Pas d'augmentation des impôts au Sicoval mais un durcissement du plan d'économies

Métro, campus numérique, implantations d’entreprises, budget, Claude Ducert fait le bilan d’un an à la tête du Sicoval. Contrairement à Toulouse Métropole, la communauté d'agglomération du Sud-Est toulousain ne prévoit pas de hausse des impôts. En revanche, le plan d’économies internes va se durcir en 2016 et des services vont être supprimés. Dans cette interview, le président du Sicoval annonce également qu’il a choisi son successeur.
Claude Ducert, président du Sicoval

Jean-Luc Moudenc a fait voter par Toulouse Métropole une augmentation des impôts de 7,5 % en 2015 et 7,5 % en 2016, évoquant une situation proche du dépôt de bilan et afin de compenser la baisse des dotations de l'État. Comment l'analysez-vous ?
C'est son choix politique, je ne le juge pas. C'est tentant de donner un tour de vis fiscal mais, de notre côté, nous allons rester très modérés sur la fiscalité. Nos concitoyens en ont pris plein la figure au niveau fiscal et attendent surtout que l'on gère mieux la boutique. Aujourd'hui, il faut gérer les collectivités comme on gère les entreprises.

Comment le Sicoval a-t-il réagi à la baisse des dotations de l'État ?
La réduction des dotations de l'État nous impose des efforts. En 2015, nous avons réussi à n'augmenter les impôts que de 0,4 % et avons lancé un plan d'économie sur le budget de fonctionnement. Avec la diminution des jours de congés, la baisse du nombre de véhicules affectés au déplacement des personnels et la baisse de l'enveloppe globale des indemnités des élus, nous avons réussi à économiser 1,5 million d'euros et à équilibrer le budget. Passée cette opération de rabotage, je pense qu'en 2016, il va falloir trancher dans le vif. Des services qui ne sont pas indispensables vont être supprimés. Un groupe d'élus travaille sur ces questions et devra faire des propositions au conseil de communauté d'ici à la fin de l'été. La cour régionale des comptes avait souligné qu'entre 2006-2011, la masse salariale avait augmenté de 62 % hors transfert de compétences. L'époque où les intercommunalités embauchaient à tour de bras est finie. Parallèlement, nous cherchons à diminuer notre dette - un peu moins de 15 millions d'encours de dette hors voiries, ce qui est extrêmement raisonnable - dans la perspective du financement du métro. Nous allons devoir emprunter 75 millions d'euros pour le métro et nous devons présenter une bonne situation financière.

Le développement économique est-il toujours une priorité pour le Sicoval ?
Le développement économique est majeur pour le Sicoval. Sur ce point, les trois implantations (Thales, CEA Tech, Berger Levrault) annoncées ces derniers mois sont une très bonne nouvelle. Une quatrième implantation est en cours de négociations sur la zone de l'Innopole. Autres bonnes nouvelles, la réalisation de la base logistique de Lidl (48 000 m2 à Baziège) et le doublement de la surface du site de Coca-Cola. Nous avons des signes de reprise et de redémarrage de l'économie qui sont très positifs dans le contexte actuel.

Où en est la réflexion sur la création d'un campus numérique sur le site de Sanofi ?
Un travail est en cours concernant la création d'un pôle économique orienté TIC autour de l'IOT Valley et de Digital Place. Des discussions ont lieu avec Sigfox pour son déménagement, mais aussi avec d'autres groupes. Je ne citerai aucun nom tant que nous n'en sommes qu'au stade des hypothèses et des négociations.
Concernant le terrain, nous sommes en négociation avec Sanofi pour le rachat d'un terrain de 12 hectares mais, si ça ne se fait pas, nous avons encore 35 hectares disponibles ailleurs. Il y a quelques semaines, j'ai fait une offre de 8,5 millions d'euros. Sanofi juge cette offre trop basse mais elle est définitive. Elle correspond à l'estimation faite par la Direction nationale d'interventions domaniales qui a estimé le prix à 6,5 millions d'euros sans le métro et à 8,5 millions d'euros avec le métro. J'attends la réponse de Sanofi.

Quel est le projet de développement de l'Innopole ?
Nous voulons accélérer la politique d'attractivité de l'Innopole avec un projet global de transformation et nous faisons comme si le métro devait arriver. Si jamais le métro ne devait pas se faire, le projet irait peut-être moins vite mais il se ferait. La zone économique doit être rénovée, avec des modifications de la circulation et du stationnement. Une grande voie transversale dédiée aux piétons, aux vélos et aux petits bus sera créée. Globalement, nous voulons aller vers une proposition urbaine plus qualitative car nous voulons continuer à attirer de belles entreprises. Je précise que dans le Sud-Est de Toulouse il n'y a que le Sicoval pour accueillir des entreprises puisque la zone de Montaudran est fléchée logements et établissements publics.

Est-il toujours question de construire un bâtiment pour le nouveau siège du Sicoval ?
Non, nous ne sommes plus à une époque où l'on peut se permettre des fantaisies de ce genre. Il faut faire à l'économie. Nous avons acheté un bâtiment (actuellement occupé par Berger Levrault près de Pôle Emploi) à un prix très intéressant : 282 euros/m2. Nous faisons actuellement une étude pour connaître le prix de sa mise à niveau.

L'enquête publique sur le PLB entre Ramonville et Labège est finie. La commission d'enquête désignée par le Tribunal administratif de Toulouse doit rendre son avis au préfet. Savez-vous quel sera cet avis ?
Non, je ne le sais pas. Les trois commissaires enquêteurs ont fait un travail très sérieux. Ils viennent de nous adresser une dizaine de questions complémentaires, essentiellement techniques (accès à l'Innopole, acoustique, etc.), auxquelles nous allons répondre conjointement avec la Smat et le SMTC. À mon avis, l'enquête publique sera positive mais cela ne préjuge pas de la décision qui sera prise par le SMTC.

La participation des citoyens a-t-elle été significative ?
Au cours de cette enquête publique, nous avons eu 4 700 interventions adressées à la préfecture dont seulement 50 opposées au métro. La création de l'Association pour le prolongement de la ligne B a été très positive et a permis de manifester une forte mobilisation à la fois des citoyens et des entreprises. Certains chefs d'entreprise ont même pris l'initiative d'aller voir Jean-Luc Moudenc pour le convaincre.

Si l'avis est positif, quel sera le calendrier ?
Le préfet aura deux mois pour se prononcer puis la balle sera dans le camp du SMTC (présidé par Jean-Michel Lattes, premier adjoint au maire de Toulouse, NDLR). Techniquement, je peux vous dire que tout est prêt dans le détail. Les appels d'offre pourraient être lancés en fin d'année pour des travaux qui pourraient démarrer début 2016 et une mise en service en 2020-2021.

Vous avez rencontré le président du Conseil départemental de la Haute-Garonne Georges Méric et avez souligné ensemble "le caractère indispensable de cette infrastructure qui est prioritaire sur tout autre projet de transport urbain dans l'agglomération toulousaine". Il y a un front anti-Moudenc sur les questions de transport ?
Le Département est clairement notre allié dans cette affaire, sans dire que la Métropole est notre adversaire. Nous sommes soucieux de ne pas couper les ponts avec la Métropole. Entre le Sicoval et Toulouse Métropole, il n'y a qu'une frontière symbolique. Une de nos écoles les plus prestigieuses, l'INP est même à cheval sur les deux territoires et nous avons adhéré à l'Établissement public foncier.
Je ne pense pas qu'il n'y aura pas de bagarre sur la question du PLB. J'espère que Jean-Luc Moudenc et Georges Méric finiront pas se mettre autour d'une table. Je suis prêt de mon côté à rencontrer Jean-Luc Moudenc s'il le souhaite. Je sais qu'actuellement il rassemble tous les éléments pour établir sa position. De mon côté, je pense qu'il ferait une erreur politique en annulant le prolongement de la ligne B qui rendrait bien des services aux Toulousains. Je rappelle que 46 % des gens qui travaillent à Labège vivent et votent à Toulouse.

Un peu plus d'un an après votre élection, quel est votre bilan ?
J'ai réussi à faire travailler ensemble des élus de toutes les obédiences politiques : PS, UMP, DVD, EE-LV, non-inscrits. Il y a des discussions mais pas d'affrontements violents. Il a fallu pacifier le dialogue, harmoniser les politiques et élaborer un programme politique commun. Je travaille en parfaite harmonie avec la vice-présidente à l'Économie Mireille Garcia et nous sommes parvenus à poursuivre un développement économique actif.

Dès votre élection, vous aviez annoncé que vous n'achèveriez pas votre mandat et vous alliez réfléchir à votre succession. Avez-vous changé d'avis ?
Même si certains aimeraient me voir finir mon mandat, je maintiens ma position. À mon âge (80 ans), ce ne serait pas raisonnable, l'âge est là. Je quitterai la mairie de Labège en mars 2016. Pour ce qui concerne le Sicoval, la date n'est pas décidée mais en aucun cas je ne dépasserai la mi-mandat.

Qui vous remplacera à la présidence du Sicoval ? Le casting est-il en cours ?
Le casting est fini ! J'ai choisi celui qui, de mon point de vue, devrait me succéder. Je discute avec lui actuellement. Il y aura ensuite une élection.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.