Drones et robotique, le nouvel avenir de Francazal

Rendue à la société civile, la base de Francazal pourrait trouver une nouvelle jeunesse grâce aux drones et à la robotique. Une étude missionnée par la préfecture conclut à la faisabilité d'un tel projet. Les enjeux économiques sont énormes et l'envie des acteurs locaux est au rendez-vous. Reste à transformer l'essai.
L'ancienne base aérienne 101 pourrait être dédiée aux drones et à la robotique dans l'avenir

Les drones et la robotique. Encore naissants, ces deux secteurs offrent des potentiels énormes en termes de chiffre d'affaires et de création d'emplois. La robotique, par exemple, devrait représenter un marché de 20 milliards de dollars en 2020. Le marché du drone civil devrait multiplier son chiffre d'affaires par dix à la même date.

Bonne nouvelle, à l'échelle internationale, la France fait partie du groupe de tête dans les deux domaines. Et, deuxième bonne nouvelle, la région toulousaine dispose d'entreprises dynamiques (pour les drones : Airborne concept, Delair-Tech, Delta drones et Droniris ; pour la robotique : Airod, Sterela, Naïo Technologies, Skeyelands, Rockwell Collins France, Airbus, Robosoft, Easymile) et de laboratoires de première importance (l'Onera, le Laas-CNRS, l'Isae, l'Enac, l'Irit, l'Eni Tarbes et l'Icam) dans ces domaines.

Problème : ces acteurs avancent en ordre dispersé et ne disposent pas de lieux de test pour expérimenter leurs produits. En décembre 2014, les membres du comité de pilotage de Francazal ont donc proposé d'étudier le projet de création d'un village dédié à la robotique et aux drones sur l'ancienne base aérienne.

Une zone de test grandeur nature

Commandée par le cluster Robotics Place et financée par la Direccte, l'étude de faisabilité a été réalisée à partir d'avril 2015 par l'agence Mapping Consulting, qui a rendu ses conclusions à la mi-octobre.

Premier constat : rassembler les différents acteurs des deux filières permettrait de les rendre visibles sur les marchés internationaux.

Deuxième constat : drones et engins robotisés nécessitent de grands volumes et de larges superficies pour être expérimentés dans de bonnes conditions.

Résultat : l'ancienne base de Francazal et la zone contiguë du Bois-Vert sont des plus appropriées pour accueillir ce centre consacré aux drones et à la robotique.

"À cet endroit, on dispose d'une zone urbaine et d'une zone rurale, ainsi que de hangar de 10 mètres de hauteur. Ce sont 5,2 hectares au total avec un espace aérien conforme à la législation, explique Alain Costes, expert à Mapping Consulting. Le Japon et les États-Unis ont construit des villes désertes pour tester des drones et des robots. Ce n'est pas une idée farfelue de le faire ici."

Mobiliser l'écosystème

Concrètement, ce "village" pourrait accueillir un incubateur, une pépinière, un espace de démonstration, des locaux disponibles à la location, une zone de test intérieur, une zone d'essais en extérieur ainsi que des ateliers collaboratifs "partagés entre entreprises et laboratoires". "Il y a un potentiel de mutualisation, indique Alain Costes. L'objectif est d'y réunir physiquement les différents acteurs."

D'après Mapping Consulting, qui a interrogé une quarantaine d'acteurs pour son étude, ceux-ci se sont montrés favorables à la mise en place de ce projet. "Une centaine d'entreprises est concernée, plus celles qui sont spécialisées dans les systèmes embarqués, affirme Alain Costes. L'écosystème régional doit s'emparer de ce village car c'est une opportunité pour le territoire."

Cette opportunité, les cluster Robotics Place, Automotech et Mipyrail sont déterminés à la saisir. "Nous allons nous positionner pour accueillir le centre de recherche français sur les véhicules autonomes non particuliers (tracteurs, navettes) prévus par le plan Nouvelle France Industrielle, annonce Jean-Luc Maté, président de Continental et d'Automotech. Avec Robotics Place et Mipyrail, nous allons présenter une feuille de route début 2016 en ce sens."

Quelle gouvernance ?

S'il y a unanimité sur l'intérêt du projet, reste à le concrétiser. "La gouvernance doit être collaborative. Il faut réfléchir ensemble et ne pas faire les choses chacun de son côté", estime Alain Costes.

Entre l'État, la Région, le Département, Toulouse Métropole et la Communauté d'agglomération du Muretain, les décideurs sont nombreux.

"La place de l'État est naturelle dans la reconversion du site de Francazal. Cette étude permet de poursuivre la montée en puissance de cette zone comme catalyseur de la filière. Mais l'État ne peut tout faire seul. La gouvernance du projet est la clef. La reconversion est lancée. De nouvelles études sur l'aménagement seront lancées en 2016 par Toulouse Métropole", annonce Pascal Mailhos, le Préfet de Midi-Pyrénées.

"En drone et en robotique, nous avons une situation modeste, mais ce sont des opportunités que nous aurions tord de ne pas saisir. Cette étude est peut-être le début d'une prise de consciences des autorités et des acteurs, espère pour sa part Jean-Luc Moudenc, le président LR de Toulouse Métropole. Si nous gardons cet esprit collaboratif, nous pouvons avancer malgré nos différences, notamment politiques."

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