Albi fait le pari de l'agriculture urbaine

En partenariat avec l'association Les Incroyables Comestibles, la municipalité a engagé une démarche visant à faire d'Albi une ville autosuffisante sur le plan alimentaire, misant sur le bio et les circuits courts. La préfecture du Tarn remet ainsi au goût du jour l'agriculture urbaine et met des terres cultivables à disposition des maraîchers. Décryptage de ce projet, inspiré d'un mouvement né au Royaume-Uni.
Plusieurs potagers urbains où les légumes sont à disposition des habitants

De l'aveu même de Jean-Michel Bouat, le pari de l'autosuffisance est "un peu fou". Pour autant, l'adjoint au maire délégué au Développement durable et à l'agriculture urbaine croit au projet lancé par la municipalité d'Albi avec l'aide des Incroyables Comestibles. Aujourd'hui, l'objectif affiché de l'initiative est d'atteindre l'autosuffisance alimentaire pour Albi grâce à des cultures bio ou à la permaculture dans un rayon de 50 km autour de la ville.

"En tant qu'élu, je ne peux pas tout faire, j'ai besoin du relais associatif, admet Jean-Michel Bouat. Et nous avons la chance d'avoir un groupe assez dynamique sur lequel s'appuyer." Ce groupe, c'est l'antenne locale de l'association Les Incroyables Comestibles, créée en 2008 à Todmorden, en Grande-Bretagne. Henri Bureau, qui a participé à la création du groupe albigeois en avril 2013, se souvient des premières actions.

"Nous avons d'abord aménagé 1 000 m2 de platebandes sur le campus universitaire Champollion, avec un jardin entretenu par les étudiants. Il y a aussi un keyhole garden à l'École européenne de l'art et des matières", détaille-t-il.

En janvier 2015, un peu moins de deux ans après la création du groupe Les Incroyables Comestibles, la Mairie et l'association ont signé une convention de mise en route vers l'autosuffisance alimentaire en 2020.

L'ambition est élevée et nécessite la mise en place d'une démarche construite. "Ce n'est pas avec des pieds de tomates plantés sur les ronds-points que nous y arriverons", plaisante Henri Bureau qui, avec son association, souhaite développer en parallèle 24 stations au cœur de la ville pour créer des jardins collaboratifs où les produits cultivés seront à disposition des habitants du quartier.

"La France importe 70 % de ses produits bio. C'est une folie", s'indigne le membre des Incroyables Comestibles.

Encourager l'installation

Pour répondre à l'objectif d'autosuffisance alimentaire, la municipalité a mis en place une démarche visant à préempter des terres dans la zone de Canavières, dans les quartiers ouest d'Albi. Sur les 73 hectares de cette zone à action différée (Zad), 10 hectares ont déjà été acquis par la Ville et 4 agriculteurs se sont installés.

"L'agriculture urbaine est l'avenir des villes moyennes situées dans des départements ruraux", assure Jean-Michel Bouat, qui avait insisté pour la création de cette délégation au sein de la nouvelle équipe municipale. "Des personnes nous contactent aujourd'hui pour céder leurs terres", poursuit l'élu.

L'idée est ainsi d'accueillir des maraîchers en bio et en permaculture. Pour attirer des candidats, la première année d'exploitation des terres est gratuite. Une convention a été passée avec le lycée agricole Fonlabour qui propose une formation complémentaire aux nouveaux arrivants et une validation de leur projet. Au bout d'un an, si le projet est viable, les terres sont louées à 90 euros l'hectare au travers d'un bail rural.

Privilégier les circuits courts

Par ailleurs, le lycée Fonlabour se propose d'accompagner des céréaliers dans la transformation d'un hectare en maraîchage. En contrepartie, l'agriculteur bénéficie d'aide à la distribution au travers de circuits courts. "Tout est à bâtir, rappelle Jean-Michel Bouat. Il faut convaincre le monde agricole, mais aussi les consommateurs, les commerçants.."

Les marchés locaux sont ciblés pour la distribution des produits issus de ces cultures, et notamment le marché central d'Albi. L'enseigne Leclerc a également été contactée pour soutenir la démarche car, comme le rappelle Henri Bureau, "95 % des achats alimentaires se font aujourd'hui en grande distribution". À terme, une maison de vente devrait également être construite au cœur des 70 ha de la Zad.

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