Plus de 15.000 intentions d’embauche recensées pour 2023 à Toulouse, mais il n’a jamais été aussi difficile de recruter

Pour la troisième édition de son StartEmploi à Toulouse, le média économique La Tribune a répertorié plus de 15.000 projets de recrutements rien que dans la Ville rose pour 2023. Si l’industrie aéronautique apparait comme le premier secteur à la recherche de profils, en parallèle jamais les entreprises n’ont connu autant de difficulté à trouver les compétences recherchées selon notre grande consultation menée auprès des entreprises locales. Analyse et chiffres clés.
La filière aéronautique apparaît comme l'un des plus importants recruteurs à Toulouse en 2023.
La filière aéronautique apparaît comme l'un des plus importants recruteurs à Toulouse en 2023. (Crédits : Rémi Benoit)

Jamais le StartEmploi n'a recensé autant d'intentions d'embauche à Toulouse. Pour sa troisième édition, cette grande consultation des entreprises locales sur l'emploi a permis à La Tribune de répertorier 15.200 intentions d'embauche à Toulouse pour l'année 2023, auprès de 79 entités. C'est bien plus que les 10.500 de l'édition 2022 et les 5.000 de 2021 en sortie de crise sanitaire.

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Cette explosion des intentions d'embauche à Toulouse identifiée par La Tribune vient confirmer ainsi la dynamique enregistrée par l'Apec sur l'emploi des cadres au niveau départemental et régional. L'association attend 17.570 recrutements pour l'année en cours en Occitanie, en comptant les CDI et les CDD supérieurs à un an de contrat, soit un record. Une majorité de ces recrutements est projetée sur la Haute-Garonne, sans surprise, en raison de l'attractivité de la capitale régionale et son imposant tissu économique et industriel. Tous profils confondus, la CCI Toulouse-Haute-Garonne projette également un accroissement des effectifs des entreprises locales de +4,1% en 2023, selon sa dernière enquête de conjoncture annuelle. Cette embellie de l'emploi à Toulouse n'est liée en grande partie qu'au fait que l'économie locale est en croissance. La Chambre de commerce et d'industrie projette un chiffre d'affaires de +5% en 2023 pour les entreprises de Toulouse et du département, après les +9% de 2022. Bien que cette croissance doit être analysée avec vigilance en raison du contexte inflationniste qui pousse les prix de vente à la hausse, en revanche cette situation n'a quasiment aucun impact sur les entreprises toulousaines. Pour les répondants, ils sont 99% à déclarer que le choc énergétique de ces derniers mois n'a pas remis en cause leurs intentions de recrutement pour 2023.

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Et pour cause, 67% de ces répondants justifient ces projets de recrutement par l'obtention de nouveaux contrats dans l'activité phare de l'entreprise. Ils sont aussi 56% à justifier ces ouvertures de postes par une diversification d'activité et le développement de nouveaux projets, conséquence directe de la crise sanitaire bien que ce chiffre s'effrite année après année depuis 2021. De ce fait, 48% des entreprises qui recrutent à Toulouse en 2023 le font pour se doter de compétences qu'elles n'ont pas jusqu'à présent en interne. De plus et sans surprise, neuf entreprises sur dix qui recrutent - et qui ont répondu à l'enquête de La Tribune - le font pour répondre ou anticiper une hausse d'activité. Plus intéressant encore, elles sont 58% à recruter pour combler ou anticiper des départs en interne. Depuis plusieurs mois, les DRH de France sont plusieurs à considérer que le pays est lui aussi touché par un phénomène de « Grande Démission » comme le connait les États-Unis bien qu'il soit difficile d'avoir des chiffres consolidés sur cette tendance.

L'ingénierie et le numérique en tension

Très touchée par les réorganisations sociales et les départs volontaires, la filière aérospatiale toulousaine est plus que jamais en manque de bras pour faire face à son redémarrage. En trois éditions de cette consultation des entreprises locales, c'est la première fois que ce secteur d'activité, pourtant dominant dans le tissu économique toulousain, se présente comme la filière qui recrute le plus à Toulouse (après les 4.500 intentions de recrutement de Toulouse Métropole). C'est une nouvelle fois la preuve que le trou d'air lié à la crise sanitaire est bien derrière elle. Selon la CCI de Toulouse, le secteur envisage une croissance de son chiffre d'affaires de 5,6% en 2023 et une croissance de ses effectifs presque d'autant.

La filière aérospatiale toulousaine projette 3.670 recrutements sur l'année 2023 selon les recruteurs du secteur qui ont participé à l'enquête. Derrière le groupe Airbus (2.250 intentions d'embauche annoncées), d'autres acteurs pointent le bout de leur nez comme Daher (350), Sogeclair (200), Liebherr Aerospace (149), Satys (118), Mecachrome (113) ou encore Airplane (30) et Air Support. Mais ce contingent non exhaustif contient aussi quelques startups prometteuses, déjà présentes en 2022 car en forte croissance et en pleine structuration. C'est particulièrement le cas d'Aura Aéro, avec ses 250 intentions d'embauche en 2023 pour continuer à développer son avion électrique régional. Ascendance Flight Technologies, qui vient de boucler une levée de fonds de 21 millions d'euros pour faire voler son VTOL hybride, prévoit lui aussi 40 recrutements en 2023. Exotrail, présentée de son côté comme le logisticien du spatial avec son nouveau « Van spatial » pour petits satellites, compte boucler une trentaine de recrutements sur l'année en cours.

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Le podium des secteurs qui recrutent le plus à Toulouse est complété par l'indéboulonnable univers riche et varié des services aux entreprises. À lui seul, il représente plus de 3.200 d'intentions de recrutement à Toulouse en 2023. Hormis le groupe City One, porté par le fort redémarrage de l'activité événementielle et qui prévoit de recruter 600 hôtesses et hôtes d'accueil, le dynamisme de ce secteur est fortement lié aux entreprises d'ingénierie et ESN, entre besoins de cybersécurité croissants et redécollage de l'industrie aéronautique engagée dans le développement d'avions bas carbone. La CCI de Toulouse estime que les services dans l'aéronautique vont connaitre une croissance de leur chiffre d'affaires de +8,2% en 2023, après les +16% de l'année passée. Sans surprise donc des noms comme Expleo (550 intentions d'embauche en 2023), SII (480), CGI (450), Scalian (400) ou même la pépite toulousaine Eurécia (155) répondent présents dans cette catégorie à laquelle il faut rajouter Capgemini qui n'a pas répondu à l'enquête pour l'édition 2023 malgré l'annonce d'un nombre important de recrutements en 2023. Il y a quelques semaines, c'est l'association Numeum (anciennement Syntec numérique) qui est sortie du bois en annonçant que la filière est en besoin urgent de 2.000 profils pour combler les besoins immédiats des entreprises et de leurs clients, tout en évoquant que 8.000 recrutements seraient bouclés à l'échelle de l'Occitanie dans cette branche rien que sur l'année en cours.

L'événementiel pour recruter

Le poids prépondérant des acteurs des services aux entreprises, ESN et ingénierie confondues, se retrouve dans les compétences recherchées. Sur les 15.000 intentions d'embauche annoncées par les entreprises basées à Toulouse, pas moins de 20% concernent des profils en lien avec le digital et l'informatique. De plus, 13% des postes qui vont s'ouvrir dans la Ville rose concernent des postes en lien avec un besoin de R&D. Un petit quart (13%) concerne aussi des fonctions commerciales et un gros tiers (37%) est fléché vers des postes d'ouvriers et techniciens.

Par type de contrat, 52% des emplois qui vont voir le jour à Toulouse en 2023 seront des CDI et un quart des CDD, dont la durée n'est pas précisée par les entreprises. Si l'intérim représente une part minoritaire (2%), tout comme les stages (8%), la part de l'alternance progresse année après année et va représenter en 2023 pas moins de 9% des intentions d'embauche à Toulouse. Cette part croissante s'explique par la volonté des sociétés de contourner les difficultés de recrutement traversées en allant chercher les profils dès leur plus jeune âge afin de les intégrer au mieux et ainsi les fidéliser. L'industrie aéronautique et le secteur bancaire, à Toulouse, misent particulièrement sur cette méthode de recrutement. Et pour cause, 87% des entreprises qui recrutent et qui ont participé à l'enquête de La Tribune annoncent rencontrer des difficultés à trouver des profils pour leurs offres d'emploi. Après les 70% de 2021 et les un peu moins de 85% en 2022, ce chiffre qui croît encore, bien que faiblement, témoigne plus que jamais des tensions présentes sur le marché de l'emploi.

Alors pour tenter de faciliter au maximum ces processus de recrutement, 96% des entreprises qui recrutent à Toulouse utilisent les réseaux sociaux pour attirer des profils en plus des méthodes de recrutement classiques. Par ailleurs, un quart des recruteurs font appel à des transferts de salariés mais surtout ils sont de plus en plus nombreux à faire appel à de l'événementiel pour tenter de séduire des candidats. Parmi la centaine de répondants, ils sont deux tiers à participer à des job dating voire à les organiser eux-mêmes. Air Plane, qui cherche une quarantaine de peintres aéronautiques et préparateurs de surfaces, a par exemple organisé fin avril, le temps d'une journée, un job dating en plein cœur de ses ateliers au sein de la base Toulouse-Francazal afin d'attirer un maximum de curieux et potentiels futurs collaborateurs. D'autres ont fait le choix de devenir leur propre fournisseur de profils en devenant centre de formation pour répondre à leurs besoins en ressources humaines. C'est particulièrement le cas pour Actia, qui produit des cartes électriques pour les secteurs de la mobilité terrestre, l'industrie aéronautique et prochainement le spatial. « Nous sommes complétement en tension sur le recrutement... Nous sommes donc en train de créer l'Actia Académie pour avoir la capacité de former et certifier nous-même nos futurs collaborateurs. Nous serons un organisme de formation à compter du mois de juin. Nous espérons ainsi former une cinquantaine d'opérateurs et techniciens dans nos locaux à Toulouse chaque année », confie à La Tribune, Jean-Louis Pech, le PDG du groupe Actia, qui va tenter de recruter 100 personnes en 2023.

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