dans la décarbonation du transport aérien ? C'est en tout cas le souhait affiché par le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, à l'initiative du sommet de l'aviation qui réunit à Toulouse ces 3 et 4 février ses homologues des 27 Etats membres, la commissaire européenne aux Transports mais aussi des représentants américains, canadiens, marocains et japonais.

Après une visite d'une ligne d'assemblage d'Airbus jeudi après-midi, la délégation participera vendredi à une journée institutionnelle organisée à l'Enac sur l'avenir de l'aviation durable. Une étude sur les attentes des citoyens sur la décarbonation sera présentée avant une intervention du fondateur de Solar Impulse, Bertrand Piccard.

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Une déclaration "à résonance internationale"

Mais le point d'orgue de l'événement sera la signature de la déclaration de Toulouse où figure un engagement en faveur de la neutralité carbone, autrement dit un objectif de zéro émission nette de la part du secteur aérien à horizon 2050. La liste complète des signataires n'est pas encore connue mais les 27 Etats de l'Union européenne l'ont déjà adoptée de même que les 44 pays membres de la Conférence européenne de l'aviation civile (Ceac) ainsi que des nations non-européennes. "Cette déclaration est proposée par la France, adoptée au niveau européen et aura une résonance internationale", résume le ministère des Transports.

En ligne de mire, l'assemblée générale de l'OACI (Organisation de l'aviation civile internationale) en septembre prochain où pourrait être proposé l'adoption par la communauté internationale d'un Long term international goal, un engagement mondial en faveur de la décarbonation du transport aérien. "Et c'est loin d'être gagné. Il existe des pays réticents à se fixer des contraintes, même si pour les Européens, cela peut être évident", ajoute le ministère. Le président de l'OACI en personne doit d'ailleurs s'exprimer lors du sommet.

Sur le fond, la déclaration de Toulouse prône "une volonté commune de s'engager sur une décarbonation qui soit porteuse d'innovations, qui permette à la fois une croissance économique tout en réduisant l'impact du trafic aérien qui est responsable de moins de 2% des émissions du secteur des transports". Pour y parvenir, le texte met en avant l'utilisation des carburants d'aviation durable, l'amélioration des routes aériennes mais aussi le fait que cette transition doit être juste socialement et qu'elle permette la résilience de la filière aéronautique.

La déclaration a reçu notamment le soutien de l'European Cockpit Association, une organisation de pilotes européens et de la Fédération européenne des travailleurs des transports. L'Europe a aussi noué des contacts avec Transport et Environnement, fédération qui réunit 50 ONG dont WWF et la Fédération européenne des cyclistes. Mais l'organisation n'a pas souhaité signer le texte.

Manifestation pour la décroissance du trafic

En marge du sommet de l'aviation, plusieurs organisations environnementales (collectif PAD, Greenpeace, Attac, etc) ont d'ailleurs prévu de manifester vendredi matin devant l'aéroport de Toulouse pour demander une décroissance du trafic aérien.

"Nous regrettons que ce sommet de l'aviation repose uniquement sur des innovations technologiques en prônant par exemple le remplacement des flottes ou l'essor des biocarburants. Or, les scientifiques, c'est le cas notamment dans le référentiel Aviation Climat publié par l'Isae-Supaero, nous disent très clairement que si nous voulons suivre la trajectoire de +1.5°C tracée par le GIEC, il faut décroître le trafic aérien", avance Romain Morizet, membre du collectif Pensons l'aéronautique pour demain.

Les associations réclament notamment un moratoire sur le développement du transport aérien et l'abandon de tous les projets de construction ou d'extension des aéroports, mais aussi un plan de reconversion et de diversification des emplois aéronautiques vers la transition écologique. Des revendications déjà exprimées lors de la publication en septembre dernier du rapport "Moins d'avions, plus d'emplois".

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Commentaire 1
à écrit le 04/02/2022 à 8:30
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La "neutralité carbone" d'un avion, c'est pour dire à quel stade de torsion de la dialectique nous en sommes arrivés.

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