À Toulouse, Michel Barnier s'offre un plaidoyer pour l'Europe à destination des entrepreneurs

Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur et aux services, était à Toulouse ce vendredi 12 octobre. Invité par la CCI Midi-Pyrénées, l'ancien ministre a répondu aux interrogations que se posent les entrepreneurs de Midi-Pyrénées, notamment concernant l'excès de réglementations ou l'absence d'harmonisation au niveau européen.
Didier Gardinal, président de la CCI Midi-Pyrénées, Michel Barnier, commissaire européen chargé du marché intérieur, et Michel Bossi, président de la CCI du Tarn, en charge des questions européennes à la CCI Midi-Pyrénées

« C'est d'abord pour moi l'occasion de montrer que Bruxelles a un visage », a plaisanté Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur et aux services. « Et ce visage n'est pas celui d'un technocrate apatride, c'est celui d'un homme politique qui travaille à l'intérêt général européen. »

Invité par la Chambre de commerce et d'industrie de Midi-Pyrénées, Michel Barnier était à Toulouse ce vendredi 12 octobre. Il a notamment répondu aux questions que se posent les chefs d'entreprises, en particulier concernant les réglementations européennes responsables pour beaucoup « d'un manque de compétitivité de leur entreprise » dans une concurrence internationale.

Au préalable, le commissaire européen a explicité ses missions devant plus d'une centaine d'entrepreneurs. « Nous sommes chargés de remettre de l'ordre, de la transparence et de la morale dans les marchés financiers. C'est la leçon de la crise : que les marchés financiers retravaillent au service de l'économie, des entreprises et des territoires plutôt qu'à leur propre service. En ce qui concerne l'économie réelle, notre mission est de créer l'écosystème, le cadre réglementaire et législatif le plus favorable aux PME et aux consommateurs. »

Complexité des réglementations, absence d'harmonisation...
Dans un plaidoyer pour l'Europe, Michel Barnier a rappelé que l'UE était un marché de 22 millions d'entreprises et 500 millions de consommateurs. « C'est pour cette raison que nous sommes encore respectés par la Chine, l'Inde ou la Russie. Le seul moyen de résister est d'être européen », a-t-il ajouté.

L'Europe. C'est justement sur ce sujet que se portaient un grand nombre d'interrogations de la part des chefs d'entreprise de Midi-Pyrénées. Une enquête menée par la CCIR, lancée en avril-mai 2012 auprès des PME de la région Midi-Pyrénées, révélait que 43 % des chefs d'entreprises jugeaient que la complexité des procédures était un frein dans la candidature aux appels d'offres de marchés publics européens et 56 % indiquaient que le coût du travail était un frein par rapport aux concurrents européens.

Disqualifiés d'entrée de jeu
Des revendications exprimées directement lors d'un échange entre Michel Barnier et plusieurs chefs d'entreprises : Ab7 Industries, Phodé, Nataïs, Bennes JPM, Planicook ou Mecanumeric. « Lorsqu'on fabrique des produits pour le grand export (hors Europe), nous sommes disqualifiés d'entrée de jeu », interpelle Daniel Eclache, fondateur de la société Phodé, une PME tarnaise spécialisée dans la recherche et la production d'additifs olfactifs pour l'alimentation.

Daniel Eclache met en cause le manque de compétitivité de son entreprise à cause des réglementations européennes. « C'est assassin de la part de la commission européenne, renchérit-il. Ce qu'on exige de nos entreprises ne s'applique pas à la concurrence étrangère. » « C'est pour cela que les Européens doivent se battre pour imposer la réciprocité auprès d'institutions comme l'OMC », a alors répondu Michel Barnier.

Aux critiques concernant l'absence d'harmonisation entre les États européens sur les réglementations européennes, Michel Barnier a rappelé qu'un État membre avait la liberté d'appliquer un texte européen de manière plus rigoureuse. « C'est sa liberté, précise l'ancien ministre français. En revanche, si vous estimez qu'un État membre ne respecte pas une réglementation, une procédure d'infraction peut alors être engagée. La Commission a le pouvoir d'enquêter et de sanctionner un État membre ».

De nombreux élus présents
Plusieurs élus étaient présents lors de cette rencontre, notamment Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées, Gérard Onesta, ancien vice-président du Parlement européen et actuel vice-président du Conseil régional, Alain Chatillon, sénateur et chef d'entreprise, Christine de Veyrac, députée européenne, Bernard Keller, maire de Blagnac et vice-président de Toulouse Métropole, et Didier Cujives, président de Midi-Pyrénées Europe.

« Les chefs d'entreprises savent bien que ce n'est pas la France toute seule qui va conquérir le monde aujourd'hui, répondait en aparté Martin Malvy, président de la Région. Si on veut se battre économiquement, il faut s'appuyer sur le socle européen. Le problème majeur en Europe est que nos règles fiscales ne sont pas harmonisées et qu'il n'y a pas de démarche vers une harmonisation sociale ».

« Protéger Laguiole »
À la fin des échanges avec les chefs d'entreprise, Michel Barnier a répondu aux questions des journalistes lors d'un point presse. Il a notamment regretté l'échec de la fusion entre EADS et BAE Systems. « C'est une occasion manquée, s'est exprimé le commissaire européen. Cependant, la vision exprimée par Tom Enders reste juste : celle de créer au niveau européen des groupes puissants pour compter dans le monde ».

Sylvia Pinel, ministre de l'Artisanat, du commerce et du tourisme, avait annoncé à Laguiole être favorable à l'élaboration d'un texte européen pour protéger les savoir-faire locaux. « Je serais heureux qu'elle soutienne l'initiative que j'ai annoncée, a répondu Michel Barnier. Il s'agit d'une labellisation, un indicateur géographique de provenance qui existe déjà dans l'agriculture pour protéger un savoir-faire industriel ancré dans un territoire. Il faut protéger Laguiole contre le vol. La contrefaçon provoque la destruction de centaines de milliers d'emplois en Europe ».

Hugues-Olivier Dumez

©Photo HOD

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