
"Notre économie a connu un choc majeur en 2020, en raison de la crise sanitaire, et celui-ci a été plus durement ressenti dans notre région Occitanie", rappelle Stéphane Latouche, le directeur régional de la Banque de France, sans "vouloir tourner autour du pot" face à ce constat intégré par tous. Désormais, place à 2021 ! Sera-t-elle l'année de la vigilance ? De la paralysie de ses acteurs économiques ? De la relance ou encore de l'investissement ?
Pour tenter de dresser les perspectives sur les mois à venir, l'antenne régionale de l'établissement financier a interrogé, entre la mi-décembre et la mi-janvier, pas moins de 2.200 entreprises, employant 212.000 personnes, pour un chiffre d'affaires de 42 milliards d'euros. Étant donné qu'une récente étude de la Banque de France a bel et bien démontré que l'aéronautique tire vers le bas l'économie régionale en ces temps troublés, la tenue de ce secteur est donc un marqueur important pour déterminer les perpectives de l'année 2021 en l'Occitanie.
Après avoir perdu -33% de chiffre d'affaires en 2020 par rapport à l'année précédente, l'industrie aéronautique table sur des prévisions à +11% d'activité en 2021, selon ses dirigeants. Un signe de reprise donc, mais bien loin d'être suffisant pour combler les pertes. Néanmoins, dans la filière, les investissements (hors Airbus) doivent repartir à la hausse en 2021 (+25%), après avoir diminué des deux tiers l'année précédente. "Ce sont les premiers effets du plan de relance aéronautique", commente sobrement Stéphane Latouche. D'ailleurs, les investissements productifs retrouveront aussi un chemin de hausse à +5% dans le BTP, en 2021, contrairement aux services, impactés lourdement par la crise dans l'aéronautique, où ils diminueront encore de -9%.
Infographie produite par la Banque de France.
Année 2021, année de la reprise...
Toujours dans l'industrie, les acteurs de l'équipement informatique et électronique, subissent eux aussi leur omniprésence dans l'aéronautique. Après avoir connu un recul d'activités de -13% en 2020, il s'attendent à un rebond de +7% en 2021, tout comme la métallurgie (-21% vs +9%). Quant à l'industrie agroalimentaire, une filière importante en matière d'emplois en Occitanie, celle-ci va connaître une croissance de son chiffre d'affaires de +3% cette année après une stabilisation en 2020.
Infographie produite par la Banque de France.
Dans son ensemble, l'industrie d'Occitanie doit connaître un rebond selon ses protagonistes (+7% en 2021), après le coup de boutoir de 2020 (-16%). Une tendance similaire à ce que doit connaître l'activité régionale des services ( -11% vs +7%). Là encore, difficile de ne pas constater la paralysie du secteur aéronautique qui entraîne avec lui l'ingénierie (-17% vs contre une prévision 2021 à +5%), tout comme l'informatique (-11 vs +4%). Enfin, du côté de l'hôtellerie et de la restauration, la filière, selon les données récoltées par la Banque de France mise sur un chiffre d'affaires en hausse de 33% en 2021, après une dégringolade à -45%.
Pour être complet, la filière du BTP, inquiète pour son activité au premier semestre, devrait retrouver quasiment son niveau d'activité d'avant crise, avec des prévisions de croissance à +6% sur l'année en cours.
...Mais pas de l'emploi
Une situation qui permet à cette branche de préserver l'emploi salarié en 2021, avec des prévisions d'embauches supérieures à 2% au niveau de 2020, année où les effectifs ont diminué de 4%. Seulement, cette diminution a été totalement absorbée par l'emploi intérimaire, grand perdant de la Covid-19. Le constat est identique pour les services marchands, où c'est encore une fois l'emploi intérimaire qui a globalement servi de variable d'ajustement, l'emploi salarié étant notamment protégé par le dispositif de chômage partiel. A contrario, l'hémorragie sociale va se poursuivre dans l'industrie régionale. Après avoir connu une baisse de ses effectifs de -6% en 2020, dont 77% ont été comblés par le poids de l'intérim, les dirigeants sur un -2% en matière d'effectifs sur 2021. Cette diminution est surtout causée, sans surprise par la filière aéronautique, qui va encore perdre 8% de ses équipes en Occitanie après les -12% de 2020.
Infographie produite par la Banque de France.
"L'activité partielle de longue durée est une réponse qui permet de tasser la réduction des effectifs dans la filière aéronautique, mais nous ne pouvons exclure d'autres mesures à court terme comme des PSE. L'Association internationale du transport aérien (IATA) s'attend à un retour d'activité d'avant crise pas avant 2024 voire 2025", analyse en conclusion le directeur régional de la Banque de France.
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