Cryptomonnaies : des usagers toulousains encore plus en quête de liberté malgré l’instabilité

Dans une période où le marché des cryptomonnaies est instable, leurs détenteurs toulousains ne s’en détournent pas, bien au contraire. La liberté générée par ce marché procure un sentiment de puissance vis-à-vis du système bancaire conventionnel, supérieur au risque financier encouru. La rédaction de La Tribune est allée à la rencontre des Toulousains qui opèrent dans cette finance décentralisée (2/2).
Les investisseurs toulousains dans la cryptomonnaie ne sont pas gagnés par un sentiment de panique, malgré les turbulences dans le secteur.
Les investisseurs toulousains dans la cryptomonnaie ne sont pas gagnés par un sentiment de panique, malgré les turbulences dans le secteur. (Crédits : Rémi Benoit)

Tout juste sortis du four, les Bitcoins sont déposés sur la table au milieu des invités. Un bar toulousain a fait de cette monnaie virtuelle des gourmandises sucrées. Une attention pour des clients pas comme les autres. La dizaine de personnes présente ce soir-là, au Bon Mélange à Blagnac (Haute-Garonne), se retrouve autour d'une bière artisanale pour échanger sur les dernières actualités des cryptomonnaies. Les invités du soir ont tous un point commun : ce sont des investisseurs dans les monnaies virtuelles, mais surtout des passionnés de cette technologie, réunis initialement sur un groupe Telegram consacré à la communauté toulousaine des cryptomonnaies.

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Malgré les dernières perturbations rencontrées par leur univers de monnaies virtuelles, la sérénité semble au rendez-vous dans ce moment convivial. « Il faut savoir survivre aux cycles, c'est-à-dire acheter une crypto et la garder au moins trois à quatre ans et dans ce cas, vous vous en sortez. La cryptomonnaie n'est pas un marché de court terme », selon Hadrien, un conseiller en patrimoine toulousain, âgé de 29 ans et investisseur dans les cryptomonnaies depuis plusieurs d'années. Bien que la chute de la Silicon Valley Bank a provoqué un léger vent de panique dans la finance décentralisée, tous ces investisseurs sont unanimes sur un point : garder son calme face à la volatilité d'un marché qui s'apparente à de la loterie. « C'est un marché hyper joueur donc c'est normal que ce soit volatil », rebondit Valentin, lui aussi investisseur dans les cryptomonnaies et membre du même groupe Telegram qui réunit 185 personnes dans la Ville rose.

« C'est vrai, nous sommes dans un creux du marché. Mais le marché des cryptomonnaies est cyclique par nature. Il y a toujours une correction du prix du Bitcoin après une montée », commente à son tour Thomas Perrin, cet ancien ingénieur dans le spatial aujourd'hui reconverti dans la due diligence consacrée aux monnaies numériques.

Des courbes folles qui attirent

Si le marché connait actuellement une lourde période de bear market (tendance durable à la baisse d'une valeur financière), il a surtout fait parler de lui pour ses formidables bull run (tendance inverse). Le Bitcoin dépasse aujourd'hui les 23.000 euros, mais il a surtout dépassé les 53.000 euros en septembre 2021 après plusieurs mois d'une hausse sans fin. « C'est ce côté spéculatif qui m'a attiré là-dedans », souligne Nathan, le co-propriétaire du Bon Mélange, établissement qui accepte les paiements en cryptomonnaies depuis plusieurs mois.

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« Dans la communauté, il y a plein de touristes qui ne sont que de passage car ils sont attirés par les courbes exponentielles. Il y a le rêve de gagner le gros lot à chaque fois, on ne va pas se le cacher. Pour ma part, cela fait réellement un an et demi que j'essaie de faire fructifier mes placements, mais cela reste avant tout une passion plus qu'un désir absolu de retombées financières », témoigne encore Valentin.

« Être dans les cryptomonnaies en pensant gagner facilement de l'argent, c'est pour moi le meilleur moyen d'en perdre », confie Grégory Guittard, le directeur de la rédaction du Journal du Coin, qui a fait le choix en 2022 de retirer tous ses actifs du système de la finance décentralisée face au stress malgré sa passion pour le sujet. Et toutes ces réussites sont basées sur une règle d'or morale et pratico-pratique, celle de n'investir que les montants qu'un détenteur de cryptomonnaies a la capacité de perdre.

Se détacher du système bancaire conventionnel

Pour tous les usagers, cette prise de risque financière est également associée à une défiance envers le système bancaire classique et une quête de liberté pour s'affranchir de celui-ci. « Mon frère habite à l'étranger et lors que nous voulons nous envoyer de l'argent entre nous, nous passons par les cryptomonnaies, qui sont beaucoup plus rapides et moins chères en frais de transactions que les banques », rapporte le conseiller en gestion de patrimoine.

Ce dernier, qui par ailleurs n'offre pas de conseil en la matière à ses clients, a fait le choix de placer une partie de son Livret A dans un stablecoin, une cryptomonnaie dont la valeur est corrélée à celle d'une monnaie fiduciaire. Par ce placement, Hadrien a le sentiment d'être sa propre banque, face à la frilosité des acteurs bancaires hexagonaux. « Quand j'ai voulu acheter par le passé une cryptomonnaie et que j'en ai informé ma banque, elle a bloqué mon compte pendant presque trois jours en me mettant en garde sur le contenu de la transaction et son fléchage. Par conséquent, je n'ai pas pu investir en temps voulu. Pourtant, la cryptomonnaie c'est ce qu'il y a de plus transparent. Tout est retranscrit dans la blockchain », se remémore Valentin, aujourd'hui développeur chez l'ESN toulousaine Web-atrio pour ses activités dans les monnaies virtuelles.

« La blockchain est un livre de comptes ouvert. Tout est daté, il n'y a pas de falsification possible », poursuit Hadrien.

« On ne peut pas investir notre argent comme nous voulons en France, c'est terrible », enchérit l'ancien ingénieur spatial Thomas. Cette transparence et cette liberté à investir où bon leur semble dans la blockchain sont pour ses usagers un gage de confiance infaillible, bien au-delà de celle qui peuvent éprouver à l'égard des banques traditionnelles.

Formation autonome

Aussi, le sentiment de propriété envers leur patrimoine « crypto » est supérieur à celui que peut générer un dépôt sur un compte classique. « Avec 1.000 euros dans les cryptomonnaies, nous pouvons avoir accès à des outils et des placements normalement impossibles pour une personne lambda sans au moins 500.000 euros voire un million en sa possession dans le système bancaire conventionnel », ajoute Hadrien. Des places de marché premiums dont l'accès se gagne par une formation presqu'unanimement autonome.

« Pendant le confinement, je n'avais rien à faire et je me suis mis à consommer comme un boulimique tous les contenus sur le sujet car il était évoqué dans les médias et sur internet », se souvient Nathan, qui dirige Le Bon Mélange. « J'ai commencé à m'intéresser aux cryptomonnaies en décembre 2020. Je me suis auto-formé assez vite en regardant des vidéos et par chance j'ai investi à une période charnière où cela faisait fois deux tous les jours », témoigne quant à lui Thomas Perrin, de Yellow Consulting. Mais la sensibilisation aux actifs numériques ne passe pas qu'uniquement par de la consommation de contenus. À Toulouse, comme un peu partout en France, des organismes, plus ou moins professionnels, avec des durées vies plus ou moins courtes, proposent des formations majoritairement en ligne sur le sujet. « Je me suis formé sur la blockchain avec les cours à distance proposés par Alyra », illustre par exemple Greg, informaticien et consommateur régulier du Bon Mélange et tout particulièrement de ses apéros « cryptos » pour bonifier son portefeuille de monnaies virtuelles.

Selon une étude du cabinet KPMG datant de début 2022, 8% des Français ont déjà investi dans les cryptomonnaies. Ce qui est plus que le nombre de Français qui possèdent des actions de sociétés, de 6,7% toujours selon la même étude.

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