Un an à la mairie de Toulouse, quel bilan pour Jean-Luc Moudenc ?

Le 30 mars 2014, l'UMP Jean-Luc Moudenc battait le socialiste Pierre Cohen avec 52 % des voix. Depuis un an, le maire de la Ville rose a lancé une série de réformes dont il est encore difficile de prendre la mesure. Son équipe met la dernière main à son premier budget, celui qui éclairera vraiment la nature de ses choix. Politiquement, cet anniversaire est marqué par la défaite de la droite aux départementales, élection dans laquelle Jean-Luc Moudenc s’était personnellement investi.

La consigne est claire au Capitole : pas d'interview ni de prise de parole sur le bilan de la première année de la droite au Capitole avant la fin avril. Jean-Luc Moudenc, pourtant élu le 30 mars, a fait le choix de célébrer cet anniversaire le 24 avril, jour de son élection à la présidence de Toulouse Métropole. Il n'accorde donc aucune interview sur ce thème et a fait passer la même consigne à ses élus. Une conférence de presse est prévue fin avril, rien d'ici là.

Revers électoral

Si Jean-Luc Moudenc ne souhaite pas s'exprimer sur son bilan, ses opposants, eux, ne s'en privent pas, d'autant qu'ils ont tôt fait d'associer la défaite de la droite hier en Haute-Garonne à un échec personnel du maire de Toulouse. Fort de son élection aux législatives en 2012 puis aux municipales en 2014, Jean-Luc Moudenc s'est en effet peu à peu imposé comme le chef de file de la droite départementale voire régionale. Il s'était fortement impliqué dans les sénatoriales de septembre 2014 (avec succès) puis dans la préparation des listes pour les départementales de mars, œuvrant notamment pour un rassemblement de toute la droite UMP, UDI et Modem. Le revers subi par son camp lors du scrutin d'hier (6 élus sur 54 au Conseil départemental) lui revient assez logiquement en boomerang.

"Jean-Luc Moudenc est dans une impasse"

Selon Claude Raynal, sénateur et président du groupe socialiste à Toulouse Métropole, "les résultats des élections départementales constituent un désaveu cinglant pour la droite et le centre dans leur ensemble et Jean-Luc Moudenc en particulier. Il a pris la tête de ses troupes pendant cette campagne et les électeurs lui ont donné un carton rouge." Une analyse partagée par  Pierre-Nicolas Bapt, secrétaire général du PRG 31, qui estime que le maire de Toulouse a "fait une faute politique en municipalisant le débat" et qui dénonce par ailleurs le choix qui a été fait de "mettre la sécurité en tête des priorités pour les départementales".

De son côté, Georges Méric, nouvel homme fort de la gauche départementale et probable successeur de Pierre Izard à la présidence du Conseil départemental, estime que depuis un an "Jean-Luc Moudenc a fait des fautes politiques, notamment la remise en question du prolongement de la ligne B du métro toulousain".

Quant à Pierre Cohen, qui a quitté le Capitole sonné par l'échec de la gauche aux municipales, il fait un bilan sans appel. "Depuis un an, il n'a défini aucun projet pour la métropole. Il enchaîne les séminaires mais rien n'est annoncé. Tout est au point mort, je pense au Pex (Parc des Expositions), qui est pourtant un projet très dynamique pour l'économie, ou au PDU (Plan de déplacements urbains). La 3e ligne de métro ne se fera pas car il ne pourra pas la financer et Jean-Luc Moudenc est dans une impasse. Tout cela ne me fait pas plaisir, cela me désole."

Procès en centrisme

Les communistes dénoncent eux aussi la première année de mandat de Jean-Luc Moudenc. Début mars, l'élu communiste Pierre Lacaze a accusé le maire UMP d'être "devenu le représentant de la droite dure toulousaine", dénonçant l'embauche de policiers municipaux au détriment d'agents des écoles, des crèches, des espaces verts et des services sociaux culturels. Rebondissant sur la volonté de gouverner au centre annoncée il y a un an par Jean-Luc Moudenc, Pierre Lacaze estime : "On est bien loin du discours d'investiture dans lequel il affirmait se situer dans la lignée de Dominique Baudis, avec une gestion apolitique, pragmatique et centriste."

Même type d'argumentaire du côté d'Europe Écologie-Les Verts. Régis Godec, conseiller municipal de Toulouse et conseiller communautaire à Toulouse Métropole, estime que Jean-Luc Moudenc, "malgré son habileté à montrer un profil accommodant, donne uniquement des gages à la droite. Sa politique est très éloignée de qu'aurait fait Dominique Baudis", l'ancien élu de Toulouse dont le maire actuel se réclame. "Il faudrait tomber le masque maintenant, poursuit Régis Godec. Qu'il arrête de dire qu'il ne fait pas de politique politicienne alors qu'il a la gestion d'un secrétaire général de l'UMP 31." Et de laisser entendre que la composante centriste des élus de la majorité municipale n'était pas très à l'aise avec le tour pris par les choix politiques du maire.

"Non, Jean-Luc Moudenc ne se ménardise pas"

"Faux", rétorque Jean-Luc Lagleize, président du Modem 31. Adjoint au maire de Toulouse, celui-ci accepte de répondre à nos questions "mais en tant que chef de parti", prend-il soin de souligner, "pas en tant qu'adjoint au maire..."

"Quand j'entends dire que Jean-Luc Moudenc se ménardise, ça me fait rire. Que je sache, c'est quand même le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a annoncé une dotation de policiers supplémentaires pour Toulouse. Tout le monde veut plus de sécurité. Il n'y avait que Pierre Cohen pour dire que ça ne le concernait pas. Jean-Luc Moudenc est quelqu'un d'extrêmement humaniste. Avec le centre, depuis un an, il a fait en sorte que la parole donnée soit respectée. Il a pris trois engagements qui étaient majeurs pour nous et qu'il a suivi : la démocratie de proximité (avec les mairies de quartiers), l'intervention modérée de la vidéosurveillance dans l'espace public et le développement des transports en commun. Tous les engagements de campagne ont été tenus."

Au soir du 10 avril, on peut penser qu'il y aura davantage d'éléments pour tirer un premier vrai bilan. Ce jour-là, le budget sera présenté en conseil municipal. Intégrant la baisse drastique des dotations de l'État (jusqu'à 234 millions d'euros pour Toulouse entre 2014 et 2020), ce premier budget de l'ère Moudenc devrait être marqué par un vaste plan d'économies.

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