Fusion Midi-Pyrénées / Languedoc-Roussillon : quel avenir pour les relations économiques avec l’Aquitaine ?

La décision d'unir, au 1er janvier 2016, les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon n’a pas fait que des heureux. Certains acteurs économiques midi-pyrénéens plaidaient plutôt pour un rapprochement avec la région Aquitaine. Mais, désormais, les territoires toulousain et bordelais vont devoir s’adapter pour poursuivre leur collaboration.
Les relations de business avec Bordeaux ont vocation à perdurer

Pour beaucoup, fusionner Midi-Pyrénées et Aquitaine sonnait comme une évidence. Aussi, lorsque le choix du gouvernement s'est porté sur un rapprochement avec Languedoc-Roussillon, certains acteurs politiques, à l'image de Martin Malvy, président du Conseil régional de Midi-Pyrénées, ont regretté que les collaborations avec ce territoire voisin "ne soient pas aussi développées qu'avec l'Aquitaine". De son côté, Alain Di Crescenzo, président de la CCI de Toulouse, était, comme il le rappelle aujourd'hui, "partisan d'une grande région qui aurait englobé à la fois Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et Aquitaine". Et l'élu consulaire d'argumenter : "Cela aurait permis de pérenniser les investissements et les projets menés conjointement." Philippe Robardey, président du Medef Midi-Pyrénées, était lui aussi initialement favorable à la création d'un vaste ensemble intégrant les trois régions du Sud-Ouest. "Mais nous aurions sans doute été très 'gros', reconnait-il. Cela inquiétait probablement l'État, ainsi que d'autres régions de France compétitrices." L'analyse est partagée par Agnès Paillard, présidente du pôle de compétitivité Aerospace Valley, qui rassemble les acteurs de l'aéronautique et du spatial des deux régions.

"Pour nous, il est clair qu'il aurait été beaucoup plus intéressant de regrouper Midi-Pyrénées et Aquitaine, estime-t-elle. Mais c'est une question d'équilibre. Ce sont deux grandes régions. Regroupées, elles auraient peut-être eu un poids trop important."

De son côté, Philippe Robardey ironise : "Cette décision a été prise par une assemblée qui n'est pas reconnue pour sa performance économique..." Jean-Louis Chauzy, président du Ceser Midi-Pyrénées, développe sa propre théorie quant au choix politique qui a été fait : "Avec Aquitaine, nous coopérons sur beaucoup de sujets, mais nous sommes également en compétition. Avec Toulouse et Bordeaux, qui aurait pu départager les capitales régionales ? En se rapprochant de Languedoc-Roussillon, les choses sont différentes. Avec eux, nous sommes davantage en complémentarité qu'en compétition."

"Le lien ne va pas disparaître"

Désormais, la décision est actée. Pas question de revenir en arrière. Midi-Pyrénées et Aquitaine ne formeront pas une région unique. Pour autant, les relations économiques tissées entre les deux territoires du Sud-Ouest ne sont pas destinées à disparaître. Bien au contraire. Ainsi, les puissants pôles de compétitivité transrégionaux Aerospace Valley et Agri Sud-Ouest Innovation devraient poursuivre leur collaboration.

"Car notre territoire, celui de l'économie et de l'entreprise, n'est pas la circonscription", martèle Philippe Robardey.

Agnès Paillard confirme. "Nous n'avons pas vocation à interférer dans les discussions politiques, assure-t-elle. Entre Midi-Pyrénées et Aquitaine, les liens sont importants. Dans l'aéronautique et le spatial, bien entendu, mais pas seulement. Ces deux régions sont tournées l'une vers l'autre. Elles ont une identité commune. Une identité forte. Le Sud-Ouest, c'est évident. J'espère que ce lien ne va pas disparaître, qu'on ne tournera pas le dos à tout ce qui n'est pas Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Mais ce n'est pas le message que nos partenaires nous envoient."

En revanche, la présidente d'Aerospace Valley le concède, "au niveau de l'aéronautique et du spatial, je ne sais pas ce que nous allons pouvoir raccrocher avec Languedoc-Roussillon".

Une piste, cependant : "Nous allons regarder ce que les acteurs du secteur peuvent disséminer comme technologies dans d'autres filières, comme l'eau, l'énergie, le transport ou la santé, par exemple. Mais je ne suis pas certaine que l'on étende physiquement le périmètre de notre pôle de compétitivité. Car l'effet cluster ne prend en effet sens que si les gens se croisent."

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