Tourisme de masse : comment mieux répartir les voyageurs en Haute-Garonne ?

Véritable fléau, le tourisme de masse rend la vie dure aux résidents. Si à Venise, Paris ou Barcelone le phénomène est déjà fortement dénoncé, Toulouse n'est pas en reste. 5,4 millions de touristes se sont rendus dans la Ville rose en 2018, délaissant ainsi le reste du département qui en aurait pourtant bien besoin. Mais, comment lutter contre ce problème ? Éléments de réponse avec plusieurs acteurs du tourisme.
Toulouse a attiré 5,4 millions de touristes en 2018.

Le Capitole, le Muséum d'histoire naturelle, la Cité de l'espace, la basilique Saint-Sernin... Toulouse regorge de lieux plus touristiques les uns que les autres. Et la ville attire. Près de 5,4 millions de visiteurs ont été accueillis dans la métropole toulousaine en 2018. La Haute-Garonne, elle, reçoit presque autant de touristes par an, métropole comprise. Les chiffres sont sans équivoque. La ville de Toulouse concentre presque à elle seule l'intégralité de l'activité touristique du département. À l'occasion de la Mêlée numérique organisée récemment à Toulouse, le Sicoval n'a pas émis de doute quant au fait que la Ville rose fait de l'ombre au reste du département.

"Dans le département, nous avons le canal du Midi, des montagnes, de la campagne, des villes, une diversité de territoires qui fait sa richesse. Pourtant, en dehors de Toulouse, le territoire n'est pas très touristique. Le Lauragais est juste à côté, simple d'accès mais les touristes n'y vont pas", remarque Sophie Garnier, membre du Sicoval, qui représente 36 communes et 80 000 habitants.

Même constat pour Floriane Barreau, directrice du château de Drudas, situé à 45 kilomètres de Toulouse : "Nous sommes totalement occultés par Toulouse, cela a été difficile pour nous d'attirer des gens". En plus, de léser les autres lieux touristiques du département, la concentration touristique dans la ville de Toulouse est de plus en plus importante.

"Il y a une surfréquentation des sites touristiques principaux aujourd'hui. Nous avons confondu sectorisation du tourisme et démocratisation du tourisme. Il y a trop de monde à un endroit et pas assez ailleurs", avance Thierry Chevallier, fondateur d'Osmuse, plateforme d'open data pour le tourisme culturel.

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Le digital : la solution face au manque de fréquentation ?

Pour tenter d'attirer, les acteurs du tourisme doivent ruser d'inventivité. Certains ont ainsi misé sur le numérique. Le Sicoval, par exemple, qui a obtenu la compétence tourisme il y a un an et demi, a créé l'application Coco. Cette dernière est un chatbot qui permet à ses usagers d'avoir de l'information en temps réel sur les différentes visites et activités à faire dans le Lauragais. Même si l'application, mise en service au printemps, ne comptabilise que 300 téléchargements, la membre du Sicoval est confiante.

"Nous voulons faire en sorte que les habitants du Sicoval apprennent à mieux connaître leur territoire de vie. Ils doivent en devenir les ambassadeurs pour attirer et c'est ce que va faire Coco", espère-t-elle.

De son côté, le château de Drudas n'a pas non plus délaissé le numérique. "En travaillant sur le référencement pour faire en sorte d'apparaître en première page des restaurants dans le secteur et en ayant des avis nous avons réussi à attirer une clientèle internationale et des Toulousains aussi", explique la directrice du château de Drudas qui comprend un restaurant en son enceinte.

90% des Français restent connectés durant leurs vacances

Capter les voyageurs vers des lieux est une chose, mais comment faire en sorte que les voyageurs ne se rendent pas tous au même endroit ? Pour Thierry Chevallier, aussi créateur du guide culturel numérique, Muse du voyage, il faut proposer des alternatives de visites pour diriger les touristes vers des lieux moins fréquentés.

"Les solutions traditionnelles pour lutter contre le surtourisme sont trop restrictives : réduction du parc locatif, limitation du nombre de visiteurs par jour... Ce sont des réponses qui amènent de la frustration chez le touriste contrairement aux solutions numériques que nous apportons. Le digital a un réel pouvoir pour conduire les visiteurs des sites touristiques très prisés vers des lieux moins connus. Nous avons des algorithmes qui identifient les liens culturels entre les différents lieux touristiques. Ainsi, nous allons pouvoir guider les gens vers des sites qu'ils ne connaissent pas en lien avec des choses qu'ils aiment", expose-t-il.

Compte tenu du fait que 90% des Français restent connectés durant leurs vacances. Orange a vu l'opportunité de se servir des nombreuses données mobiles à sa disposition pour analyser la fréquentation de territoires et le déplacement des populations. L'opérateur mobile a ainsi créé Flux Vision et l'a mis à disposition des acteurs locaux et touristiques pour observer le comportement des voyageurs.

"Grâce à notre dispositif, nous permettons aux collectivités d'adapter leur communication envers les touristes. En effet, nous pouvons connaître l'âge, le sexe et la catégorie socioprofessionnelle de la personne. Il est aussi possible de savoir, sur une journée, le nombre de personnes présentes dans une zone et leur provenance", détaille Cécile Demont représentante de Orange.

Pour autant, l'efficacité de ces dispositifs n'est pas encore quantifiable. Il reste donc du travail à faire avant de trouver une solution au tourisme de masse.

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