Chaque année, des milliers de personnes sont atteintes d'une lésion de la moelle épinière. Si aucun traitement efficace n'existe à l'heure actuelle, une solution pourrait être d'utiliser des cellules souches pour fabriquer de nouveaux neurones et traiter ces lésions. Pour réaliser cet ambitieux objectif, il faut d'abord comprendre comment se forment ces neurones.
À Toulouse, une équipe du Centre de biologie du développement du CNRS travaille justement sur cette question. Angie Molina Delgado, l'une des chercheuses, vient d'ailleurs de recevoir la bourse L'Oréal Unesco 2015 pour les femmes et la science : une somme de 20 000 euros qui devrait lui permettre de poursuivre sa carrière et de valoriser ses travaux de recherche.
Une colombienne à Toulouse
Née en Colombie en 1984, Angie Molina Delgado a obtenu un master en sciences biologiques à Bogota qui lui a donné l'opportunité de réaliser un stage à Metz de 2006 à 2007. "J'ai appris le français sur place et j'ai vu un système qui m'a plu. J'ai décidé de faire ma thèse en France", raconte-t-elle. De retour en Colombie, elle obtient une bourse gouvernementale pour financer son projet et rejoint l'institut Cochin à Paris en 2010. Là, elle étudie pendant 4 ans le rôle de la protéine ATIP3 dans la migration et les métastases du cancer du sein. En septembre 2014, Angie Molina Delgado devient docteur en biologie cellulaire. Quelques mois plus tard, la jeune scientifique pose ses bagages au Centre de biologie du développement du CNRS à l'université Toulouse III - Paul Sabatier.
"Je ne pensais pas forcément faire mon post-doctorat en France mais j'ai trouvé le projet de recherche intéressant, explique-t-elle. Pendant ma thèse, j'ai beaucoup observé le déplacement des cellules cancéreuses. Ici, j'étudie comment les cellules souches neurales se comportent dans une structure qui deviendra la moelle épinière. Je regarde à quel moment les cellules deviennent des neurones. L'objet de mes recherches est de déterminer comment une cellule souche devient un neurone."
Comprendre la recette
Pour cela, Angie Molina Delgado étudie plus précisément la durée du cycle cellulaire. "On imagine qu'il y a des cycles différents en fonction de la production de nouvelles cellules souches ou de neurones."
Pour l'instant, les premiers résultats sont trop hétérogènes pour aboutir à des conclusions. La scientifique estime qu'il lui faudra au moins deux années de recherches et d'accumulation de données pour parvenir à ses fins. "Des explications existent pour le cycle cellulaire dans le cerveau et la moelle osseuse, précise-t-elle. Nous voulons savoir s'il est possible d'extrapoler pour la moelle épinière."
À terme, l'objectif est de faire progresser les traitements des lésions de moelle épinière. "Si nous sommes capable d'expliquer comment la cellule devient un neurone, on pourra fabriquer ces neurones à partir de greffes de cellules souches neurales, assure-t-elle. Dans un monde idéal, j'aimerais ensuite chercher comment réaliser ces greffes, mais je sais que, de la paillasse au patient, le chemin se mesure en dizaines d'années."
D'ici là, Angie Molina Delgado sera sûrement rentrée en Colombie, où elle espère trouver un poste de maître de conférence dans son université de Bogota, tout en conservant des collaborations avec la France pour des projets de recherche.
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