Quelle est votre vision de la banque du futur ?
Le numérique transforme tout et c'est une opportunité. Tous les business models  doivent intégrer ce paradigme. Notre stratégie prend à la fois en compte la rupture technologique (l'influence du digital qui est effective et de façon transversale à tous les niveaux) et le besoin d'une relation client à valeur ajoutée avec encore plus d'expertise.

L'avenir des banques est-il dans le 100 % online ?
Quelle que soit la clientèle, il faut devancer les besoins en matière d'offre digitale (communication, transactions, opérations bancaires) mais je suis aussi convaincue que le contact humain (direct ou par visioconférence par exemple) est indispensable et doit même se renforcer. Le réseau s'adaptera mais je ne vois pas du tout la disparition des agences.

Comment cette vision se traduit-elle pour le réseau des agences ?
Le réseau de BNP Paribas est constitué des agences, mais aussi des centres d'affaires, des centres de banque privée, des maisons des entrepreneurs, des Pôles Innovation, etc. En 2014, nous avons lancé Préférence Client, un programme de transformation de la relation client et du réseau, assorti d'un plan d'investissement de 210 millions d'euros, qui sera entièrement déployé d'ici à l'été 2016 pour le volet relation client et 2019 pour le volet immobilier. Nous spécialisons nos agences (agences projets avec des experts, agences conseils, agences express) avec l'objectif d'offrir plus de services, plus d'expertise au sein d'agences elles-mêmes plus transparentes et plus connectées.

Quels sont vos objectifs à l'égard des entreprises ?
Je pense que le réseau doit intégrer une idée nouvelle et structurante : au-delà de notre rôle de financeur de l'économie qui est évident, nous pouvons jouer un rôle de connexion. Nous avons ainsi lancé en septembre le programme "Innov&Connect", le premier programme bancaire dédié à l'innovation pour connecter les startups et les entreprises de taille intermédiaires (ETI) avec pour objectif de favoriser leur croissance respective. 8 binômes (ETI/startups) ont ainsi initié un travail de coconstruction au niveau national et, à Toulouse, les Laboratoires Pierre Fabre travaillent en open innovation avec la startup Feeligreen. Nous sommes déjà en train de sélectionner d'autres startups pour une prochaine saison. Le tout doit se passer au sein de l'écosystème qui est clé dans le succès des startups. Il est indispensable de penser collectif et d'arrêter d'opposer les mondes, c'est une idée à laquelle je tiens beaucoup ! C'est dans cet esprit que nous avons noué, par exemple, un partenariat avec l'IoT Valley créée par Ludovic Le Moan (Sigfox). La France a une véritable avance dans l'internet des objets et nous voulons accompagner la croissance de cette filière majeure.

Comment souhaitez-vous soutenir l'entrepreneuriat innovant ?
Nous continuons à créer des Pôles Innovation (dont un existe à Toulouse) et nous avons investi 21,9 millions d'euros dans des fonds d'amorçage (dont 7 millions d'euros dans des fonds RSE) en 2014. Nous avons également inauguré les WAI (We Are Innovation) Paris et Massy-Saclay, deux lieux dédiés à l'hébergement proactif des startups et qui favorisent la croissance des ETI et des startups. Parallèlement, nous avons lancé plusieurs initiatives en partenariat avec Ulule et Wiseed pour accompagner l'éclosion du financement participatif. Nous réunissons régulièrement l'écosystème de l'innovation et nous le faisons très prochainement à Toulouse avec l'exposition Wave, qui explore les nouvelles tendances de l'innovation, dont le levier est l'ingéniosité collective et ses cinq courants : cocréation, économie du partage, mouvement des makers, économie inclusive et économie circulaire.

Quels sont vos objectifs en termes d'acquisition de nouveaux clients entreprises ?
Nous comptons 3 ETI sur 4 parmi nos clients entreprises et 1 PME sur 4. Notre objectif est d'acquérir 5 000 nouveaux clients PME par an. Dans le cadre de notre plan stratégique "BNP Paribas entrepreneurs 2016", nous avons notamment mis à disposition des entreprises une enveloppe minimale de 10 milliards d'euros par an en 2014 et 2015 pour financer leurs investissements et leur cycle d'exploitation.