Sobriété énergétique : comment les collectivités d'Occitanie y participent (1/3)

Établissements scolaires, logements, soutiens aux acteurs économiques... Les collectivités locales comme Toulouse Métropole, le conseil départemental de la Haute-Garonne et le conseil régional d'Occitanie ne manquent pas de leviers pour agir en faveur de la sobriété énergétique. Mais dans les semaines à venir, face au dérèglement climatique qui s'accélère, toutes prévoient d'y consacrer des moyens financiers supplémentaires. Analyse.
En Haute-Garonne, le collège d'Escalquens fait partie des premiers collèges du territoire équipés de panneaux photovoltaïques.
En Haute-Garonne, le collège d'Escalquens fait partie des premiers collèges du territoire équipés de panneaux photovoltaïques. (Crédits : CD 31)

Il y a encore quelques années ces mesures d'économie d'énergie étaient avant tout associées à une maîtrise des finances publiques. Mais au regard du contexte international, ces initiatives en lien avec la sobriété énergétique deviennent un enjeu politique pour les collectivités locales. "Ce qui est en train de se passer ne va faire qu'entraîner une accélération des dispositifs déjà en marche", appuie Jean-Michel Fabre, le vice-président du Conseil départemental de la Haute-Garonne, chargé de la Transition Écologique, des Mobilités douces, du Logement et de l'Habitat. Et pour les élus locaux, le premier moyen d'être acteur d'une certaine sobriété énergétique reste tout d'abord le parc immobilier donc ils ont la charge. Les établissements scolaires sont dès lors les premiers concernés.

De plus en plus d'établissements à énergie positive

Lors de la rentrée scolaire, jeudi 1er septembre, la présidente du conseil régional d'Occitanie, Carole Delga, n'a pas manqué d'évoquer les économies d'énergies réalisées dans les lycées publics, sous gestion de "sa" collectivité. "Depuis 2013 d'importantes économies d'énergie ont déjà été réalisées avec -24,5 % de consommation de gaz, soit plus de 15.000 tonnes de CO2 non rejetées ; -16 % d'électricité, soit l'équivalent de la consommation annuelle de 10.400 foyers ; -22,2 % d'eau, soit la consommation annuelle de 1.400 foyers", tient à préciser la région Occitanie. Pour obtenir ce résultat, la collectivité a équipé de toitures photovoltaïques 86 établissements et 23 sont raccordés à un réseau de chaleur, sans parler des neufs lycées construits depuis 2016 qui sont à énergie positive, c'est-à-dire qu'ils produisent davantage d'énergie qu'ils n'en consomment. Sur l'ensemble du territoire régional, 215 millions d'euros vont être investis sur l'amélioration énergétique de ces bâtiments et le développement des énergies renouvelables, contre 84 millions sur le mandat précédent. Par cet effort, la collectivité veut réduire de 60% la consommation énergétique des lycées d'ici 2050.

Même combat au sein des collèges de la Haute-Garonne, sous la gestion du conseil départemental. "Nous souhaitons aller au-delà des -40% de consommation énergétique d'ici 2030, par rapport 2019. Ce qui impose d'être en réactivité permanente et s'adapter", commente Jean-Michel Fabre. Pour y parvenir, sa collectivité s'est associée à la société toulousaine Ubigreen, spécialisée dans l'optimisation énergétique, depuis trois ans. "Nous avons équipé en capteurs tous nos collèges et cela permet de savoir où nous en sommes et les travaux prioritaires à réaliser sur chaque bâtiment", ajoute l'élu.

Grâce à cette coopération, la consommation en énergie des 145 bâtiments départementaux dont 100 collèges a diminué de 10%. Pour aller plus loin, le département de Haute-Garonne, en plus d'utiliser des matériaux biosourcés, établit un cahier des charges pour les nouveaux collèges afin qu'ils soient eux aussi à énergie positive. Ces établissements nouvelle génération coûtent 1,5 à 2 millions d'euros supplémentaires en comparaison à un collège classique. "Cela a un coût mais cela rapporte aussi", justifie Jean-Michel Fabre. "Face à l'urgence du réchauffement climatique, un plan programmatique de rénovation énergétique dans les collèges va être adopté à l'automne 2022, afin de réduire la consommation énergétique des établissements, développer le recours aux énergies renouvelables et adapter le bâti", ajoute l'entourage du président socialiste, Georges Méric. À terme, la collectivité veut qu'au moins un tiers des collèges ait une toiture photovoltaïque.

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Du côté de la Ville de Toulouse, la stratégie est légèrement différente, pour le moment. "Afin de limiter les besoins de climatisation dans les écoles, les gymnases et autres équipements publics, les solutions passives sont privilégiées pour les besoins qui ne représentent que quelques semaines en période scolaire", explique la municipalité. Les cours d'écoles sont végétalisées, comme les collèges et lycées, des stores extérieurs sont installés et la collectivité teste sur deux établissements une peinture blanche réflective sur les toitures. En l'état actuel, ce sont 2,4 millions d'euros qui sont consacrés chaque année par la Ville à la rénovation énergétique de ses bâtiments. Afin d'accentuer les efforts, un plan de passage en led sur l'ensemble des écoles a débuté en 2021 et prévoit huit millions d'euros d'investissement sur les trois ans à venir. Par ailleurs, l'usage de la climatisation, tout comme du chauffage, est désormais davantage encadrée avec une limitation des températures ainsi qu'un non-usage quand les bâtiments en question n'accueillent pas de public par exemple pendant les vacances scolaires. "Cette mesure permet d'économiser 300.000 euros par an", selon la collectivité. Mais conscientes que la situation se détériore, la marie de Toulouse et Toulouse Métropole travaillent à l'élaboration d'un plan global de sobriété énergétique, "qui sera présentée dans les prochaines semaines".

Le millefeuille de la rénovation énergétique des logements

Si les établissements scolaires représentent l'un des principaux voire LE principal levier en matière de sobriété énergétique à disposition des collectivités locales, l'habitat est aussi un de leurs moyens d'action. Cependant, Toulouse Métropole, le conseil départemental de Haute-Garonne et le conseil régional d'Occitanie, ont chacun leur propre dispositif de rénovation énergétique des logements au risque de perdre le consommateur. D'ailleurs, des entreprises du marché, comme le Toulousain Casol, s'occupent désormais de la "récolte" des subventions pour le compte de leurs clients face à la superposition des dispositifs qui freinent souvent certains intéressés.

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À l'échelle globale de la métropole, le service "Toulouse Métropole Rénov'" a vu le jour en 2020 afin d'apporter des aides directes aux particuliers qui rénovent leur logement après un audit énergétique. Quelques milliers d'euros peuvent ainsi être versés sur chaque projet. En parallèle, le conseil régional d'Occitanie a lancé en 2021 "Rénov'Occitanie", qui remplit les mêmes missions que son homologue métropolitain et qu'il est doté d'un réseau de 31 guichets d'information pour mailler l'ensemble de la région. L'un d'eux a ouvert à Toulouse en début d'année 2022, la Maison de l'Énergie, pour accompagner les particuliers et les entreprises de la métropole dans leurs projets de rénovation énergétique. Depuis le début de la guerre en Ukraine et l'emballement des factures d'énergie, les demandes ont explosé et il faut compter plusieurs semaines de délai dans le traitement des demandes. Le conseil départemental de Haute-Garonne y va également de ses aides, qui vont de 1.500 à 3.000 euros. "En 2021, on a accompagné 785 familles modestes et aujourd'hui nous avons déjà 513 demandes", précise Jean-Michel Fabres. Un accompagnement auquel il faut ajouter 1,15 million d'euros investi par le conseil départemental pour la rénovation énergétique des logements sociaux.

Les salles de spectacles accompagnées

Enfin, les collectivités, et tout particulièrement le conseil régional de par ses compétences, accompagnent également les acteurs économiques de l'Occitanie. La collectivité présidée par Carole Delga - qui va prochainement lancer un fonds d'investissement dédié au développement des énergies renouvelables - vient de mettre sur pied un "pass efficacité énergétique dans l'entreprise", qui se matérialise par des aides pouvant aller jusqu'à 10.000 euros pour financer des études préalables à des travaux de rénovation énergétique portant sur les process de production ou bien le parc immobilier d'une entreprise. Pour les opérations importantes et de nature industrielles, la région Occitanie a lancé le dispositif FITEEO. Sous forme de portage financier, celui-ci consiste pour l'entreprise a versé un loyer à la collectivité portant sur les équipements installés pendant cinq ans, avant d'en devenir propriétaire.

Les structures de diffusion de spectacles sont également de la partie avec l'annonce récente d'un "plan LED spectacle vivant", qui bénéficiera à 45 établissements du territoire régional. D'ici la fin de l'année 2022, la collectivité va investir cinq millions d'euros pour passer en 100% led ces lieux d'accueil. De quoi leur permettre d'économiser en moyenne 5.000 euros hors taxe par lieu, sur une année. Le conseil départemental de Haute-Garonne propose un service similaire à l'égard des communes de son territoire, à travers le syndicat général de l'énergie de la Haute-Garonne (SDEHG). La collectivité y injecte deux millions d'euros par an avec l'espoir d'atteindre les 50% de communes équipées en luminaires Led d'ici 2026. En espérant que d'ici là, les cours de l'énergie aient retrouvé des prix plus communs que ceux d'aujourd'hui...

À retenir


  • - 24%

    La prise en compte des fuites d'eau signalées grâce à la télérelève a permis en deux ans de réaliser 24% d'économies d'eau brute en deux ans, sur le périmètre de Toulouse Métropole, qui a la gestion de l'eau dans ses compétences. Cet été, la collectivité a lancé une expérimentation de systèmes de suivi, d'analyse et de traitement des informations énergétiques par l'intelligence artificielle. Trois entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies de l'information (internet des objets, big data, intelligence artificielle) vont apporter leur savoir-faire sur un échantillon de 12 bâtiments avec l'espoir d'accentuer cet effort.

(Retrouvez mardi 6 septembre le deuxième volet de notre série sur la sobriété énergétique autour des entreprises toulousaines).

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