Des lignes de train Intercités pourraient disparaître en Midi-Pyrénées

Le député PS Philippe Duron a remis un rapport au gouvernement concernant l’avenir des trains Intercités et des trains de nuit. Infrastructures vieillissantes, déficit qui se creuse, la commission préconise la suppression de nombreuses lignes. En Midi-Pyrénées, plusieurs trajets sont concernés.
La gare Matabiau va-t-elle voir disparaître plusieurs trains Intercités ?
La gare Matabiau va-t-elle voir disparaître plusieurs trains Intercités ? (Crédits : Rémi Benoit)

Leur nom officiel : trains d'équilibre du territoire (TET). Mais les usagers de la SNCF les connaissent surtout sous le nom d'Intercités ou Corail. Conçus pour assurer les liaisons entre les villes moyennes et les métropoles, les trajets Intercités - gérés à parts égales par l'État et la SNCF - se sont profondément dégradés au fil des ans. Avec près de 100 000 passagers transportés chaque jour, leur part dans le trafic total ne cesse de décroître : - 15 % de fréquentation entre 2011 et 2013, là où celle des TGV et TER progresse, pour un déficit chiffré à 276 millions d'euros.

Le rapport rendu hier par la commission sur l' "Avenir des trains d'équilibre du territoire" présidée par le député PS Philippe Duron suggère une refonte en profondeur du réseau Intercité. En Midi-Pyrénées, plusieurs lignes pourraient ainsi disparaître, remplacées par des TER ou des trajets en autocar.

Trois lignes sur la sellette

La liaison Bordeaux-Nice passant par Toulouse pourrait ainsi devenir un Toulouse-Marseille. Plus aucun Intercité ne circulerait donc entre Bordeaux et Toulouse, un tronçon peu fréquenté en raison de la présence de lignes TGV et TER proposant des tarifs équivalents.

Toujours dans cette logique, la ligne Intercité reliant Toulouse à Cerbère (Pyrénées-Orientales) serait également supprimée au profit du TER.

Concernant la ligne Toulouse-Hendaye, les TER pourraient continuer à relier les petites gares, mais les déplacements plus directs entre les grandes agglomérations se feraient eux au moyen d'autocars. Le rapport pointe notamment la présence d'une "infrastructure autoroutière de très bonne qualité".

Des trains de nuit maintenus

Également pointés du doigt par le rapport en raison de leur coût et de leur manque de compétitivité, plusieurs trains de nuit pourraient disparaître. Parmi les douze trains au départ de Paris, quatre seraient maintenus, dont ceux à destination de Rodez (Aveyron), Toulouse et Latour-de-Carol (Pyrénées Orientales). La desserte Paris-Hendaye et Paris-Tarbes ne seraient donc plus d'actualité.

Des élus inquiets

Dans un communiqué, les élus régionaux d'Europe Écologie-Les Verts ont dénoncé des conclusions brutales dans ce rapport.

"Sacrifier les TET/Intercités, c'est supprimer la desserte de nombreuses gares, s'alarme Gérard Onesta, vice-président de la Région. C'est une nouvelle fois sacrifier les zones rurales au profit des grandes villes ! Nous ne pouvons raisonner que de manière comptable et rentable (...) C'est aussi pousser à l'usage de la voiture contre toutes les pratiques éco-citoyennes."

Colère partagée par le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc :

"Sur les cinq lignes Intercités menacées de fermer, deux concernent Toulouse !, dénonce-t-il. Toulouse, métropole européenne, se situe à un carrefour stratégique avec l'Espagne. Par ailleurs, le rapport préconise le remplacement de trains Intercités par des TER. C'est illusoire ! Ces liaisons n'ont pas du tout la même vocation : quand l'un permet une desserte affinée de la région (TER), l'autre permet de désenclaver les territoires (TET)."

De son côté, Martin Malvy s'est montré plus tempéré : "Le constat des sous-investissements ou de la vétusté du matériel ne sont pas contestables." Le président de la Région a notamment pris acte du besoin de doubler l'offre Intercités entre Toulouse et Marseille en proposant 6 à 12 allers retours par jour. "Ceci va dans le sens d'un renforcement de la liaison entre les deux métropoles de la future grande Région, Montpellier et Toulouse."

Mais d'autres points du rapport posent problème à l'élu :

"La proposition de supprimer la desserte Toulouse-Hendaye est très préoccupante. Cela signifierait que Midi-Pyrénées et Aquitaine devraient se substituer à l'État avec des TER. Il n'est pas question que les Régions se substituent à l'État ou alors il faut graver dans le marbre les compensations financières."

De nombreux débats risquent de s'engager sur l'avenir des trains Intercités. Le gouvernement présentera sa feuille de route d'ici à la fin du mois de juin après s'être concerté avec les régions.

En attendant, difficile de savoir à quoi ressemblera la nouvelle carte ferroviaire de Midi-Pyrénées. Il y a deux mois déjà, la commission chargée de l'enquête publique sur la construction de la ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse émettait un avis défavorable sur ce projet dont la mise en service n'aurait pas lieu avant 2024.

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