Coopek, Sol Violette : le pari des monnaies complémentaires en Occitanie

La coopérative tarnaise Coopek vient de lancer une monnaie numérique valable sur tout le territoire national pour lutter contre la spéculation et financer des projets de transition énergétique. Cinq ans après sa création, la monnaie toulousaine Sol Violette compte de son côté plus de 2 500 utilisateurs.
Coopek est une monnaie numérique valable sur tout le territoire national pour lutter contre la spéculation.

"Vous voulez sortir de l'euro ? passez au Coopek !", lance un brin provocateur Jean-Pierre Pailhol, directeur de la Mutuelle du Rempart. L'organisme accueillait le lancement ce vendredi 28 octobre d'une nouvelle monnaie complémentaire tarnaise, le Coopek (pour coopérative, écologique, équitable). Sans commission, ni intérêt, elle se veut non spéculative afin que "la monnaie redevienne un moyen de financer l'économie réelle, générer du PIB et de l'emploi en local et éviter la délocalisation des entreprises".

Elle n'est utilisable que sur le territoire national et les transferts d'argent se font uniquement de manière numérique par le biais d'une carte sans contact. Cette dernière est utilisable auprès d'un réseau de partenaires parmi lesquels figurent les Biocoop, Enercoop Midi-Pyrénées ou Organic'Vallée. "La monnaie Coopek est un outil de consommation mais également un outil de financement. Les entreprises adhérentes peuvent réaliser entre elles des crédits à taux zéro", explique Gérard Poujade, cofondateur de la monnaie et maire du Séquestre (Tarn).

Pour souscrire au service, un particulier devra devenir sociétaire de la coopérative pour 50 euros (100 euros pour une association ou une entreprise) et s'acquitter d'un abonnement annuel pour les frais de gestion de 20 euros (et 50 euros pour un professionnel). En échangeant ses euros en Coopek, l'utilisateur gagne en quelque sorte des points de fidélité qui lui permettent de reverser 5 % de la somme échangée à destination d'associations à but non lucratif.

2 500 utilisateurs et 220 prestataires pour le Sol-Violette

À l'image de Coopek, les projets de monnaies complémentaires se multiplient. "Il existe 45 monnaies locales en France et deux fois plus sont en projet", éclaire Camille Pascual, coordinatrice opérationnelle du Sol Violette.

Cinq ans après sa création, la monnaie toulousaine est la deuxième monnaie locale de France avec l'équivalent de plus de 50 000 euros en circulation à l'heure actuelle. Elle compte 2 500 adhérents au sein de la métropole toulousaine (750 000 habitants) qui peuvent utiliser les billets Sol auprès d'un réseau de 220 prestataires comme les Biocoops, des artisans et deux théâtres. "Le profil des adhérents est varié : nous avons beaucoup d'étudiants, de lycéens, le réseau militant mais aussi des personnes précaires via notre partenariat avec les maisons de chômeurs de la ville. Nous essayons aussi depuis quelques années de nous diversifier auprès des comités d'entreprises", poursuit-elle.

L'accès au service est de 5 euros l'année pour les particuliers et 20 euros pour les prestataires. Les Sol ont la particularité de perdre 3 % de leur valeur s'ils ne sont pas utilisés dans les trois mois, un choix pour encourager la circulation de monnaie qui peut s'avérer contraignant. Autre contrainte, le Sol violette est disponible pour le moment uniquement sous forme de billets mais le tir sera rectifié courant 2017 avec le lancement d'une carte à puces pour permettre les transferts numériques.

Coopek vise 50 000 particuliers d'ici 2020

Chez Coopek, on a décidé d'opter directement pour une monnaie 100 % numérique. "C'était la seule solution pour accorder des crédits inter-entreprises", souligne Gérard Poujade. Plutôt que la monnaie Sol, les fondateurs de Coopek prennent pour exemple la banque Wir en Suisse qui permet des transferts d'argent entre 60 000 PME. À l'inverse, ils fustigent le Bitcoin, la crypto-monnaie dont le cours connaît d'importantes fluctuations du fait de la spéculation. Chez Coopek, comme au Sol-Violette, 1 euro équivaut de manière permanente à une unité de monnaie (Sol ou Coopek). Les deux monnaies mettent en avant la visibilité que permet la monnaie auprès des commerçants locaux. "Selon plusieurs études, les entreprises réalisent entre 3 à 8 % de chiffre d'affaires en plus grâce aux monnaies complémentaires", assure Gérard Poujade.

Coopek se différencie des monnaies locales par sa zone de couverture. Sol-Violette a choisi par exemple de n'être utilisable que dans la métropole toulousaine pour privilégier le tissu économique local. À l'inverse, Coopek veut s'étendre sur toute la France puisque "80 % des achats des entreprises de négoce ne sont pas locaux". La coopérative tarnaise compte pour le moment 120 adhérents (particuliers et partenaires) et table sur 50 000 utilisateurs particuliers et 15 000 entreprises d'ici 2020.

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