Cryptomonnaies : pente raide mais toujours de l’intérêt chez les entrepreneurs toulousains

Dans une période où le marché des cryptomonnaies est en berne, les professionnels toulousains qui gravitent autour de ce secteur gardent malgré tout le cap. L’intérêt des consommateurs et des usagers est toujours présent, et par conséquent des nouvelles offres de services voient le jour. Au travers de ce premier volet d'une série consacrée à la période creuse qui touche les cryptomonnaies, la rédaction de La Tribune est allée à la rencontre des entrepreneurs qui opèrent sur ce marché virtuel depuis Toulouse (1/2).
Malgré une tendance baissière, le marché décentralisé des cryptomonnaies garde un intérêt pour les entrepreneurs toulousains et les commerçants.
Malgré une tendance baissière, le marché décentralisé des cryptomonnaies garde un intérêt pour les entrepreneurs toulousains et les commerçants. (Crédits : Rémi Benoit)

« Silvergate Bank a annoncé aujourd'hui son intention de mettre fin à ses opérations et de liquider volontairement la banque de manière ordonnée ». Cette annonce, du mercredi 8 mars, est l'un des derniers rebondissement d'une hémorragie en cours dans l'univers des cryptomonnaies. Tout a commencé avec la chute de FTX mi-novembre dernier, une place de marché centralisée qui permettait de convertir des monnaies classiques en monnaies virtuelles en devenant propriétaire d'une ou plusieurs cryptomonnaies.

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Pionnière sur ce sujet des transactions entre monnaies virtuelles et fiduciaires, le Finlandais LocalBitcoins a procédé lui aussi à une cessation de ses activités courant février. « Indépendamment de nos efforts pour surmonter les défis du très froid hiver crypto en cours, nous avons conclu avec regret que LocalBitcoins ne peut plus fournir de services d'échanges de Bitcoin », a notamment expliqué la société sur son site internet.

« Il se déroule en ce moment une certaine élimination par le bas dans l'univers des cryptomonnaies. Comme dans tout business, au bout d'un certain temps le nombre d'acteurs se réduit (...) Mais dans cette période, la société Ledger s'en sort très bien », commente Steve Ferrero, le directeur technique et directeur associé de Web-atrio.

Cette société toulousaine collabore depuis 18 mois avec cette entité française qui commercialise un wallet physique (un 'portefeuille physique') pour y stocker et surtout sécuriser son patrimoine de monnaies virtuelles. « La clé est là pour sécuriser les transactions (dans la blockchain). Ledger avait besoin de codeurs pour développer son service mais manquait alors de ressources en interne. Avec cette collaboration, nous avons permis à leurs utilisateurs d'acheter d'autres monnaies virtuelles que les plus connues telles que le Bitcoin ou Ethereum », poursuit le dirigeant.

En quête de confiance

Ce partenariat permet à Web-atrio de réaliser 15% de son chiffre d'affaires global dans l'univers des cryptomonnaies et d'y dédier entièrement une dizaine de salariés sur une centaine. « Pour l'instant, nous attendons pour développer ce segment car nous ne voulons pas devoir faire face à des défauts de paiement dans le contexte actuel des cryptomonnaies », poursuit le co-fondateur de cette ESN qui opère également dans l'industrie aéronautique, la santé, la musique, ou encore le monde bancaire classique.

Face à ce besoin de confiance dans un climat délétère, dans l'optique de futures collaborations mutuelles, des acteurs y ont vu une nouvelle opportunité de business corrélée à l'univers des cryptomonnaies. À Toulouse, c'est le cas du cabinet Yellow Consulting, qui a vu le jour en plein bearmarket (période pendant laquelle un marché voit ses valeurs évoluer à la baisse) dans les premières semaines de 2023.

« Il y a des gros services dans les cryptos dédiés à la sécurisation des transactions comme Ledger, mais il n'y a pas assez de vérifications sur le contenu de ces transactions et projets d'investissements. Qui se cache derrière ? D'où vient cet acteur ? Quels sont les risques ? etc... », analyse Thomas Perrin, le CEO et cofondateur de cette jeune pousse.

Cette dernière propose plusieurs niveaux de service, de la simple vérification à l'enquête approfondie, sur n'importe quel projet d'investissement dans ces monnaies 4.0. « Nous, nous sommes là pour faire un rapport détaillé des points positifs et des points négatifs, après nos clients font leur choix. Mais notre intention n'est pas de rendre public des arnaques potentielles », commente l'entrepreneur qui s'est associé avec deux connaissances professionnelles dans ce projet. Pourtant, tout a commencé sur le réseau social Twitter.

Un intérêt toujours important

Au travers d'un pseudonyme, Thomas Perrin établissait ses fameux rapports de risque sur divers projets de cryptomonnaies avant de les rendre publics sur le réseau social à l'oiseau bleu. Certaines de ses publications ont eu un certain retentissement quand il s'agissait particulièrement de dénoncer une arnaque. Dès lors, ce passe-temps est devenu sa profession. Aujourd'hui, ses capacités visent à accompagner des agences de communication et de marketing, des influenceurs, des entreprises de la finance qui désirent se diversifier dans la cryptomonnaie ou bien des sociétés de l'écosystème qui veulent sécuriser des collaborations futures. « Nous avons déjà des clients », témoigne fièrement Thomas Perrin.

Le cofondateur de Yellow Consulting n'est tombé dans la marmite des cryptomonnaies qu'en 2020. Il doit une grande partie de ses connaissances sur le sujet au Journal du Coin, dont il est désormais l'un des rédacteurs. Né en 2013 à Toulouse, ce pure-player dédié totalement à l'univers des cryptomonnaies et du bitcoin est devenu au fil des années LE média francophone de référence sur ces sujets. En 2022, il a rassemblé un total de 15 millions de visiteurs uniques pour 22 millions de pages vues. Quant à 2023, les intéressés sont toujours au rendez-vous avec en moyenne un million de visiteurs en janvier, et autant en février, et ce malgré le bearmarket.

« Malgré la période de crise, les gens restent et continuent à s'intéresser aux cryptomonnaies et aux différents projets. Les chiffres démontrent que c'est une tendance de fond. Nous avons beaucoup plus de gens qui nous lisent. La révolution des cryptomonnaies capte de plus en plus de monde », observe Grégory Guittard, le directeur de publication du Journal du Coin.

Preuve de cette curiosité toujours présente voire grandissante autour des monnaies virtuelles, la société toulousaine Web-atrio reçoit régulièrement des candidatures spontanées uniquement pour participer aux projets les associant à Ledger. Rien qu'en 2022, Le Journal du Coin a accueilli quant à lui une quinzaine de nouveaux collaborateurs et dispose aujourd'hui d'une dizaine de journalistes à temps plein et autant de journalistes pigistes. Cette rédaction, éparpillée dans le monde entier, produit entre 10 et 15 publications par jour. Pour 2023, Le Journal du Coin souhaite renforcer le volet accompagnement à travers la diffusion de guides sur divers sujets afin de « pouvoir évoluer en sécurité dans l'univers des cryptomonnaies ».

Les commerçants se prennent au jeu

Cette ambition devrait même se concrétiser avec la publication prochaine d'une « encyclopédie du Coin ». Mais les cryptomonnaies ne sont pas qu'un marché financier émergent et volatile, c'est aussi un nouveau mode de consommation. Dans la Ville rose, ils sont une poignée de commerçants de tous les horizons (dentiste, concession automobile, restaurant, bijouterie, etc) à accepter ces nouvelles monnaies comme un moyen de paiement.

« Nous avons commencé à accepter les paiements en cryptomonnaies à partir de l'été 2022. Cette initiative nous a permis d'attirer une clientèle nouvelle, mais qui se limite au noyau dur de la communauté locale car nous sommes dans une période creuse du marché. Nous espérons sur le long terme attirer davantage de monde avec ce nouveau service quand le marché reprendra des couleurs », commente Nathan, le responsable du bar-restaurant Le Bon Mélange, installé à Blagnac, en périphérie proche de Toulouse.

Dans cette aventure, le restaurateur est accompagné par la jeune pousse Lyzi. Fondée en 2019, cette entité parisienne a développé une application pour permettre à des commerces de pourvoir réceptionner des paiements avec des monnaies virtuelles. Sur son site web, il est précisé qu'il faut « indique(r) le montant en euros sur l'application, l'équivalence en cryptomonnaie s'affiche alors sur l'écran et génère un QR code. Le commerçant partenaire n'a qu'à scanner le QR code pour valider la transaction et être payé en euros ». En quelques mois, plus d'un millier de commerçants en France ont fait appel à ce prestataire de services de leur propre chef, preuve de l'engouement qui entoure cette technologie.

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Bientôt une réglementation contraignante ?

Si une majorité des banques françaises n'est pas à l'aise avec ses clients détenteurs de cryptomonnaies contrairement à d'autres pays, l'Hexagone se fait cette fois-ci remarquer par sa volonté de réguler cet écosystème sur l'initiative d'un sénateur centriste. À travers un amendement dans le projet de loi 619, ce représentant des territoires a souhaité imposer un agrément PSAN (prestataires de services sur actifs numériques) à tous les nouveaux prestataires de services qui gravitent dans l'univers des cryptomonnaies, délivré par l'AMF. L'ambition de la chambre haute du Parlement français était alors d'anticiper la future réglementation européenne sur le sujet, MiCA. Finalement, cet amendement a été rejeté par l'Assemblée nationale, sur demande du gouvernement et de la filière, pour le moment. Quant à l'Europe, son parlement devrait procéder à un vote sur le sujet à la fin du mois d'avril prochain.

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