Pollution : quatre pistes pour améliorer la qualité de l'air dans les métropoles

Toulouse accueillait le 17 septembre les rencontres internationales Air et Santé. À cette occasion, des intervenants venus de Strasbourg, Lyon ou Milan ont détaillé les outils mis en œuvre pour réduire la pollution automobile dans leur ville. Au programme : des zones à faibles émissions, des vignettes Crit'Air plus visibles au moment de l'achat d'une voiture neuve, des innovations dans l'urbanisme et du covoiturage de proximité.
Comment limiter l'impact de la voiture en ville ?

En France, la pollution de l'air tue 67 000 personnes par an, soit plus que l'alcool. Rien que dans la Ville rose, les Toulousains pourraient gagner 4 mois d'espérance de vie et éviter chaque année 124 décès si l'on réduisait le taux de particules fines de 5 microgrammes par mètre cube, d'après une étude européenne menée dans le cadre du projet Aphekom. À l'occasion des rencontres internationales Air et Santé qui se sont tenues à Toulouse le 17 septembre, des experts venus de Milan, Strasbourg ou Lyon ont détaillé ce qui marche dans leur ville pour améliorer la qualité de l'air.

1 ) Créer des zones à faibles émissions ou des péages urbains

La première piste est de réduire le trafic automobile en introduisant des péages urbains. Cette solution a été mise en œuvre à Londres en 2003 a permis d'y baisser les embouteillages de 30 % en quinze ans et faire baisser les émissions de CO2 de 16 % et les particules fines de 7%. D'autres métropoles ont suivi, comme Milan en 2012. Cette métropole italienne, située au cœur de la plaine du Pô, reste l'une des régions d'Europe suffoquant le plus. Silvia Morini travaille au sein de l'agence pour l'environnement de Milan et affiche les résultats encourageants de cette initiative.

"Depuis l'instauration de cette zone de congestion, la circulation a chuté de 30%, les PM10 sont descendues de 19% et la présence des véhicules les plus polluants a été divisée par deux", éclaire-t-elle.

L'autre déclinaison, qui séduit de plus en plus de villes est de créer une zone à faibles émissions (ZFE). Il s'agit d'interdire aux véhicules les plus polluants de circuler au cœur des métropoles. Le concept est déjà en place dans plus de 200 villes européennes. À Milan, cette solution supplémentaire est expérimentée depuis le début de l'année 2019. "L'objectif est de réduire de 50% les PM10 d'ici quatre ans et de 50% le dioxyde d'azote d'ici dix ans", annonce-t-elle.

En France, le gouvernement va allouer une enveloppe de 1,3 million d'euros à une dizaine de métropoles pour la création de ZFE, dont Toulouse. La Ville rose a dévoilé cet été quatre périmètres envisagés pour appliquer la mesure. Cette dernière toucherait les voitures dotées d'une vignette Crit'air 4, 5 ou tout véhicule immatriculé avant 1997. D'après les chiffres dévoilés par Atmo Occitanie, seul un périmètre élargi incluant le périphérique permettrait de réduire considérablement la pollution de l'air. "Le choix définitif de la zone sera déterminé en juin 2020 pour une mise en service d'ici fin 2020", indique à La Tribune François Chollet, adjoint au maire de Toulouse et vice-président de Toulouse Métropole en charge de la qualité de l'air.

Lire aussi : Les quatre scénarios envisagés à Toulouse pour réduire la pollution automobile

2) Afficher la vignette Crit'Air dans les magasins de voitures

Autre solution défendue par le député du Rhône et président du Conseil national de l'air Jean-Louis Fugit : "Il faudrait rendre obligatoire l'affichage de la vignette Crit'Air sur les véhicules vendus par les professionnels dans les concessions automobiles, qu'ils soient d'occasion, ou neufs", plaide-t-il. L'élu a déposé un amendement en ce sens au au sein de la LOM (loi d'orientation des mobilités). "Au moment de l'achat, les consommateurs doivent avoir des informations sur les émissions de CO2 de chaque modèle", ajoute-t-il. Un affichage qui reprendrait le principe du Nutriscore dans l'alimentation ou de la classification environnementale des logements ou des appareils électroménagers.

Par ailleurs, la loi prévoit aussi que sur chaque publicité mettant en scène une voiture à moteur thermique soit affiché un "message promotionnel encourageant l'usage des mobilités actives ou partagées, ainsi que des transports en commun ou partagés".

3) Revoir l'urbanisme

Pour réduire l'impact sanitaire de la pollution, à Strasbourg, plusieurs initiatives ont été mises en place pour revoir l'urbanisme. "L'architecture d'une école maternelle a été étudiée de manière pour limiter l'impact de la pollution malgré la proximité d'une voie à forte circulation automobile", avance Françoise Schaetzel, conseillère au sein de la métropole et présidente de l'Alliance des collectivités françaises pour la qualité de l'air. Le bâtiment tourne le dos à une grande avenue et un immeuble haut a été construit pour faire écran à la pollution dans la cour de l'école où les seuils réglementaires ne sont pas dépassés.

Par ailleurs, la métropole a intégré dans le cadre d'un plan de protection de l'atmosphère l'obligation pour les nouveaux programmes immobiliers de limiter l'exposition de la population aux dépassements de valeurs limites de pollution. Cette disposition est en particulier appliquée dans les trois zones de vigilance mises en place sur le constat des dépassements de valeurs limites au cours des années 2008 à 2011. Elles correspondent aux habitations proches des grands axes de circulation et du centre-ville.

4) Développer le covoiturage de proximité

Dernière tendance dans les villes, développer le covoiturage de proximité. Si Blablacar monopolise le partage de la route sur de grandes distances, l'idée est plutôt de développer un covoiturage adapté aux trajets domicile-travail des navetteurs d'une métropole. A Toulouse, c'est l'une des ambitions du projet Commute. Depuis l'automne 2018, l'application de covoiturage Karos propose aux employés de la zone aéroportuaire de Blagnac de faire la route ensemble. L'outil a la particularité d'intégrer une partie du réseau de transports en commun de Tisséo (métro, tram et Linéo). Ainsi, quand un utilisateur fait une recherche de trajet, Karos pourra lui proposer de faire la route avec plusieurs chauffeurs en covoiturage, et même de mixer covoiturage et transports en commun. D'après Michel Aujoulat, premier vice-président de Toulouse Métropole en charge de la coordination de la politique de l'environnement, plus de 3 000 utilisateurs ont déjà emprunté le service.

En parallèle, la startup parisienne Klaxit a été sélectionnée par Tisséo pour expérimenter du covoiturage pour les salariés des zones périurbaines de l'agglomération (Muretain et Sicoval) jusqu'en décembre 2019. La jeune pousse a lancé des tests en France également à Clermont-Ferrand, Lannion ou encore Lunéville.

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