Les pistes du Ceser pour booster l'Oncopole de Toulouse

Le Ceser Midi-Pyrénées vient de publier un projet d'avis où il dresse les forces et les faiblesses du pôle cancer, un an après son lancement. Le Conseil préconise notamment une gouvernance unique et une meilleure organisation de la communication, afin de donner plus de visibilité au site sur la scène mondiale. Le Ceser se montre également vigilant face l'instabilité provoquée par la restructuration des Laboratoires Pierre Fabre et le départ de Sanofi.
L'Oncopole de Toulouse.

C'était il y a un peu plus d'un an. Le 10 octobre 2014, le Premier Ministre, Manuel Valls inaugurait à Toulouse l'Oncopole, 10 ans après l'annonce de ce projet par le maire de Toulouse de l'époque, Philippe Douste-Blazy. Construit sur le site hautement symbolique de l'explosion de l'usine AZF en 2001, l'Oncopole rassemble sur 220 hectares un centre de soin avec l'Institut Universitaire du Cancer, des partenaires industriels tels que les laboratoires Pierre Fabre et Sanofi et enfin le Centre de Recherches en Cancérologie. Objectif :  devenir l'un des fleurons de la recherche contre le cancer en Europe, dynamiser la filière santé régionale et sortir du "tout aéro".

Un an après cette inauguration, le Conseil économique, social et environnemental de Midi-Pyrénées (Ceser) a publié le 16 octobre dernier, un projet d'avis intitulé La vocation internationale de l'Oncopole de Toulouse où il dresse les forces et les faiblesses de l'équipement, ainsi que que toute une série de préconisations. Principal objectif : rendre visible l'Oncopole sur la scène nationale, européenne et mondiale.

Améliorer la visibilité et l'hospitalité du site

Le texte, dont le rapporteur général est Dominique Michez, ancien directeur de l'hôpital de Rangueil à Toulouse, note l'insuffisante notoriété au plan national européen et international des résultats de recherche toulousains sur le cancer, et le manque de visibilité des synergies avec les entreprises des partenariats extérieurs. Il y aurait une insuffisance de" faire-savoir" par rapport au "savoir-faire":

"La marque Oncopole est relativement récente et la visibilité internationale ne se décrète pas, fait remarquer Marielle Gaudois, l'une des rapporteures du projet (et par ailleurs secrétaire générale de l'association Bio Médical Alliance).

Il a fallu 10 années pour réussir la construction des bâtiments, les 10 prochaines années devront être dédiées au développement du site. L'Oncopole doit devenir un véritable lieu de vie".

Ainsi, le Ceser recommande la tenue régulières d'événements scientifiques (conférences, colloques, congrès) à l'image du Toulouse Oncology Week, semaine dédiée à la lutte contre le cancer prévue en février 2016. "L'enjeu à terme est de pouvoir accueillir un congrès de 4 000 à 5 000 personnes comme cela se fait dans les grandes réunions médicales", indique le rapport.

Autre enjeu : la fusion des régions. Pour Marielle Gaudois, le rapprochement de Midi-Pyrénées et de Languedoc-Roussillon est une chance et donnera lieu à la naissance "d'une grande région de santé égale à la Catalogne". Néanmoins, des craintes existent. Le rapport pointe "le risque de ne pas saisir les opportunités de synergies avec Montpellier".

Pour gagner en visibilité, le Ceser estime également que "la marque Oncopole" doit gagner en lisibilité. Il préconise la mise en place d'une gouvernance unique grâce à une "convergence" entre l'IUTC et la fondation Toulouse Cancer Santé.

"Ce rapprochement entre une unité scientifique et une entité financière pourrait donner du sens supplémentaire au projet et notamment constituer une voie fructueuse pour dépasser les difficultés liées à la présence de plusieurs conseils scientifiques".

Selon les auteurs du projet, le site doit aussi améliorer "son hospitalité". Le Ceser conseille la création "d'un dispositif d'accueil qui serait l'interlocuteur pour régler toutes les questions liées à l'installation des chercheurs", de créer davantage d'événements culturels ou résidences artistiques. Le conseil préconise aussi un meilleur accès au site avec notamment un accès par la rocade, une liaison vers l'aéroport et le développement de moyens de transports doux.

 Une meilleure synergie avec les industriels

Au niveau industriel, le rapport pointe une défaillance :

"Les grands groupes industriels constituent l'un des 3 piliers sur lesquels est fondé le projet de l'Onopole. les groupes Pierre Fabre et Sanofi s'étaient engagés au départ du projet à installer des équipes sur le site. Le Ceser tient à souligner que les grands groupes présents sur l'Oncopole  ont brouillé les pistes, créé le doute et affaibli le développement du site en modifiant l'un et l'autre la configuration de leur plateforme techniques".

Le rapport fait allusion au départ de Sanofi (remplacé par Evotec) et au plan de restructuration en cours chez les Laboratoires Pierre Fabre.

"Mais ces troubles sont dans le rétroviseur, nuance Marielle Gaudois. Craig Johnstone, directeur général Evotec France a annoncé en avril dernier le transfert de 220 chercheurs sur Toulouse. Cette consolidation va attirer de nouveau les chercheurs. Déjà, certains Français reviennent des États-Unis".

L'enjeu pour l'Oncopole est de réunir "une masse critique de recherche indispensable pour répondre aux appels à projets nationaux européens et pouvoir ainsi décrocher des financements supplémentaires pour se développer". À ce sujet, le Ceser note la difficultés pour les entreprises de candidater à ces appels à projet.

"Les dossiers notamment européens sont assez complexes à monter et difficiles d'accès pour les plus petites entreprises. Or, ce sont justement parmi ces startups biotech que l'on trouve de véritables pépites. La Région soutient déjà ces jeunes sociétés mais elle doit aussi les aider dans le montage des appels à projets", poursuit Marielle Gaudois.

Le Ceser se dit également favorable à la création d'une chaire d'entreprises autour de la question de l'après-cancer et des difficultés de réinsertion rencontrées par les patients en lien avec la fondation Toulouse Cancer Santé.

La protonthérapie, un atout de développement pour l'Oncopole

Les auteurs du rapport se prononcent enfin pour l'implantation d'un centre de protonthérapie à Toulouse. Il rappelle "les points forts du dossier de Toulouse", à savoir : "les compétences en pédiatrie oncologique qui font des équipes toulousaines le principal centre référent de neuro-oncologie en France, l'organisation réglementaire de la radiothérapie interrégionale, dont Toulouse est centre pédiatrique référent pour Bordeaux et Montpellier, la visibilité nationale et internationale en radiothérapie et en neurologie, la présence d'un tissu industriel très fort" ou encore "l'existence de réseaux très actifs".

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