Lourdes : Jean Castex officialise un plan de relance de 100 millions d'euros

La cité religieuse, mondialement connue, va faire l'objet d'un plan de relance d'une centaine de millions d'euros, co-financé par l'État et les collectivités locales. L'enjeu pour Lourdes est d'être dès 2025 moins dépendante du tourisme religieux alors que la ville dispose de la seconde capacité hôtelière du pays. Cap désormais vers la culture et la nature comme est venu l'expliquer le Premier ministre, Jean Castex, sur place jeudi 17 février.
Lourdes va bénéficer d'un plan de relance de 100 millions d'euros, officialisé par Jean Castex en personne, ce jeudi 17 février, présent sur place.
Lourdes va bénéficer d'un plan de relance de 100 millions d'euros, officialisé par Jean Castex en personne, ce jeudi 17 février, présent sur place. (Crédits : Rémi Benoit)

"Entre la crainte des gens et les mesures sanitaires, nos hôtels ont dénombré 90% des nuitées annulées en 2020", regrettait alors Thierry Lavit, le nouveau maire de Lourdes (sans étiquette), lorsque La Tribune l'avait rencontré en avril dernier. Près d'une année plus tard, la situation ne s'est guère améliorée dans la cité marial puisque selon les professionnels du tourisme locaux, ce sont 80% de nuitées qui se sont évaporées par rapport à une année pleine.

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Sur la dernière année pleine, sans contrainte sanitaire, en 2019, la ville des Hautes-Pyrénées a enregistré plus de 2,140 millions de nuitées avec une clientèle étrangère jaugée à 63%. Une performance rendue possible par le fait que cette petite ville de 15.000 habitants abrite la seconde capacité hôtelière de France, après Paris. Lourdes dénombre plus de 200 hôtels, dont une grande majorité sont classés, proposant ainsi plus de 10.000 chambres.

Cette force atypique, liée à une activité portée par le tourisme religieux et son Sanctuaire mondialement connu, est devenu un boulet depuis deux ans. Évitée par ses touristes étrangers, générateurs de longs pèlerinages lucratifs pour le territoire, Lourdes est devenue en quelque sorte une ville fantôme. Face à ce constat amère, le Premier ministre, Jean Castex, s'est rendu sur place jeudi 17 février, pour la signature du Plan d'Avenir pour Lourdes. Il regroupe une centaine d'actions, pour un montant total d'investissements d'environ 100 millions d'euros, apportés par l'État (38 millions d'euros), le conseil régional d'Occitanie, le conseil départemental des Hautes-Pyrénées, l'agglomération Tarbes-Lourdes Pyrénées et la Ville de Lourdes. "Ce plan spécifique a pour ambition de reconquérir les parts de marché perdues, amorcer une relance durable de l'activité locale et accomplir une diversification d'activité", justifie Matignon.

Devenir aussi une destination pour la nature et la culture

Après 18 mois de travail avec une trentaine de protagonistes et structures diverses, ce plan repose sur cinq axes de travail majeurs. En plus d'une stratégie de territoire commune pour relancer la destination touristique, ce plan de relance contient un volet sur l'urbanisme, un autre sur l'économie locale et sa diversification, ainsi qu'une approche sociale. Un dernier axe est aussi dédié à l'attractivité du territoire et dans le cadre de celui-ci, Jean Castex promet d'investir 4,5 millions d'euros sur les quatre prochaines années afin de participer au maintien de la liaison ferroviaire Tarbes-Lourdes/ Paris.

"C'est un plan qui trace une perspective, celle de redessiner la destination Lourdes à horizon 2030, avec des actions immédiatement réalisables, jugées prioritaires, et d'autres qui demandent un peu plus de temps. Ce pacte contient un plan opérationnel d'amorçage de cette transformation avec un objectif de livraison pour certains équipements avant 2025", fait savoir Rodrigue Furcy, le préfet des Hautes-Pyrénées.

Ce sont exactement ces 23 actions prioritaires qui seront financées par ce tour de table de 100 millions d'euros associant collectivités locales et l'État. "L'apport financier de l'État se fera sur ces actions prioritaires, mais le financement du plan pourra faire l'objet de discussions plus tard pour aller plus loin", tient à préciser l'entourage du Premier ministre, ne fermant ainsi pas la porte à une rallonge financière si besoin dans les années futures.

Parmi les réalisations les plus importantes à venir, le plan comporte la construction d'un centre des congrès dans le centre-ville pour accueillir manifestations culturelles et professionnelles. Les financements seront également fléchés vers la création d'un centre d'entraînement vélo, ainsi que la création de "boutiques-ateliers" pour mettre en avant des savoir-faire locaux. Côté économie, près de quatre millions d'euros seront dédiés à la construction d'un tiers-lieu combiné à une pépinière d'entreprises. En plus de la rénovation d'axes stratégiques et lieux emblématiques, le Plan d'Avenir pour Lourdes prévoit un "plan Façades" pour la rénovation de celles-ci afin de redorer l'image de la ville, à laquelle est régulièrement associé un aspect vieillot.

"L'épisode de la Covid-19 a démontré que notre modèle était devenu obsolète. Le tourisme religieux restera important à Lourdes, mais nous devons développer aussi un modèle de tourisme culturel et de nature", n'hésitait pas à confier le maire Thierry Lavit quand nous abordions ce futur plan de relance avec lui.

Une maison des saisonniers à Lourdes

Mais ces 100 millions d'euros ne sont pas les premiers budgets débloqués pour la ville de Lourdes et son territoire pour contrebalancer les effets pervers de cette dépendance au tourisme. Matignon n'hésite pas à rappeler qu'entre mars 2020 et décembre l'État a débloqué plus de 175 millions d'euros de financement en tous genres. "Ces efforts ont permis de préserver l'écosystème, qui doit maintenant se transformer", juge le cabinet du Premier ministre, auxquels il faut ajouter la vingtaine de millions d'euros du conseil régional d'Occitanie apportés précédemment en soutien aux acteurs de ce territoire.

Une grande partie a été octroyée sous diverses formes aux acteurs économique, notamment à travers le fonds de solidarité (50 millions d'euros), les PGE (67 millions), France Relance (deux millions), avances remboursables, subventions, ou encore le report ou l'exonération des charges sociales et fiscales. Par ailleurs, le soutien aux saisonniers en inactivité sur cette période a également coûté près de 1,8 millions d'euros à l'État. Pôle Emploi estime que sur les 2.500 saisonniers que comptait la cité religieuse avant la crise, ils ne sont plus que 1.500 aujourd'hui, certains préférant changer de secteur d'activité. D'après l'Insee, le bassin d'emploi local est celui qui a subi la plus importante hausse de chômage en Occitanie depuis le début de la crise sanitaire, devant l'agglomération toulousaine et son bassin industriel.

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Ainsi, ce plan de relance pour Lourdes de 100 millions d'euros aura aussi pour objectif de pérenniser la "Maison des Saisonniers", qui n'était jusqu'à présent qu'un guichet unique au sein du Maison France Service inaugurée il y a peu à Lourdes.

"Ce dispositif proposera un accompagnement pour la recherche d'un logement et d'emploi, tout comme pour bénéficier des droits sociaux. L'objectif est également de faciliter l'accueil de ces travailleurs saisonniers dans un contexte de difficultés sur le recrutement pour les professions de l'hôtellerie et de la restauration. Notre objectif est également qu'il y ait un maximum de travail toute l'année pour ce public", justifie le préfet Rodrigue Furcy.

Pour cela, le Sanctuaire de Lourdes travaille notamment avec des partenaires locaux pour étaler la saison des pèlerinages de février à décembre en s'adressant à plusieurs continents, alors que cette période s'étale sur sept mois actuellement.

À retenir


  • 23

    Sur une centaine d'actions, ce sont celles jugées prioritaires par les financeurs du Plan d'Avenir pour Lourdes. Ce seront principalement elles qui bénéficieront des 100 millions d'euros.

  • 10.000

    C'est le nombre de chambres proposées par les 200 hôtels de la ville de Lourdes, dont 140 sont classés. Ils forment ainsi la seconde capacité hôtelière de l'Hexagone, après Paris.

  • 2,2

    C'est en millions le nombre de nuitées vendues par les professionnels du tourisme sur la ville de Lourdes en 2019, dernière année d'activité normale pour la cité religieuse. Depuis, l'activité a chuté de 80%.

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Commentaires 2
à écrit le 18/02/2022 à 9:01
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Une très bonne idée, merci beaucoup de nous en informer étant donné que si on pouvait nettoyer cette ville de tout ces petits magasins immondes qui ne tournent que du fait de la naïveté humaine, qui se touchent les uns les autres, qui font venir des ...

à écrit le 18/02/2022 à 1:50
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Les desseins de dieu sont impenetrables. On ne voit pas trop l'interet de cet article. A part les bigots, comme de bien entendu.

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