Plus de startups, plus de souveraineté, plus d'écologie... l'Occitanie prépare sa mutation économique

C'est un lifting pour une meilleure clarté à l'égard des entreprises, voilà comment résumer la nouvelle "Stratégie régionale pour l'emploi, la souveraineté et la transformation écologique", du conseil régional d'Occitanie. Ainsi, plus d'un milliard d'euros va être injecté dans l'économie sur l'ensemble du mandat avec des focus sur l'innovation, la souveraineté et la transition écologique.
Carole Delga, la présidente socialiste du conseil régional d'Occitanie, a revu en profondeur sa politique de soutien à l'économie.
Carole Delga, la présidente socialiste du conseil régional d'Occitanie, a revu en profondeur sa politique de soutien à l'économie. (Crédits : Rémi Benoit)

L'équation est simple. Devant son essor démographique, au point de devenir potentiellement la future troisième région française selon l'Insee, la région Occitanie n'a d'autre choix que de créer des emplois. Chaque année, elle accueille 40.000 nouveaux habitants, dont 24.000 sont des actifs. "Nous avons une obligation de réponse auprès des 24.000 nouveaux actifs que nous accueillons chaque année. Cela implique de créer en moyenne 2.000 emplois chaque mois pour éviter une hausse du chômage", en déduit Carole Delga, la présidente du conseil régional d'Occitanie. Au dernier pointage, ce territoire fait face à un taux de chômage de 8,8%, soit bien mieux que ce qu'il a connu les années précédentes.

Mais aujourd'hui, toutes les filières font face à des difficultés de recrutement, des besoins de financement pour divers projets, et surtout elles doivent amplifier voire enclencher leur transition écologique. Pour donner ce nouveau visage à son économique, la collectivité régionale compte mettre plus d'un milliard d'euros sur la table, à l'échelle du mandat, pour soutenir ses entreprises. "Nous voulons une croissance en conscience", prévient Carole Delga, qui a fait de l'alliance économie-écologie son positionnement politique.

De son tissu économique, la socialiste attend donc encore plus d'écologie, de souveraineté, d'innovation et de prise de risques. La collectivité a donc mis sur pied la "Stratégie régionale pour l'emploi, la souveraineté et la transformation écologique", pour la période 2022-2028, soit le mandat en cours.

Après la startup nation, place à la startup région

Celle-ci contient un plan de 40 actions en cours de déploiement ou à mettre en oeuvre sur l'Occitanie. Parmi elles, une concerne tout particulièrement l'écosystème de la tech. "Nous voulons doubler le nombre de startups créées chaque année dans la région", met en lumière Jalil Benabdillah, le vice-président en charge de l'Economie, l'Emploi, l'Innovation et la Réindustrialisation de la Région Occitanie. Soit une centaine par an.

Pour ce faire, la collectivité vient de mettre sur pied le dispositif Start'Occ Innovation, doté de 30 millions d'euros. "La Région contribuera d'une part à renforcer les capacités humaines d'accompagnement et de valorisation de la recherche et d'autre part à soutenir les projets à fort potentiel, porteurs d'innovation de rupture", précise le conseil régional.

L'idée n'est donc pas forcément d'attirer davantage de jeunes pousses sur l'Occitanie, mais d'être meilleure dans le sourcing et d'éviter en partie la fuite des talents dans une région qui dispose de deux capitales French Tech (Toulouse et Montpellier). Une fois qu'elles auront vu le jour, ces startups pourront bénéficier d'autres dispositifs destinés exclusivement à la tech en Occitanie. Il y a, par exemple, le fonds Ocseed, qui accompagne les startups sur les levées de fonds d'amorçage et qui en deux années d'existence à déjà atteint tous ses objectifs prévus en cinq ans. La jeune entreprise Hycco en a par exemple bénéficié, à hauteur de 300.000 euros, tout comme Ascendance Flight Technologies a profité d'un contrat d'Innovation, pour un montant de 1,7 million d'euros. Dans sa stratégie 2022-2028, le conseil régional d'Occitanie renfloue de 100 millions d'euros ce dispositif destiné au financement des entreprises dans leur projet d'innovation.

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Des aides conditionnées en matière d'emploi

En incluant les quelques dispositifs cités plus haut, le conseil régional d'Occitanie prévoit d'injecter 600 millions d'euros en aides directes pour les entreprises, sur l'ensemble du mandat. Parmi eux, 150 millions alimenteront des "Pass", qui sont des aides directes pour les entreprises de moins de 50 salariés avec plusieurs catégories (transformation écologique, économie de proximité, exploitations et métiers d'art). Le reste, soit 450 millions d'euros, sont réservés aux contrats, dédiés à toutes les entreprises et pour des montants d'aides plus importants, et en fonction des besoins (entreprise d'avenir, entreprise en difficulté, 3S - stratégique, souverain, structurant - innovation, start'occ, transmission reprise). "Nous avons revu l'ensemble de nos dispositifs pour une meilleure clarté pour les entreprises", justifie Carole Delga.

Grand enjeu de la dernière campagne électorale, en juin 2020, l'élue régionale a également rappelé que ces aides financières faisaient l'objet de certaines conditions comme a minima le maintien des emplois, voire la création d'emplois directs en Occitanie. L'éthique financière, le partage de la valeur au sein de l'entreprise et l'empreinte environnementale des projets accompagnés seront également regardés par les services du conseil régional. En cas de non respect de ces critères, d'une délocalisation ou d'une prise de contrôle par un investisseur étranger notamment, la collectivité se réserve le droit de demander un remboursement des crédits et subventions accordé.

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Cette "conditionnalité" des aides vaudra également pour le nouveau Plan Ader en préparation par la Région Occitanie pour la mi-année 2023. En plus du plan avion vert de 100 millions d'euros dévoilé l'été dernier, ces nouveaux crédits devront soutenir la supply chain aéronautique et spatiale dans ses enjeux de montée en puissance et compétitivité comme cela a été le cas pour les plans Ader 1,2,3 et 4. À même échéance, un plan "Habitat durable" doit voir le jour afin d'accompagner les entreprises particulièrement dans l'usage des matériaux biosourcés.

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Un fonds souverain repensé

Enfin, promesse de campagne de Carole Delga, le fonds souverain du conseil régional d'Occitanie va passer de 200 à 400 millions d'euros d'investissement total. Pour ce faire, la collectivité vient de mettre sur pied le fonds Occitanie transition énergétique, doté de 200 millions d'euros. Ainsi, il aura pour mission de soutenir la transition énergétique sur tous les maillons de la chaîne : de la production d'énergies renouvelables, à son transport et ses usages, en passant par son stockage. Un budget qui sera à la main de la société de gestion régionale OCCTE, née il y a quelques semaines.

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Cette nouvelle structure aura aussi à sa charge le nouveau fonds Occitanie transformation industrielle, de 50 millions d'euros, pour soutenir les innovations de rupture, des projets d'industrie du futur et de la transformation technologique. Les prises de participation pourront aller de 1,5 à 6 millions d'euros. Par ailleurs, l'Agence régionale des investissements stratégiques (Aris) est maintenue, elle aussi avec 50 millions d'euros de budget. Le même montant est alloué au fonds IRDINOV 3, pour financer les jeunes pousses, tout particulièrement dans les domaines de la biotech et de la santé. Enfin, la collectivité croit toujours en son portail de financement participatif piloté avec WiSEED, Épargne Occitanie, bien que celui-ci ait du mal à décoller avec seulement sept projets financés en 18 mois d'existence.

Enfin, en complément de ses financements, le conseil régional d'Occitanie a imaginé un prêt de "souveraineté industrielle", pour des sommes entre 200.000 et trois millions d'euros. Une enveloppe de 30 millions a été fléchée vers ce nouveau dispositif, avec l'espoir d'avoir un effet levier pour un montant total de 100 millions d'euros. Avec ses nombreuses initiatives, l'Occitanie espère protéger ses savoir-faire industriels de n'importe quel intérêt étranger.

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