LGV : comment s'est déroulée l'opération déminage de Guillaume Pepy à Toulouse ?

Un mois après avoir déclenché la colère des élus locaux en Occitanie, le PDG de la SNCF Guillaume Pepy était à Toulouse ce mercredi 19 avril pour clarifier sa position sur le projet de LGV entre Bordeaux et Toulouse. Est-il parvenu à apaiser les esprits ? Récit.
Le PDG de la SNCF Guillaume Pepy a rencontré la présidente de Région et le préfet pour parler du réseau ferroviaire en Occitanie.

"Il n'y a pas lieu de polémiquer", assure d'emblée Guillaume Pepy ce mercredi à Toulouse devant les journalistes. Depuis son interview sur France Inter le 10 mars dernier, le président de la SNCF cristallise la colère des élus d'Occitanie qui portent le projet de ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse. Interrogé sur la LGV Tours-Bordeaux qui sera lancée début juillet, Guillaume Pepy avait expliqué au micro de la radio publique que ce chantier serait "le dernier pour le moment", condamnant ainsi la future ligne Bordeaux-Toulouse. Dans la foulée, une pétition (qui a réuni 25 000 signatures) avait été lancée par Toulouse Métropole et une campagne de publicité a été publiée mercredi dernier dans le quotidien régional La Dépêche du Midi pour mobiliser l'opinion publique sur le sujet.

"Je vais faire de la diplomatie. Mes propos ont été mal compris, on a dû confondre le mot chantier et le mot projet. Pour le moment, il n'existe pas de chantier LGV avec des pelleteuses etc. puisque la LGV Tours-Bordeaux est terminée", a fait remarquer ce mercredi le président de la SNCF qui avait échangé sur le dossier la veille avec le président de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc. Il s'est également entretenu mercredi après-midi avec la présidente de Région Carole Delga et le préfet de Région Pascal Mailhos (EurosudTransport, via son président Jean-Louis Chauzy, avait décidé de boycotter la rencontre, et n'était pas présent).

"Ce n'est pas la SNCF qui décide du devenir des projets de LGV mais ce sont les élus et l'État. Lorsque le financement sera décidé, lorsque le calendrier sera fixé, SNCF Réseau construira la ligne comme elle en a déjà construit une dizaine en France et elle en sera ravie. SNCF mobilité exploitera le TGV comme il le fait aujourd'hui. Il n'y a pas matière à polémique. Il faut juste que le financement soit déterminé", a clarifié Guillaume Pepy.

Jean-Luc Moudenc s'est félicité dans la soirée de cette prise de parole publique : "C'est une clarification à grande vitesse qui est bienvenue. Je salue ces déclarations rassurantes et souhaite qu'elles soient suivies par les décisions du prochain gouvernement".

Pour arriver à respecter le calendrier d'une mise en service à l'horizon 2024, il faudrait que les travaux de la ligne commencent d'ici fin 2017. Ce qui semble difficile étant donné que le plan de financement n'est toujours pas bouclé. C'est d'ailleurs le principal point de blocage du projet de LGV Bordeaux-Toulouse qui doit ramener la Ville rose à 3h15 de Paris (contre 5h30 actuellement et 4h09 à partir de juillet avec l'arrivée du TGV à Bordeaux). Le projet, appelé GPSO (grand projet du Sud-Ouest), nécessite 9,2 milliards d'euros d'investissements (en comptant l'aménagement des gares de Bordeaux et Toulouse et le tronçon vers Dax). Il a franchi une étape importante en juin 2016 avec la publication du décret de déclaration d'utilité publique de la ligne et ce malgré l'avis défavorable émis par la commission d'enquête publique en mars 2015.

Dans ce rapport, les commissaires estiment que la construction de la LGV présente "une rentabilité socio-économique faiblement positive" et que les retombées économiques "favoriseront essentiellement les deux grandes métropoles" Bordeaux et Toulouse. Le coût de construction de la ligne est estimé à 30 millions d'euros au kilomètre.

Un rapport sur le financement prévu pour l'été 2017

guillaume pepy

Guillaume Pepy mercredi soir à Toulouse (Crédit : Rémi Benoit).

"Deux personnalités indépendantes, Benoit Weymuller (du Conseil général de l'environnement et du développement durable) et Alain Bodon (de l'Inspection générale des finances) ont été mandatées pour travailler sur la question du financement et doivent remettre leurs propositions à l'été 2017. Le rôle de la SNCF est de réaliser des études commandées par ces deux experts. Je ne suis pas autorisé à révéler le contenu de ces études", a expliqué par ailleurs Guillaume Pepy.

Sans se prononcer donc sur la future rentabilité de la ligne Bordeaux-Toulouse, le président de la SNCF a néanmoins relevé que "la mise en service de la LGV Tours-Bordeaux (qui est une concession) à partir du mois de juillet va se traduire par un déficit de 90 millions dans le budget de la SNCF, uniquement sur une demi-année d'activité. Cela devrait se traduire donc par 180 millions d'euros de déficit sur une année complète pour la SNCF".

De quoi remettre en question la pérennité du modèle économique des lignes à grande vitesse ? Interrogé sur ce point, le président de la SNCF préfère répondre de manière détournée :

"Trois causes peuvent expliquer la baisse de rentabilité des lignes à grande vitesse. Le TGV dans les années 2000 a été ultra-rentable car les péages étaient très bas. Le principe est le même que sur l'autoroute : chaque train paie un péage pour circuler sur la LGV. Or, les péages ont doublé pour financer la rénovation du réseau non LGV. Un impôt sur le TGV est venu s'ajouter pour financer les trains Intercités. Une nouvelle concurrence low-cost est venue s'ajouter avec les bus, et le covoiturage. Cette concurrence est telle que les prix des billets ont baissé en deux ans de 5%.

Concernant les péages, le régulateur, l'Arafer, a tiré la sonnette d'alarme en disant que, peut-être, les péages commencent à être trop élevés. Nous devons ensuite être plus compétitifs, baisser les coûts pour baisser les prix, sinon notre part de marché recule. Ensuite nous allons développer le low-cost qui devrait représenter 25% de notre trafic en 2020".

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.