C'est l'aboutissement d'un an de travail, et il fait notamment suite aux travaux en 2020 de la commission indépendante sur l'avenir économique de Toulouse avec à sa tête Marion Guillou et Jean Tirole. Élus locaux, syndicats patronaux et salariaux et acteurs économiques représentatifs divers ont mis sur pied la feuille de route économique de Toulouse Métropole "Ambition 2026, une économie innovante et durable". "Cela a été un travail très participatif", confie Dominique Faure, maire de la commune de Saint-Orens et 1ère vice-présidente de la Métropole en charge du développement économique.
Dans les faits, cette nouvelle stratégie économique, qui doit apporter une forme de résilience à l'économie locale en cas de nouvelle crise majeure comme une crise sanitaire, comporte sept ambitions applicables via 23 actions. La plus grande transformation qu'elle va générer matériellement est une organisation économique en plusieurs pôles, distillés sur tout le territoire métropolitain, afin de "capitaliser sur nos forces", justifie Dominique Faure.
Technocampus et bastion du numérique en plein coeur de Toulouse
La première d'entre elles reste et restera l'industrie aéronautique. Pour celle-ci, Toulouse Métropole, travaille de concert avec le conseil régional d'Occitanie sur l'ouverture d'ici fin 2024 d'un "Technocampus", dédié à l'hydrogène vert appliquée aux mobilités et tout d'abord aux futurs aéronefs bas carbone pour commencer. Afin de constituer le campus Francazal, sur la commune de Cugnaux au sud de Toulouse, ce futur établissement s'ajoutera à la base militaire présente sur place, ainsi que la zone aéroportuaire gérée par Edeis associée aux bâtiments industriels loués à des startups innovantes ou acteurs de la maintenance aéronautique. Si le conseil régional va apporter la majorité du budget (35 millions d'euros), la Métropole va quant à elle mettre à disposition le foncier après avoir racheté 38 hectares du secteur à l'État.
"Ce Technocampus permettra d'accélérer la R&D autour de la production d'hydrogène décarbonée, la formation autour de ces nouvelles énergies et leurs applications et ce sera aussi à terme un lieu de production d'hydrogène vert", commente Dominique Faure.
"Afin de maximiser les synergies techniques et scientifiques et de rationaliser les investissements, la volonté est de réunir en un même bâtiment, un maximum des développements expérimentaux universitaires dispersés à ce jour dans Toulouse, et de partager le savoir-faire universitaire développé au cours des 20 dernières années avec le monde industriel tout en contribuant à relever les nombreux défis à venir. Ce bâtiment, spécifiquement conçu et équipé (plus de 20M€ d'équipements scientifiques), comprendra des plates-formes d'équipements académiques, des surfaces dévolues aux partenaires industriels et des espaces tertiaires. Il permettra surtout une concentration unique de compétences pour accompagner au mieux le développement des innovations dans le domaine. Il accueillera des projets de recherche et des projets de développement industriel qui pourront mobiliser jusqu'à 120 personnes sur le site (avec un "noyau dur permanent" d'environ 40 personnes). L'objectif est d'héberger jusqu'à 12 entreprises qui mèneront, dans ces locaux adaptés, des projets de 6 à 36 mois", ajoute de son côté le conseil régional.
N'occupant "que" 10.000 m2 de surfaces, le futur Technocampus sera entouré de locaux d'activités tertiaires, de services et d'hébergement d'entreprises. "38 hectares c'est même déjà trop peu par rapport à la demande que nous avons", concède la première vice-présidente de la Métropole. Le territoire toulousain souffre en effet depuis plusieurs années d'un manque de foncier, notamment pour permettre le développement de ses entreprises et surtout pouvoir les conserver sur le territoire.
Pour répondre en partie à cette demande galopante de leur part, la collectivité prévoit de leur réserver une grande surface en plein coeur de la Ville rose. Dans le futur quartier Grand Matabiau, à proximité de la gare et qui doit notamment accueillir la Tour Occitanie, 25.000 m2 sur les 50.000 m2 de bureaux prévus dans le projet seront réservés à la création d'un "campus d'excellence du numérique, notamment autour des thèmes de la donné, la cybersécurité et de l'intelligence artificielle", fait savoir Bertrand Serp, notamment vice-président de Toulouse Métropole en charge de la transition digitale, qui prévoit un budget de 65 millions d'euros pour ce nouveau lieu totem. La French Tech, le cluster Digital 113, La Mêlée Numérique, l'institut Aniti, une école spécialisée et des entreprises expertes du domaine pourraient ainsi y prendre leur quartier.
Santé, spatial et MEETT en points d'accroche aussi
Au-delà de ses deux pôles en construction à Toulouse, d'autres vont voir le jour tout en s'appuyant sur des bases existantes, comme le pôle événementiel qui va voir le jour sur la commune de Beauzelle, au nord de Toulouse, autour du nouveau parc des expositions le MEETT. Pour mémoire, ce nouveau site, officiellement mis en exploitation depuis le 3 septembre, est notamment équipé d'un centre de conventions et de congrès de 15 000 m2, d'un hall d'expositions de 40 000 m2 et d'une aire d'exposition extérieure de 25 000 m2. La Métropole souhaite créer sur ses alentours un pôle dédié aux activités de l'événementiel, du tourisme d'affaires et du tertiaire. "Des entreprises viennent déjà s'y installer", assure Dominique Faure.
Par ailleurs, plus au sud de Toulouse, la collectivité souhaite renforcer le dynamisme de sa filière santé en créant le campus Oncopole, autour de l'établissement éponyme. Déjà dynamique, le secteur géographique regroupe plusieurs milliers d'emplois et plusieurs centaines d'entreprises en lien avec la santé. Les élus veulent axer pleinement ce lieu autour de la santé du futur, en s'appuyant notamment sur ces investissements majeurs comme celui d'Evotec, qui va générer la création de centaines d'emplois.
Enfin, la Ville rose veut constituer un dernier pôle dans son quartier Toulouse Montaudran en construction. Cette zone, qui abrite déjà par exemple le bâtiment B612 dédié à l'innovation, accueillera ainsi un pôle Toulouse Aeroscpace dédié au spatial, au climat et à l'intelligence artificielle. Plusieurs milliers de m2 d'immeubles tertiaires vont voir le jour dans les années à venir. Et afin de soutenir cette activité du spatial, la Métropole travaille à la création d'une fondation, qui aura pour but de récolter des fonds afin d'avancer sur le plan juridique dans la récolte et l'usage en lien avec le spatial. "Cela permettrait de faire décoller le business de nombreuses startups innovantes, positionnées sur ces sujets, notamment en lien avec la protection de l'environnement, et installées à Toulouse", conclut Agnès Plagneux-Bertrand, conseillère métropolitaine en charge de l'aéronautique et du spatial.
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