Smart ruralité : Enedis mène un test pour connecter les campagnes en Occitanie

Après la smart city, Enedis prend une longueur d'avance en matière de smart ruralité. Lauréat de l'appel à projet innovant "Smart Occitania" lancé par l'Ademe, l'opérateur pilote un projet de développement de réseau électrique intelligent dans des territoires ruraux d'Occitanie. Il utilisera des réseaux bas débit.
Un test va être mené en Haute-Garonne et en Lozère

À l'heure où tout le monde se préoccupe de rendre la ville intelligente, Enedis, gestionnaire du réseau de distribution d'électricité, mise sur la campagne et souhaite développer une filière de smart-grid (réseaux intelligents) en milieu rural. À terme, l'opérateur souhaite exporter cette filière d'excellence en Europe et dans les pays émergents mais, pour le moment, il est lauréat de l'appel à projets innovants Smart Occitania lancé par l'Ademe (agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie).

L'entreprise est donc la tête de pont d'un projet dans lequel elle investit 4,5 millions d'euros et qui sera testé pendant 3 ans en Haute-Garonne et en Lozère. L'objectif final est de bâtir une synergie autour de la transition énergétique dans le cadre de partenariats avec la Région, des ETI, des grands groupes et des startups. L'Ademe finance le projet à hauteur de 2,6 millions d'euros.

"Le début de notre réflexion sur ce sujet remonte à 2012, date à laquelle nous avons commencé à expérimenter la technologie Sigfox (réseau bas débit NDLR), et nous souhaitions ensuite réfléchir à une utilisation plus industrielle de ce procédé", explique Jean Paoletti, le directeur régional Midi-Pyrénées Sud d'Enedis, qui pointe un constat simple :

"Les smart grids aujourd'hui, tout le monde en fait en ville, mais jamais dans le rural, alors que la majorité des sources d'énergies renouvelables (hydraulique, éolien, solaire...) sont à la campagne. Nous souhaitions prendre de l'avance sur le sujet."

En météo, mieux prévoir le "coup de vent"

Premier objectif pour l'industriel, améliorer la qualité de son réseau rural en le dotant de moyens d'automatisation. "Le gain potentiel sera de 10 à 30 % de temps de coupure annuel sur le réseau, et cela nous permettra d'éviter des investissements importants. Avec ce réseau connecté, les débouchés, à terme, seront immenses. La limite du système sera liée uniquement à notre imagination", prévient Jean Paoletti.

Exemple avec Météo France, partie prenante du projet Smart Occitania mené par Enedis. En positionnant des capteurs Météo France sur les réseaux de distribution électrique, les industriels espèrent arriver à mieux localiser les phénomènes météo à venir et ainsi améliorer les temps de maintenance ou, mieux, les anticiper en renforçant le réseau en amont.

Le Cnes, également partenaire du projet, mettra sa technologie au service d'une vision spatiale du réseau. Deux autres importantes ETI régionales, Actia et le Groupe Cahors, sont aussi engagées dans Smart Occitania avec des financements élevés (850 000 euros chacune dont 25 % financés par l'Ademe).

"Enedis nous a sollicités sur ce projet, sachant que nous sommes présents dans le secteur de l'énergie depuis près de 40 ans et que nous travaillons déjà avec eux", explique Philippe Rose, le responsable technique de la division Energie chez Actia. Il se dit "séduit par l'originalité d'un projet qui permet de travailler à grande échelle en territoire rural".

"Nous n'avons pas hésité à investir en fonds propres dans ce projet qui va nous permettre de mettre en place de nouveaux systèmes de régulation de la production et consommation d'énergie au niveau du réseau."

Un mix Lora-Sigfox pour un smart grid idéal ?

Les startups, PME et laboratoires de recherche sont les autres éléments déterminants de cet écosystème. Ainsi, Exem, spécialiste du traitement des signaux, Epurtek, spécialisée dans la méthanisation, la PME castraise spécialiste de la réalité augmentée Siréa et, bien sûr, Sigfox, développeront leurs technologies au sein de ce projet. Le laboratoire Irit travaille de son côté sur un algorithme de maintenance prédictive.

Pour Enedis, l'esprit du projet est bien la mise en commun des compétences. Ainsi, pendant les 3 ans de développement de Smart Occitania, la technologie Sigfox sera évaluée, mais elle ne sera pas la seule.

"La technologie Sigfox donne déjà des résultats époustouflants, elle permet de récupérer des informations jusqu'à 8 mètres de profondeur, mais s'en tenir à une seule technologie serait trop risqué", selon Jean Paoletti, qui indique avoir déjà sollicité par ailleurs l'opérateur Orange pour tester la technologie Lora, concurrente de Sigfox.

"L'idée est vraiment d'éprouver plusieurs technologies sur un même réseau pour déployer à l'arrivée un smart grid idéal."

L'industriel estime en effet qu'il n'existe pas de solution idéale, mais un mix de solutions qui permettra à terme de garantir la résilience des réseaux. "C'est pourquoi nous multiplions les collaborations avec les startups et les laboratoires de recherche, via l'IoT Valley dont nous sommes partenaires, mais pas uniquement. Nous engageons des partenariats multiples à travers notre propre concours et des incubateurs variés."

Enedis lancera d'ailleurs l'été prochain un concours avec Météo France pour mettre au point un capteur météo à moins de 300 euros pièce.

Au terme du projet Smart Occitania, les différents partenaires souhaitent disposer d'une base de données partagées - mais non disponible en open source - qui leur permettra de structurer une filière d'excellence exploitable, notamment à l'international. Dans les prochains mois, ils bénéficieront aussi du soutien de la Région Occitanie dans le cadre du nouvel appel à projets régional Readynov, voté le 24 mars dernier par la collectivité. Readynov vise en effet à soutenir des projets d'innovations dans le secteur de la transition énergétique sur le développement des énergies renouvelables aux mutations industrielles.

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Commentaire 1
à écrit le 13/04/2017 à 9:36
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Je ne comprends pas pourquoi à ce jour au 21° siècle on n'a pas été fichu de faire circuler le Net à hautes fréquences muliplexées sur le réseau électrique ainsi inonder le réseau ..? le cout en serait ridicule étant donné le réseau en place.

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