Les 40 qui font Toulouse (5/7) : Les "big boss" de la politique

Ce sont les personnalités les plus influentes de Toulouse. Chefs d'entreprise, élus, chercheurs, décideurs ou entrepreneurs, ils marquent de leur action la vie économique de Toulouse. Ils sont réunis dans un trombinoscope inédit par La Tribune Toulouse, en kiosque jusqu'au 22 décembre. Cinquième volet : "les "big boss de la politique".

Carole Delga, présidente de la Région Occitanie

Carole Delga

©photo Rémi Benoit

"Une présidente de terrain", "proche des citoyens". Au soir de son élection comme présidente de Région le 4 janvier 2015, la socialiste Carole Delga précisait ce qu'elle voulait incarner : l'image d'une gouvernance renouvelée. Pari réussi ? Il est trop tôt pour le dire mais ses équipes travaillent pour respecter une promesse : malgré la fusion des régions, 2016 ne doit pas être une année blanche. Pour rappel, plus de 600 politiques publiques issues des deux ex-régions doivent être harmonisées avant 2021 (c'est la loi qui l'impose). Le 14 décembre prochain marquera une étape importante avec la présentation de trois documents qui définiront la stratégie régionale : le schéma de  développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII), celui dédié à l'enseignement supérieur, à la recherche et à l'innovation (SRESRI), ainsi que le futur contrat de plan de développement des formations et de l'orientation professionnelle. "Nous avons agi", se félicite Carole Delga, qui évoque une première année de mandat "passionnante" et une fonction de présidente dans laquelle elle se sent "parfaitement à l'aise". Ses premiers mois de présidente de Région n'ont pourtant pas été sans difficulté. Une décision symbolique lui a valu une avalanche de critiques : le nom de la nouvelle région. La méthode de la consultation citoyenne sur une base de cinq propositions a fait grincer des dents chez ses opposants qui ont dénoncé une "erreur  historique" et une "méthode de consultation discutable". Elle se remémore également "un dialogue difficile avec certains Catalans".

Soutien de François Hollande
À 44 ans, Carole Delga a entamé il y a presque un an la deuxième partie d'une carrière politique qui s'est accélérée en 2014 au moment de son passage à Bercy. Secrétaire d'État chargée du Commerce, de l'artisanat, de la consommation et de l'économie sociale et solidaire en juin 2014, elle a beaucoup appris sur les rouages du gouvernement et sur le fonctionnement du ministère de l'Économie et des finances. D'autant qu'en un an aux responsabilités, elle aura connu Bercy à la fois sous Arnaud Montebourg et sous Emmanuel Macron. Pendant les douze mois où elle a été secrétaire d'État, Midi-Pyrénées n'a jamais été loin de ses pensées. Elle a multiplié les déplacements, écoutant ainsi un conseil politique donné par François Hollande au moment de sa nomination. Sa fidélité au président de la République est encore aujourd'hui sans faille : "Il y a certes un problème de communication entre la population et les actions menées, mais en politique, on doit avoir des valeurs et une éthique et ne pas agir en girouette. La loyauté et la fidélité sont primordiales. Je suis un soutien du gouvernement malgré les vents mauvais car je suis fière des valeurs socialistes."

Bernard Keller, maire de Blagnac

©photo Rémi Benoit

Fin novembre, il a fêté ses vingt ans de mandat à la tête de Blagnac et il est incontestable que Bernard Keller a donné à cette commune toute proche de Toulouse une dimension qu'elle n'avait pas à la fin des années 90. La ville sur laquelle est implanté l'aéroport de Toulouse (7 millions de passagers) compte 3 000 entreprises et gagne 1 500 emplois par an depuis 1999. Rien qu'en 2016, deux groupes majeurs, Safran et Akka Technologies, y ont installé leurs nouveaux locaux et Airbus Group y a inauguré son siège mondial. Dans le passé, il a parfois été reproché à cet ancien salarié d'Airbus d'avoir trop privilégié l'aéronautique dans les autorisations d'implantations d'entreprises. Certes, mais à l'heure d'inaugurer les bâtiments de ces groupes mondiaux, il n'y a pas plus fier et heureux que lui. Très proche des chefs d'entreprise et fondateur du Cercle d'Oc en 1993, l'élu PRG est également vice-président de Toulouse Métropole chargé de l'Aéronautique et de l'espace. Autant dire que la communauté aéronautique si puissante à Toulouse n'a pas de secret pour lui et qu'elle a sans doute d'ailleurs largement contribué.

Georges Méric
Président du Conseil général de la Haute-Garonne

©photo Rémi Benoit

Très politique mais pas seulement. Un an et demi après les élections départementales, Georges Méric exerce le style de pouvoir qu'il avait prévu d'avoir : investi dans les affaires publiques mais très attaché à préserver sa vie intellectuelle. Passionné de poésie, d'architecture et de philosophie, Georges Méric signe des éditos de haut niveau tranchant avec le niveau généralement requis dans ce type d'exercice. Dans le dernier numéro du magazine du Département, son éditorial se concluait ainsi par une citation de Spinoza : "Seul un homme guidé par la raison et éclairé par la connaissance est libre".  Le philosophe du 17e fait partie, avec Montaigne, La Boétie ou Erasme du panthéon personnel de Georges Méric qui explique comment, jeune médecin, il a versé dans la philosophie :

"À 30 ans, je n'avais fait que des mathématiques et de la médecine. J'ai lu d'abord Pic de la Mirandole puis Giordano Bruno accusé d'hérésie par l'Inquisition. Je suis particulièrement proches des auteurs libres penseurs qui proclament des valeurs humanistes et universalistes. Aujourd'hui, j'essaie d'inscrire mon action politique dans la continuité de cette philosophie."


Philosophe et pragmatique
Et concrètement que fait un adepte des Lumières à la tête d'un Conseil départemental ? Pour Georges Méric, c'est une évidence, il doit à la fois agir pour l'égalité des chances, la défense de l'emploi et la solidarité entre les territoires. Le Conseil départemental a ainsi voté cet automne la création d'une Société publique locale (SPL) pour le développement des territoires : "En comparaison avec la métropole de Toulouse, les territoires ruraux se sentent marginalisés et déclassés, explique l'élu socialiste. Haute-Garonne Développement permettra de préempter des terrains afin de créer de nouvelles zones d'activité et d'apporter un soutien en ingénierie aux communes. Nous devons avoir une action volontariste pour l'emploi et l'économie car c'est une façon, réaliste et pragmatique de défendre la République."
L'autre grand combat de Georges Méric est celui engagé pour la laïcité. Depuis le début de son mandat en mars 2015, il en a même fait un axe majeur de sa politique.  À la rentrée dernière un "parcours laïque et citoyen" destiné aux collégiens de 4e et 3e a été créé. "140 associations d'éducation populaire sont mobilisées pour sensibiliser et transmettre des principes et des valeurs de la République, permettant à chaque collégien de devenir un citoyen autonome, éclairé et responsable." Une façon très concrète de faire vivre les valeurs auxquelles croit cet homme politique exigeant, philosophe et pragmatique.

Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse
et président de Toulouse Métropole

©photo Rémi Benoit

C'est l'heure de la mi-mandat. Au printemps 2017, Jean-Luc Moudenc, 56 ans, fêtera sa troisième année à la tête de la 4e ville de France. Maire LR de Toulouse et président de Toulouse Métropole, il a été élu en avril 2014 en battant le maire sortant socialiste, Pierre Cohen, dans une ville qui, en 2012, avait voté à 62,5 % pour François Hollande. Plusieurs dossiers sont désormais sur le bureau du maire, notamment celui (colossal) de la 3e ligne de métro, une promesse de campagne de l'élu que beaucoup pensent irréalisable, et qui a pourtant mis en avant la pugnacité de Jean-Luc Moudenc.

La 3e ligne, une enjeu politique
La promesse d'une troisième ligne de métro reliant Colomiers à Labège en 2024 a probablement convaincu de nombreux Toulousains, excédés par les bouchons, de choisir Jean-Luc Moudenc en 2014. Le projet fait actuellement l'objet d'un débat public important, qui se terminera le 17 décembre. En juillet dernier, le maire a présenté un plan de financement de cette infrastructure énorme (le plan de mobilité de Toulouse Métropole est le plus important de France après Paris). Le coût de la ligne est estimé à 2,1 milliards d'euros, mais le montage financier comporte des zones d'ombre, selon ses opposants. Le tracé de cette ligne a également cristallisé les tensions entre Toulouse Métropole et le Sicoval pendant plusieurs mois. Un "accord politique" a finalement été trouvé en juillet pour qu'une ligne soit construite
entre Ramonville et Labège (prolongement de la ligne B). Cet accord a permis à Jean-
Luc Moudenc de se présenter comme un élu de consensus (à l'époque il affirme "donner son feu vert" car "chacun fait un pas vers l'autre"), même s'il faut que cet accord, politique, n'engage aucun financement de sa part.

Idéologiquement, qui est-il ?
Le positionnement politique de Jean-Luc Moudenc est parfois insaisissable. Historiquement, il se présente comme l'héritier de Dominique Baudis, dont il fut le conseiller municipal. Centriste par nature, selon ses propres termes, il a manifesté dans les rues de Toulouse contre le mariage pour tous en 2013. Jusqu'à maintenant, il a mené une politique sociale marquée par l'augmentation de 15 % des impôts locaux, la fin de la gratuité dans les cantines ou encore la baisse des subventions aux associations. Des mesures "assumées, même si elles sont impopulaires". Sur la politique en revanche, Jean-Luc  Moudenc joue la prudence et veut se consacrer aux affaires locales. Il a démissionné de son poste de député en 2014 et a quitté
la présidence de l'UMP 31 en 2015. Le maire de Toulouse n'a pas non plus souhaité prendre position officiellement dans le cadre de la primaire à droite, indiquant qu'il soutiendra le candidat choisi par les militants, et que ne pas prendre parti est synonyme "d'unité et de rassemblement". Sur le plan national enfin, la notoriété de Jean-Luc Moudenc est faible, mais il a pris l'année dernière la présidence de France Urbaine, association qui regroupe agglos, métropoles et grandes villes de France. Un poste clé, à l'heure de la réforme territoriale.

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