Sécheresse : la Haute-Garonne sensibilise les agriculteurs et les industriels

Malgré un mois de mai pluvieux, le niveau des réserves d’eau reste préoccupant en Haute-Garonne avec un déficit pluviométrique de 30 % par rapport à l’année dernière. Le syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne vient de lancer une campagne de sensibilisation de la population qui inclut aussi les acteurs de l’agriculture et de l’industrie avec le risque de sanctions en cas d'absence d'efforts.
En Haute-Garonne, l'irrigation représente 82 % de la consommation d'eau, soit 54 millions de m3, l'eau potable 15 % et 3 % pour les usages industriels.
En Haute-Garonne, l'irrigation représente 82 % de la consommation d'eau, soit 54 millions de m3, l'eau potable 15 % et 3 % pour les usages industriels. (Crédits : Rémi Benoit)

Il ne faut pas s'y tromper. Malgré les récentes pluies qui ont touché la région toulousaine, l'état de la ressource en eau reste préoccupant dans le Sud-ouest. Le déficit pluviométrique est de 30 % dans le département par rapport à la même période en 2022. À cela, s'ajoute une fonte précoce du manteau neigeux dans les Pyrénées. « Cette situation n'a jamais été aussi forte depuis 60 ans », souligne Serge Jacob, secrétaire général de la préfecture de la Haute-Garonne et sous-préfet de Toulouse. Le capital de ressource en eau est donc dégradé à l'arrivée de la saison estivale.

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« Ce capital, il faut absolument le préserver dans la durée de façon à ce qu'il puisse répondre aux besoins qui visent à satisfaire un certain nombre d'activités humaines », indique le secrétaire général.

 82 % de l'eau consommée par l'agriculture

 Tous les pans de l'économie sont concernés par cette problématique et par la campagne de prévention contre le gaspillage de l'eau lancée il y a quelques jours. « Il faut agir à tous les niveaux et sortir de la restriction subie et se placer dans une logique de sobriété », soutient Jean-Michel Fabre, vice-président du conseil départemental et président du Smeag (syndicat mixte d'études et d'aménagement de la Garonne). Des actions pour l'eau sont donc menées depuis janvier dans tous les secteurs à commencer par celui de l'agriculture. À elle seule, l'agriculture consomme 82% de l'eau disponible sur le bassin de la Garonne en période d'étiage, au moment où la ressource vient le plus à manquer (mais uniquement 10% de l'eau potable sur l'ensemble de l'année).

« Nous avons beaucoup travaillé avec la chambre d'agriculture avec une stratégie assez simple, c'est de mettre à disposition de tous les agriculteurs la situation des réserves d'eau de manière à ce que chacun puisse prendre des décisions sur la consommation d'eau en connaissance de cause », détaille le président du Smeag.

Face à la situation hydraulique du département, les agriculteurs ont donc dû adapter leurs cultures. Certains ont fait le choix de changer leurs cultures, d'autres de planter plus tôt. Il y aura, par exemple, moins de maïs cette année. « Cela crée un problème économique sur l'ensemble du secteur puisque les coopératives d'achats et de reventes de graines peuvent être perturbées par ces changements », relève Christel Carpentier, élue à la chambre d'agriculture de Haute-Garonne

Le sous-préfet attire, par ailleurs, l'attention sur les efforts menés par le secteur : « 40 % des économies d'eau ont été réalisées par les agriculteurs sur ces vingt dernières années ».

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Risque de sanctions en cas de non-respect

 Des actions sont également menées auprès des acteurs de la gestion de l'eau. « Nous avons particulièrement travaillé avec EDF », assure le président du Smeag. L'objectif pour le fournisseur d'électricité a été de réduire le turbinage (lâcher de l'eau pour créer de l'électricité) afin de garder un stock d'eau suffisant pour alimenter la Garonne et l'Ariège cet été. Ainsi, 70 millions de m3 d'eau seront destinés à ces cours d'eau.

 Le Smeag a également rencontré les acteurs de l'économie, à commencer par la chambre de commerce et d'industrie et la chambre des métiers afin de préparer et sensibiliser ces acteurs au potentiel manque d'eau alors que l'industrie représente 3% de la consommation d'eau en période d'étiage.

« Nous avons besoin que les industriels réduisent leur consommation, mais nous avons aussi besoin qu'ils fassent des efforts pour éviter de polluer nos rivières », relève Jean-Michel Fabre.

En effet, lorsque le niveau de l'eau est convenable, une pollution peut être diluée plus facilement que quand il y a très peu d'eau. Des courriers ont ainsi été adressés aux industries situées le long de l'Ariège et de la Garonne afin de les prévenir de ce problème. D'autres courriers ont été envoyés aux entreprises les plus consommatrices d'eau pour leur demander de faire des économies d'eau avec des objectifs pouvant aller jusqu'à 50 %. Pour faire appliquer les précautions d'usage de l'eau, les services de la Dreal (direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement) ont été dépêchés. Des contrôles seront donc mis en place et en cas de non respect de ces mesures, des sanctions pourraient être adressées après une mise en demeure.

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