La Tribune : Comment évolue le métier de coach en Occitanie ? Combien en compte-t-on ?

Jennifer Trouchaud : Il est difficile de répondre pour la région Occitanie puisque nous ne disposons pas de données chiffrées au niveau régional mais seulement au national. Aujourd'hui, le métier de coach se développe énormément avec l'apparition de centres de formation accrédités. En 2017, nous étions plus de 3 000 à exercer cette activité en France. Aujourd'hui nous sommes nettement au-dessus. En Occitanie, l'activité se développe fortement et plus particulièrement à Toulouse où plusieurs centres de formation ont ouverts. Historiquement, nous avons l'école de Vincent Lenhardt, la personne qui a introduit le coaching en France dans les années 80. À Toulouse, cette école est le principal centre de formation des coachs professionnels, elle sort chaque année une promotion de 25 à 50 coachs. Un diplôme universitaire TSM (Toulouse School of Management) permet également de se former. Depuis l'année dernière, nous avons observé de plus en plus de centres de formation qui délocalisent leurs formateurs à Toulouse, preuve du dynamisme de la Ville rose et de l'Occitanie dans l'expansion du métier.

Comment se situe l'Occitanie par rapport aux autres régions ?

J. T. : Nous sommes bien situés. En terme de développement nous en avons eu un plus tardif que l'Île-de-France qui concentre l'essentiel de l'activité. Mais aujourd'hui, la région Occitanie se développe à la fois en terme de nombre de coachs, mais également en terme d'interventions, que ce soit du coaching de groupe, individuel ou en entreprise. Le métier se développe rapidement.

Quels sont les domaines phares du coaching en Occitanie ?

J. T. : Le coaching en entreprise et de dirigeants. Historiquement, le coaching s'est plutôt développé pour les organisations et les dirigeants. Nous avons beaucoup de coaching de groupe, de cohésion, de montée en performance des équipes, d'organisation, de prise de poste pour les personnes qui ont de nouvelles responsabilités, de management, etc. Ensuite, il existe de plus en plus du coaching individuel de particuliers qui souhaitent être accompagnés pour la recherche d'emploi, le repositionnement professionnel, la transition des études à la vie active, le passage de la vie active à la retraite, etc.

Quels sont les moyens mis à disposition de l'utilisateur pour vérifier "l'authenticité" d'un coach ? La profession est-elle régie ?

J. T. : Jusqu'à présent, la profession n'était pas réglementée. Aujourd'hui en France il y a trois fédérations qui régissent le métier : l'ICF (International coach federation), l'EMCC France (European mentoring and coaching council) et la SFCoach (Société française de coaching). Toutes les trois ont édité la charte déontologique du métier en 2012. Depuis deux ans, nous avons également un titre RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles). Il s'agit d'une reconnaissance forte de la profession. Dorénavant, les formations qui sont dispensées bénéficient d'un titre RNCP qui les valide. Ensuite, l'ICF et l'EMCC disposent de parcours de formation propres qui accréditent ou certifient les coachs qui ont suivi ces parcours. Nous avons un métier qui tend vers la réglementation. Avant, il était facile de se proclamer coach, mais plus le temps avance plus cela va devenir difficile : il y a des exigences clairement définies permettant d'identifier les professionnels qui ont suivi des cursus de formation spécifiques.

Pourquoi avoir décidé de lancer un annuaire de coachs avec l'association CoachPro Occitanie ?

J. T. : Justement pour permettre aux personnes à la recherche d'un coach en Occitanie d'identifier les professionnels qui respectent le code de déontologie et sont issus de formations accréditées. Tous les coachs référencés dans cet annuaire, disponible gratuitement sur le site de l'association, ont suivi un cursus de formation au coaching professionnel d'au moins 200 heures validées par un diplôme ou une certification, justifient d'un lieu de supervision pour leur pratique, exercent une activité de coaching régulière et ont une obligation de formation continue. Les coachs sont garants de l'image de marque du métier et le rôle de l'association est de leur donner envie de rentrer dans la profession par la bonne porte et de l'exercer dans les règles de l'art. En tant qu'association nous n'avons pas le pouvoir de réglementer la profession, mais nous pouvons identifier les personnes qui la pratique correctement. Notre volonté est de mettre en avant ces coachs qui respectent la réglementation.

Quel est le travail effectué par CoachPro Occitanie ?

J. T. : Nous sommes d'abord un lieu d'accueil pour toutes les personnes qui s'intéressent au coaching et au développement personnel. Pour les coachs en devenir ou déjà praticiens, nous sommes un lieu ressource. Nous partageons énormément à travers des groupes d'échange, ce qui n'est pas habituel dans un métier ou l'on est souvent indépendant et où on travaille seul. On permet aux coachs de se sentir moins isolés, de profiter de l'expérience des autres, de découvrir de nouvelles expertises et outils autour du coaching, d'être toujours informés sur ce nouveau métier où de nouvelles approches sont créées au fur et à mesure, etc. Mais avant tout, CoachPro Occitanie est un lieu de professionnalisation qui leur permet de monter en compétences, d'être certifiés et de renouveler leur certification.

Comment voyez-vous la profession évoluer dans les années à venir ?

J. T. : C'est un métier qui reste en plein essor, donc son évolution est encore grandissante. Il se renouvelle en permanence, sous des formes différentes. Il évolue avec les changements des méthodes et du monde du travail. ll a besoin de cet aspect réglementaire pour se renforcer et prendre toute sa puissance. On tend à être vu comme un métier à part entière. Depuis janvier 2019, le coaching est pris en charge par le CPF (Compte personnel de formation). Le titre RNCP fait de la profession un métier reconnu. Ces titres et droits, qui peuvent paraître anodins, étaient des manques cruels. En créant ce cadre, nous ferons taire les détracteurs du métier et nous renforcerons la puissance de l'accompagnement.