Le Stadium de Toulouse pourra-t-il accueillir la Coupe du monde de rugby 2023 ?

Y a-t-il un problème avec le Stadium ? Le 13 février, le journal Sud Ouest indiquait que le stade de l'île du Ramier ne respectait pas toutes les normes pour accueillir des matchs de la Coupe du monde de rugby 2023. Pire, les quatre matchs que devait accueillir la Ville rose pourraient être déportés au stade Matmut Atlantique de Bordeaux. Le vice-président de Toulouse Métropole en charge des Sports et maire de Balma, Vincent Terrail-Novès, étonné par ces révélations, réagit pour prendre la défense de Toulouse et de son Stadium.
Dans le cadre des travaux de rénovation prévus au Stadium, la Métropole veut acquérir du matériel de luminothérapie pour renforcer la pelouse.
Dans le cadre des travaux de rénovation prévus au Stadium, la Métropole veut acquérir du matériel de luminothérapie pour renforcer la pelouse. (Crédits : Rémi Benoit)

"Le Stadium de Toulouse pose des problèmes au comité d'organisation de la Coupe du monde de rugby 2023 prévue en France." Voilà ce qu'écrivait le journal Sud Ouest, mercredi 13 février. Le Stadium ne serait pas "aux normes exigées" par les organisateurs de la compétition qui se tiendra du 15 septembre au 4 novembre 2023 en France dans neuf villes hôtes (Villeneuve-d'Ascq, Saint-Denis, Nantes, Bordeaux, Nice, Saint-Étienne, Lyon et Marseille) dont Toulouse, qui devrait accueillir quatre matchs dont un du XV de France ou des All Blacks.

Mais le quartier général du Toulouse Football Club cumulerait des retards sur un certain nombre de normes imposées par Rugby World Cup (RWC). Sont mis en cause : la zone médicale qui serait trop petite et où rien n'est prévu pour accueillir l'exécution des protocoles commotion ainsi que les zones d'hospitalité, les loges et les places qui ne sont pas jugées suffisantes pour des prestations haut de gamme.

Un manque de réactivité ?

De plus, la municipalité toulousaine aurait été "alertée" de la situation par le Groupe d'Intérêt Public (GIP) France 2023. Ce dernier, présidé par Claude Atcher, déplorerait "un manque de réactivité de la Métropole dont le vice-président chargé des Sports est Vincent Terrail-Novès, fils de l'ancien entraîneur national." Face à ces révélations médiatiques, le principal concerné, Vincent Terrail-Novès se dit "étonné" et réfute toute forme d'inactivité reprochée à la Métropole.

"L'article nous reproche de ne pas avoir répondu à un courrier de la RWC, que m'a remis Claude Atcher le 1er février, et qui nous indiquait effectivement qu'il y avait des difficultés notamment au niveau des zones protocole commotion et médicale. Mais ce même courrier, qui m'a été remis à la main en attendant d'avoir un document plus substantiel, ne stipulait pas en quoi nous ne répondons pas aux normes ni ce qu'elles sont. Nous n'avons pas connaissance du cahier des charges et par exemple de la surface minimale exigée pour les locaux des zones commotion, médicale, etc. Il nous était donc difficile de faire des travaux alors que nous ne connaissions pas ce qui était techniquement demandé", explique le vice-président de Toulouse Métropole en charge des Sports.

Le calendrier évoqué par le journal aquitain est également source d'étonnement pour l'élu. Sud Ouest affirme que tous les stades devront être mis aux normes "lorsque le tirage au sort des groupes de la compétition sera effectué", soit en novembre 2020.

"Il n'y avait pas de calendrier, pas de deadline pour les mises aux normes du Stadium. Nous nous sommes engagés à le mettre aux normes et à remplacer, par exemple, l'écran géant, les bannières publicitaires, à acquérir du matériel de luminothérapie pour renforcer la pelouse, mais nous avons, en théorie, jusqu'en 2020-2021 pour le faire."

Bientôt un cahier des charges

Après le trouble causé par ces révélations, Toulouse Métropole a "sollicité" le directeur de la Coupe du monde 2023, qui aurait accepté de remettre à la municipalité "dans les jours à venir" un cahier des charges pour que "des propositions d'aménagements soient faites". "Les choses avancent. Une première partie m'a été envoyée, mardi 19 février, par Claude Atcher où il m'indique que nous recevrons bientôt les détails du cahier des charges", précise le maire de Balma.

"Nous nous sommes parlés avec Claude Atcher, qui lui-même a eu un entretien avec Jean-Luc Moudenc. Les choses sont rentrées dans l'ordre et sont apaisées. On ne peut pas reprocher au GIP de mettre en avant des incohérences dans les stades, mais il ne peut pas nous dire "Ça ne va pas, proposez quelque chose" sans nous indiquer dans quel sens aller. Par ailleurs, ça ne me choque pas que les yeux se portent sur Toulouse, qui est une grande ville de rugby, et qu'on s'interroge sur sa capacité à accueillir la coupe. Souvent, sur un terrain de rugby, vous avez un ballon qui rebondit mal, après plusieurs faux rebonds vous l'attrapez et partez pour marquer un essai qu'il faut ensuite transformer. C'est ce que nous essayons de faire. Nous avons eu une difficulté, un faux rebond. Nous avons saisi le ballon et essayons de marquer collectivement", illustre-t-il.

Par ailleurs, Claude Atcher a réaffirmé son soutien à la ville via Twitter.

Une communication commune pour rassurer

Dans la foulée, lundi 18 février, un communiqué de presse commun signé par Toulouse Métropole, la mairie de Toulouse, la Région Occitanie, le Stade Toulousain, la Ligue Occitanie de rugby et France 2023 a été rédigé afin de rassurer et rappeler "l'absolue importance pour la ville d'accueillir des matchs de la coupe du monde de rugby". Vincent Terrail-Novès tient, lui, à assurer que les travaux "seront faits pour la compétition". En 2016, déjà, à l'occasion de l'Euro (championnat d'Europe UEFA de football), des aménagements de l'ordre de 46 millions d'euros avaient été réalisés.

"Lorsque nous avons les éléments techniques, on trouve des solutions et nous sommes réactifs. Par exemple, le cahier des charges nous disait que la zone de ballon mort devait être de 5 mètres. Or, du fait de la disposition du stade, nous avons un décalage qui fait que les gradins sont légèrement enfoncés. Si on recule l'en-but à 5 mètres, on se retrouve avec 3 000 places en moins. Dès que nous avons eu connaissance de cette difficulté technique, nous avons fait, début janvier, des propositions qui ont été envoyées au GIP et transmises à RWC pour que nous ayons une dérogation à 4,25 mètres."

Des rencontres transférées à Bordeaux ?

L'article de Sud Ouest conclut en révélant que "si les travaux ne sont pas effectués dans les temps une partie des affiches prévues à Toulouse pourraient être jouées à Bordeaux", au sein du Matmut Atlantique, stade d'une capacité de 42 115 spectateurs contre 33 150 pour le stade de l'île du Ramier. Ce scénario cauchemardesque pour Toulouse, le vice-président de la Métropole ne veut pas y croire. Pour lui, tout sera prêt dans les temps : "Il n'y a pas de doutes là-dessus", assure-t-il, même si le prix de ces rénovations n'a pas, pour l'instant, été fixé.

"On est sur des aménagements mineurs, il ne faut pas entendre par-là des travaux qu'on ne va pas faire. Si on nous demande d'agrandir les zones commotion et médicale, une extension de la partie déjà existante en dur est possible, mais il faudra alors prévoir six à huit mois de travaux que nous financerons. On pourra les faire en 2020 ou 2021, afin que ce soit prêt en 2023. Dans une deuxième solution, on peut installer des locaux provisoires le temps de la compétition", se projette-t-il.

Quant aux retombées économiques de l'événement, il est encore trop tôt, là aussi, pour les déterminer. Cependant, dans une interview accordée à La Tribune lors de la désignation de la France en tant que pays hôte de la Coupe du monde, en novembre 2017, Vincent Terrail-Novès déclarait qu'elles seraient "au moins équivalentes à ce qu'elles ont été pour l'Euro 2016 en termes de tourisme et d'attractivité économique".

Pour rappel, à l'issue de l'Euro 2016, selon l'organisme Keneo et le Centre de droit et d'économie du sport de Limoges (CDES), l'impact économique a été évalué à 1,22 milliards d'euros au niveau national, avec des retombées théoriques de 24 millions d'euros par match (51 matchs joués au total). Un schéma comparable rapporterait en principe 96 millions d'euros à Toulouse, qui avait accueilli 4 matchs en 2016, soit le même nombre de rencontres prévues en 2023 pour la Coupe du monde de rugby.

Lire aussi : Stadium : un loyer revu à la hausse à la demande de la Cour des comptes

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