Pourquoi y a-t-il plus de femmes dirigeantes dans les coopératives ?

En France, seules 14 % des entreprises sont dirigées par des femmes. Dans le secteur coopératif, la parité a fait plus de progrès, puisque plus d'une société sur 4 est dirigée par une femme. En Midi-Pyrénées, le taux atteint même les 27 % et serait en progression. L'explication ? Une gouvernance plus démocratique qui laisse plus de place aux femmes.
27% des Scop en Midi-Pyrénées sont dirigées par des femmes

Selon l'Union régionale des Scop de Midi-Pyrénées, les entreprises coopératives seraient plus en avance que les autres en matière de parité homme-femme. À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, l'association met en avant une comparaison sans équivoque : seules 14 % des entreprises françaises sont dirigées par des femmes, alors que ce pourcentage atteint les 25 % dans les Scop. En Midi-Pyrénées, région qui compte 216 entreprises coopératives, le taux atteint même les 27 %. Les raisons : un mode de désignation des dirigeants et une gouvernance plus démocratiques.

"La présence en plus grand nombre des femmes dans les Scop s'explique peut-être par la prise de décision collective et partagée, estime Sophie Hemardinquer, chargée de communication de l'Union régionale des Scop Midi-Pyrénées.

De plus, les Scop bénéficient d'un modèle de gouvernance démocratique, où le management plus participatif est plus en cohérence avec les valeurs féminines. Je pense que le leadership féminin est plus humanisé. Elles sont moins dans la recherche du culte de la personnalité et donc plus en adéquation avec le système et les valeurs propres aux Scop."

Une gouvernance plus démocratique

Dans les Scop, les dirigeants sont élus. Ce mode de désignation permettrait aux femmes d'avoir autant de chance d'être élues que les hommes. De fait, dans les domaines où les femmes sont plus nombreuses, "les femmes ont beaucoup plus de chance d'être élues à la tête de Scop car le gérant ou la gérante de la Scop est directement nommé dans les effectifs", témoigne Aurélie Ferjoux. La dirigeante de la CIBC du Tarn sait de quoi elle parle. Sa Scop intervient dans l'orientation professionnelle, un domaine où environ deux tiers des personnes accompagnées dans leur changement professionnel sont des femmes.

Même constat du côté de Fonsorbes, où Leslie Faggiano a été élue à la tête de la Scop Symbiosphère, une fabrique de nichoirs et refuges pour animaux. "Avec mes deux associés, nous pensons que les sociétés coopératives sont attachées à des valeurs fortes de démocratie et d'égalité, observe la gérante. Dans notre entreprise, il n'y aura donc pas de différence de salaire entre les hommes et les femmes comme ce que l'on peut retrouver dans certaines entités."

Autre point en faveur d'un essor du nombre de dirigeantes : l'évolution des mentalités.

"On retrouve moins aujourd'hui le côté macho des hommes qui n'acceptent pas d'être dirigés par des femmes, remarque Didier Gardinal, le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie Midi-Pyrénées. La génération Y ne fait plus de différence entre les hommes et les femmes, comme nous pouvions le voir auparavant dans la génération baby-boom."

"Les femmes se mettent des freins"

Si la situation est meilleure dans les coopératives que dans les entreprises classiques, des progrès restent à faire. "Des changements sont à noter mais il n'en reste pas moins que les femmes sont encore peu représentées dans le développement des entreprises, ainsi que dans leurs gouvernances", déplore Josy Gaillochet, gérante d'Égalitère, une Scop toulousaine spécialisée depuis plus de 15 ans dans la prise en compte de l'égalité dans les politiques publiques et de sa mise en œuvre dans les pratiques sociales et professionnelles.

"Même dans nos métiers de l'orientation professionnelle où les femmes sont très majoritaires, elles restent encore minoritaires à la tête des organisations. Il reste du chemin à parcourir", confirme Aurélie Ferjoux du CIBC Tarn.

Pour cette dernière, les femmes elles-mêmes doutent de leurs capacités. "Elles se mettent des freins toutes seules et pensent qu'elles n'ont pas la capacité de diriger une entreprise, constate Aurélie Ferjoux. Elles ne se sentent pas capable de gérer à la fois leur vie professionnelle et leur vie personnelle."

Promouvoir les modèles de réussites

Un phénomène confirmé par Leslie Faggiano, la gérante de Symbiosphère : "Les femmes n'osent pas. Nous nous faisons envahir par les préjugés alors que nous devrions mettre en avant nos atouts."

Mettre en avant les modèles de réussite, une bonne idée selon Josy Gaillochet qui permettrait de pousser "les femmes à entreprendre et surtout à aller au-delà de
ces obstacles".

"Il est nécessaire de valoriser les différents modèles de femmes dirigeantes et de valoriser les réussites. Les dirigeantes de Scop représentent, pour une partie, ces exemples de réussite", conclut Josy Gaillochet.

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