Procès AZF : s'estimant "injuriés", les avocats de la défense absents à l'audience

Le procès en appel de la catastrophe d'AZF a entamé sa dernière semaine d'audience, les débats devant prendre fin lundi 28 février avec l'audition d'un dernier témoin. Les avocats de la défense, se sentant insultés par un geste d'un magistrat de la Cour, ont demandé sa révocation et protesté ce mardi en pratiquant la politique de la chaise vide.

Des robes posées sur les tables... et personne pour les porter. Les avocats de la défense étaient absents ce mardi à 14h à l'ouverture de l'audience, tout comme le directeur de l'usine Serge Biechlin et Grande Paroisse (propriétaire du site, filiale du groupe Total), poursuivis pour homicides involontaires et destructions de biens, et qui avaient demandé à être dispensés de séance. En pratiquant la politique de la chaise vide, ces avocats entendaient manifester leur colère après un incident s'étant déroulé jeudi dernier. La défense venait alors de protester contre le report au 8 mars du réquisitoire de l'avocat général. Un nouveau calendrier motivé par deux contretemps, l'explosion d'une canalisation d'eau et l'absence d'un témoin restant à entendre pour cause de... vacances au ski de ce dernier.

Problème : la défense a averti il y a plusieurs mois que le 8 mars est la seule date où ne pourra être présent son chef de file, Me Soulez Larivière, retenu par l'ouverture du procès en appel du crash du Concorde. Protestant, les avocats de la défense auraient alors vu l'un des magistrats de la Cour, le conseiller assesseur Michel Huyette, leur faire "un geste d'insulte". "Il nous a fait un geste avec la main signifiant "La ferme !", les enfants disent "Camembert", c'est une insulte absolument incroyable", a déclaré à l'AFP Me Jacques Monferran, un des avocats de la défense. Ces derniers ont déposé une requête en récusation du magistrat hier lundi. Le premier président de la cour d'appel l'examine actuellement. Le cas échéant, l'assesseur de réserve pourrait être sollicité en lieu et place de Me Michel Huyette. Les parties civiles, elles, n'ont pas vu le geste présumé et dénoncent une manœuvre de la défense destinée à reprendre la main.

En attendant la décision, le procès poursuit son cours. Ce mardi, Thierry Desmarest, ex-PDG de Total, devait être entendu par la cour d'appel, au sujet de la commission d'enquête interne créée par Grande Paroisse pour élucider les causes de la catastrophe et accusée par des parties civiles d'avoir entravé l'enquête. La cour d'appel devait ensuite examiner les citations directes de plusieurs parties civiles visant l'ancien PDG et Total et demandant qu'ils soient eux aussi jugés. L'audience a été reportée au 27 février, pour une question de procédure soulevée par l'avocat de Thierry Desmarest. Les magistrats avaient annoncé vouloir joindre au fond la question de la recevabilité de ces citations, et devraient se prononcer au tout dernier jour du procès.

Le dernier témoin sera auditionné le 28 février, avant le début des plaidoiries qui devraient se dérouler jusqu'à la mi-mars.

Le tribunal correctionnel de Toulouse avait prononcé le 19 novembre 2009 l'irrecevabilité de ces citations et la relaxe "au bénéfice du doute" de Serge Biechlin et de Grande Paroisse.

L'explosion de l'usine AZF avait fait 21 morts et des milliers de blessés le 21 septembre 2001 à Toulouse, occasionnant un véritable traumatisme d'une partie de la population. Les experts judiciaires ont conclu dans leur rapport final de 2006 à un accident chimique lié à "une série de négligences et de dysfonctionnements".

Mikaël Lozano

© photo Rémi Benoit

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