Le Sicoval veut créer un "village numérique", interview d'Amaury Mourcou

Arrivé il y a deux mois, en pleine polémique autour du prolongement de la ligne B du métro, Amaury Mourcou est le nouveau directeur du développement et de l'animation économique du Sicoval. Il évoque son parcours et détaille les projets de la communauté de communes du sud-est toulousain, qui fait du numérique une priorité. Interview.
Amaury Mourcou est le nouveau directeur du développement et de l'animation économique du Sicoval

Vous avez pris vos fonctions début février au sein du Sicoval. Quel est votre parcours ?
Je suis originaire de Lille. J'y ai fait un IUT Tech de co et un IUP de marketing en alternance chez Leroy Merlin. Je suis resté 8 ans au sein de cette entreprise, avec plusieurs missions, comme les ouvertures de magasins à l'étranger par exemple. J'ai alors demandé un congé individuel de formation et j'ai intégré le Centre d'études et de formation des assistants techniques du commerce des services et du tourisme (Cefac) avant d'être recruté par la CCI de Chambery en 2000. J'étais assistant technique au commerce pendant 3 ans. J'ai ensuite rejoint la commune d'Aix-les-Bains pour travailler dans le développement économique. Voilà comment je suis entré dans les collectivités territoriales.

Pourquoi avoir choisi de rejoindre le Sicoval ?
Je n'ai jamais passé les concours de la fonction publique, je suis resté contractuel. Cela m'a permis de multiplier les expériences. J'ai travaillé pour Annemasse, pour Oyonnax et j'ai passé les quatre dernières années à Saint-Nazaire en tant que directeur adjoint à l'Économie et à l'emploi. J'étais donc chargé des dossiers d'industrie lourde : les chantiers navals, Airbus, le retour d'Alstom. J'avais envie de changer, de retrouver un peu de soleil également, et l'offre du Sicoval était attractive pour plusieurs raisons. C'est un territoire innovant, très en amont sur la R&D, avec des filières à très haute valeur ajoutée, ce que je n'avais connu. C'était une importante source de motivation. Et l'agglomération toulousaine a une image de territoire toujours en mouvement, avec une chaîne de valeur intéressante : étudiants, R&D, innovation, start-up.

Vous mentionnez l'innovation et le numérique. Dans ce domaine, le Sicoval, avec Toulouse Métropole, a obtenu le label French Tech. Comment avance ce dossier ?
Il faut rester sur ce duo entre la Métropole et le Sicoval. Dans mon équipe, je vais avoir un chef de projet numérique, en transversalité, avec un volet French Tech très important. Le Sicoval compte environ 30 % des entreprises labellisées French Tech et nous allons essayer de les structurer un peu plus. Aujourd'hui, nous avons la chance d'avoir la Tic Valley avec le vaisseau amiral Sigfox et nous voulons spécialiser le territoire sur les objets connectés, avec des filières cibles : l'aéronautique, la silver économie et au-delà la santé, et les agrobiochaînes. Voilà comment nous concevons la French Tech. Notre ambition est de créer un village numérique. Le Sicoval est en cours de rachat des 13 hectares de Sanofi, accolés à la Tic Valley. L'objectif est d'y implanter le siège social de Sigfox et de déployer un véritable écosystème des objets connectés autour. Sur ce dossier de la French Tech, on échange avec Toulouse Métropole. L'objectif est de créer les conditions idéales pour l'implantation des entreprises sur l'agglomération toulousaine. C'est le territoire qui gagne et la French Tech doit être une porte d'entrée pour travailler ensemble. Il faut tout faire pour que Toulouse, au sens large, soit leader.

La Tic Valley souhaite s'agrandir. Cela fait-il partie de votre futur campus ?
Aujourd'hui, la Tic Valley est une pièce essentielle de la filière numérique. La réflexion du Sicoval est de prendre en gestion la Passerelle, le Camping. Charge aux différents clusters ou acteurs d'animer les lieux. L'idée est de densifier la Tic Valley telle qu'elle est aujourd'hui. Nous espérons signer avant l'été pour les terrains de Sanofi pour développer ce campus. L'objectif est également de se pencher sur un volet production et d'attirer des entreprises. Nous travaillons déjà avec la Tic Valley, Digital Place, Sigfox pour avoir leur ressenti et connaître leurs attentes. La vraie plus-value d'une agglomération est de maîtriser ses loyers, ses locaux.

Le PLB est aussi un vecteur important de développement économique. Vous êtes arrivé en pleine polémique entre le Sicoval et Toulouse Métropole. Quel est votre point de vue, sur le plan économique ?
Le PLB est essentiel aujourd'hui. Il y a un vrai problème d'accessibilité et de mobilité sur le Sicoval. Sur les 35 000 personnes qui travaillent chaque jour sur notre territoire, 20 000 viennent de Toulouse. Les entreprises d'Innopole attendent le PLB. L'arrivée du métro doit permettre de structurer la filière numérique, de proposer une nouvelle offre tertiaire, de poursuivre notre politique de mixité commerce / habitat sur le quartier Innopole. La filière numérique recrute beaucoup dans la génération Y et Z, qui aime vivre en centre-ville et l'absence de transports en commun peut être un frein. Une enquête publique est en cours. Un projet qui a passé toutes les étapes administratives et qui est financé, il faut le faire. Ce qui n'empêche pas de réfléchir à la desserte de Blagnac et Colomiers.

Vous parlez beaucoup du numérique. Quels sont les autres secteurs que vous avez identifiés sur le Sicoval ?
Nous sommes un territoire qui attire, sans forcément faire de prospection. C'est une chance, mais il faut se structurer. Nous avons aussi une belle filière santé, avec Prologue Biotech notamment. Le Sicoval a également un petit tissu de sous-traitants aéronautique et espace. Aujourd'hui, la question est de savoir si on le laisse se développer par lui-même ou si l'on met un coup d'accélérateur. Enfin, il y a la filière agricole, les agrochaînes, avec l'Inra, le pôle Agri Sud-Ouest Innovation, qui est très performant, avec un très bon modèle économique. Nous voulons travailler tous ces dossiers en lien avec le numérique.

Comment percevez-vous l'économie toulousaine ?
Aujourd'hui, Toulouse a la chance d'être une terre innovante, attractive. C'est un territoire qui a énormément d'atouts mais peut-être faudrait-il davantage travailler ensemble, chasser en meute. J'aime beaucoup le marketing territorial et l'idée de raconter une histoire autour d'un territoire. C'est une piste à explorer.
Sur le Sicoval, il faut que l'on se concentre sur des projets ambitieux, peu nombreux, des filières cibles. Nous étions peut-être un peu trop dispersés auparavant. L'objectif est que les start-up qui naissent sur notre territoire trouvent leur premier marché dans les marchés publics.

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