"Le Tour de France est une merveilleuse fête populaire gratuite pour le spectateur. Tandis que pour les fans de football ou de rugby, il faut payer sa place pour assister à un match dans un stade", analyse fièrement Bernard Keller, maire de Blagnac. Il a de quoi être heureux. C'est sa commune qui accueillera le départ de la quatorzième étape de l'édition 2017 le samedi 15 juillet prochain (Blagnac-Rodez, NDLR). Néanmoins, si cet événement est gratuit pour le spectateur, la commune doit mettre la main au porte-monnaie si elle veut accueillir un départ d'étape de cette épreuve sportive.

"La Ville de Blagnac a payé la somme de 65 000 euros à Amaury Sport Organisation (ASO), l'entreprise organisatrice du Tour de France, pour être une ville-étape. Au total, l'opération revient pour la municipalité à 150 000 euros car nous devons faire des investissements pour accompagner l'événement", précise l'élu à la tête de la commune depuis 1996.

Bernard Keller et son équipe ont prévu différentes opérations pour sensibiliser les Blagnacais à l'épreuve sportive, déjà passée dans sa ville en 2012 pour une étape reliant Blagnac à Brive. En plus des milliers de flyers et objets à l'effigie du Tour de France qui seront distribués aux spectateurs, une centaine de kakémonos ont récemment été accrochés à l'éclairage public pour marquer le trajet qui sera emprunté par le peloton. Sont également prévus des stands dans le village-départ au Parc du Ramier pour les associations sportives de la ville et un écran géant pour retransmettre l'étape dans le parc Odyssud.

Attirer des investisseurs

Mais pour le maire, le passage du Tour de France rapporte beaucoup plus qu'il ne coûte à la ville, il en est certain. Tout d'abord en termes d'image. Le Tour de France de cyclisme est en effet l'épreuve sportive la plus diffusée dans le monde à la télévision après la Coupe du monde de football et les Jeux olympiques d'été (650 médias suivront le TDF cet été, NDLR).

"En termes de rapport coût / image, c'est une opération de communication fabuleuse pour Blagnac. C'est l'occasion de montrer que c'est une ville où il fait bon investir. Pour cette raison, les coureurs passeront dans le nouveau quartier Andromède où on trouve Safran, Akka Technologies, Aéroscopia, avant de défiler devant les usines d'Airbus. L'objectif est de montrer tout le côté business de la ville généré par l'activité aéronautique, pour donner l'envie d'y investir. Il n'y a pas que des spectateurs sur le Tour de France...", remarque Bernard Keller.

"Il est vrai qu'un passage du Tour de France est, pour une ville, meilleure que n'importe quelle autre campagne de communication ou de promotion, en termes de rentabilité", confirme Christophe Lepetit, responsable des études économiques au Centre de Droit et d'Économie du Sport de Limoges.

Mais au-delà de l'image renvoyée aux éventuels investisseurs, les grands bénéficiaires du passage du Tour de France restent incontestablement les acteurs économiques de la vie locale, comme les professionnels de la restauration et de l'hôtellerie, les bars et les commerçants aux alentours.

"Je ne peux pas mesurer précisément les retombées économiques sur la vie locale. Mais, après le passage du Tour de France en 2012, ils étaient très satisfaits et impatients de recevoir à nouveau la manifestation. Ils seraient d'accord pour le faire tous les ans !", estime Bernard Keller.

1 400 litées réservées à Blagnac

Et pour cause. Le Tour de France, c'est avant tout un convoi de 4 500 personnes (organisation, sportifs, médias, partenaires, etc) qui se déplace au fil des étapes et qui va donc atterrir dans l'agglomération toulousaine à la mi-juillet.

Résultat, près de 1 400 nuitées sont réservées pour deux nuits (jeudi 13 et vendredi 14 juillet) sur la commune de Blagnac, réparties dans six hôtels de la ville d'après la liste fournie par la mairie. Au total, plus de 3 000 réservations ont été effectuées sur l'agglomération toulousaine rien que pour les coureurs, leur staff et l'organisation (dont le service médical, la gendarmerie, etc). En effet, pour cette édition 2017, la ville de Blagnac bénéficie de l'offre hôtelière insuffisante sur Foix (ville d'arrivée de la 13e étape Saint-Girons / Foix, NDLR) pour accueillir les coureurs deux jours au lieu d'un comme à l'accoutumée. Une satisfaction supplémentaire pour les hôtels et restaurants locaux.

"Nous nous attendons à des retombées économiques énormes. Déjà, en 2012, entre la présence des équipes et des fans qui consommaient à l'espace restaurant pour les voir, c'était une vraie réussite", se souvient un membre du personnel de l'Holiday Inn Toulouse Airport, qui va accueillir trois équipes cet été. "Cela sera sans aucun doute un vrai coup de boost pour notre activité, entre l'hébergement et la restauration", estime Béatrice Pillon, responsable des événements et séminaires du Radisson Blu Airport qui va également accueillir trois équipes. Les bars du centre-ville s'attendent également à remplir leurs salles et leurs terrasses pour l'événement. "Il y avait un monde fou dans les rues en 2012, alors on ne s'attend pas à moins pour 2017. C'est une belle opportunité pour Blagnac et ses commerçants", juge Fabienne Lafage, propriétaire depuis 27 ans avec son mari du bar Le Monte Carlo, situé à quelques dizaines de mètres du futur village-départ et du lieu du départ fictif de l'étape, dans le Parc du Ramier.

Pour donner une idée des espoirs suscités par la venue du Tour de France, l'organisateur ASO estime que chaque spectateur dépense en moyenne 30 euros le jour de l'événement. Et Blagnac n'en attend pas moins de 30 000 le 15 juillet.