Les 40 qui font Toulouse (4/7) : les "big boss de l'économie"

Ce sont les personnalités les plus influentes de Toulouse. Chefs d'entreprise, élus, chercheurs, décideurs ou entrepreneurs, ils marquent de leur action la vie économique de Toulouse. Ils sont réunis dans un trombinoscope inédit par La Tribune Toulouse, en kiosque jusqu'au 22 décembre. Quatrième volet : "les "big boss de l'économie".
Anne-Marie idrac, Jean-Claude Maillard, Fabrice Brégier, Didier Suberbielle, Olivier Sadran, Bertrand Parmentier, Raymond Le Moign

Fabrice Brégier, directeur général délégué d'Airbus

1er vol A350-1000, Fabrice Brégier

© Rémi Benoit

Fabrice Brégier poursuit son ascension. À 55 ans, et à la faveur d'une nouvelle réorganisation d'Airbus Group annoncée en septembre (qui prévoit plus de 1 000 suppressions de postes), il deviendra, le 1er janvier 2017, directeur général délégué d'Airbus. À cette date, les entités Airbus Group et Airbus auront fusionné, faisant de lui l'un des plus hauts cadres de l'industrie aéronautique mondiale. Il travaillera toujours sous l'autorité de Tom Enders, président du groupe. "En qualité de COO, Fabrice Brégier assumera des responsabilités pour l'ensemble du groupe, parmi lesquelles la redéfinition des opérations digitales (la partie essentielle du programme de transformation du groupe), la chaîne d'approvisionnement globale et la qualité", expliquait un communiqué au moment de l'annonce.

Une marque unique Airbus sera alors appliquée à toutes les entités du groupe. Pour rappel, c'est en janvier 2012 que Fabrice Brégier avait été nommé au poste de CEO d'Airbus. À cette époque, Airbus Group s'appelait EADS et, déjà, Tom Enders ne doutait pas de ses capacités à prendre les rênes de la plus grosse filiale du groupe (70 % du chiffre d'affaires total). "C'est un des managers les plus expérimentés du groupe, il a dirigé MBDA, Eurocopter, il est DG d'Airbus depuis plus de quatre ans. Je vois peu d'autres dirigeants du groupe EADS qui aient une telle expérience", déclarait-il alors.

Plusieurs défis
Homme de poigne, discret et ferme, Fabrice Brégier doit gérer plusieurs défis : la réussite de la montée en cadence, la poursuite et la réussite des développements de l'A350 et de l'A330neo et la transformation d'Airbus sur le plan opérationnel. Interrogé par La Tribune en juin dernier sur son bilan (dix ans chez Airbus, six comme directeur général, puis quatre en tant que PDG), il répond :

"Parmi les défis que nous avons relevés, je citerais notamment la remise sur pied du programme A380 et le lancement de l'A350 dans un contexte difficile pour Airbus, mais jugé depuis comme l'un de ceux qui ont été les mieux conduits. Parallèlement, Airbus s'est développé à l'international, notamment en Chine et aux États-Unis, avec l'implantation de la chaîne d'assemblage de Mobile [pré carré de Boeing, ndlr]. Ces dernières années ont également été marquées par des succès commerciaux importants, avec plus de 4 000 commandes nettes engrangées au cours de ces trois dernières années. Ce chiffre représente plus du double des avions livrés pendant la même période."

Prochain rendez-vous pour Fabrice Brégier : l'annonce des résultats 2016. Cette année, Boeing pourrait faire mieux en matière de livraisons avec un objectif de 750 avions livrés contre 670 pour Airbus.

Lire aussi : Plan social chez Airbus : les élus locaux soutiennent la direction du groupe

Anne-Marie Idrac, présidente du conseil de surveillance de l'Aéroport Toulouse-Blagnac

Anne-Marie Idrac

© Rémi Benoit

Personne ne l'attendait là. À 65 ans, Anne- Marie Idrac est depuis le 5 mai 2015 présidente du conseil de surveillance de l'Aéroport Toulouse-Blagnac, passé sous pavillon chinois depuis que le consortium Casil Europe a racheté 49,99 % des parts à l'État. Celle qui a réalisé une carrière de femme politique et de cheffe d'entreprise a prévenu d'emblée : "Je ne suis ni potiche, ni caution morale." L'ancienne présidente de la RATP et de la SNCF assure avoir été choisie par l'actionnaire pour "faire réussir ce partenariat France-Chine". Une mission contrariée depuis que le combat autour de la vente de l'aéroport a basculé cet été sur le terrain judiciaire. Le collectif d'opposants a saisi le tribunal afin d'obtenir une copie du pacte d'actionnaires.

Après plusieurs rebondissements, la justice a refusé et l'assemblée générale actant le reversement aux actionnaires de 15 millions d'euros a finalement eu lieu à huis clos cet automne. Une petite victoire pour Anne-Marie Idrac, mais qui ne présage pas encore d'un partenariat réussi. Les travaux de modernisation, qui se dérouleront à l'aéroport jusqu'en 2020, financés par un programme d'investissement de 102 millions d'euros, seront suivis de près.

Lire aussi: Le maire de Toulouse révolté face aux déclarations d'Arnaud Montebourg sur l'aéroport

Olivier Sadran, coprésident de Newrest et président du TFC

olivier sadran

© Rémi Benoit

Autodidacte, entrepreneur, sportif. Trois mots qui livrent quelques pistes sur la personnalité d'Olivier Sadran, l'aussi emblématique que discret patron toulousain. Celui qui a fondé sa première boîte à tout juste 20 ans en livrant des paniers repas à des ouvriers du bâtiment à l'arrière de sa voiture dirige aujourd'hui la société Newrest, second acteur mondial du catering aérien, et pointe à la 217e place des plus grandes fortunes de France selon le dernier classement de Challenges, avec une fortune estimée à 320 millions d'euros. Une success story 100 % made in Toulouse, puisqu'Olivier Sadran, né à Colomiers en 1969, est resté fidèle à sa région. C'est à quelques rues de la place du Capitole en effet, que se situe le siège social de Newrest, créée en 1996 sous le nom de Catair. L'entreprise, qui compte aujourd'hui 30 000 salariés dans 48 pays, a enregistré un chiffre d'affaires d'1,69 milliard  d'euros en 2015-2016.

Olivier Sadran, qui revendique son parcours autodidacte, aime le sport dans la vie - un voilier aux couleurs de Newrest s'est élancé dans le Vendée Globe 2016 - et les combats en affaires, mais garde la réussite modeste, ne manquant jamais une occasion de mettre en avant "les gens très structurés et compétents qui l'entourent à la direction de Newrest". Lui se définit comme "un patron opérationnel, toujours proche du terrain". Une clé pour comprendre cette entreprise, qui réalise près de 75 % de son activité à l'étranger, et qui en dit long aussi sur le type de management qu'il prône.

Le dernier coup d'éclat de Newrest est un contrat colossal de près d'un milliard d'euros décroché en 2013 auprès de la SNCF pour assurer la prestation de restauration dans l'ensemble des TGV en France. Depuis, l'entreprise toulousaine a aussi été choisie par la compagnie nationale pour les services de logistique des trains TGV, IDTGV, Intercités et Alleo. Un contrat de 120 millions d'euros.

Du côté du club de foot du TFC qu'il a repris en 2001, les affaires sont plus difficiles : le club réalise un bon début de saison après avoir évité la  relégation de justesse en fin de saison 2015-2016 mais il est toujours déficitaire. À la manœuvre, Olivier Sadran a annoncé à la rentrée une nouvelle stratégie et des objectifs ambitieux : dégager 5 à 6 millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires sur l'année. Pour cela, il a mis en place une nouvelle gouvernance en confiant à Jean-François Soucasse la présidence déléguée et à Florence Vallée la direction générale adjointe.

Lire aussi : Un nouveau contrat de 120 millions d'euros entre Newrest et la SNCF

Didier Suberbielle, président du directoire de Nutrition et Santé

© Rémi Benoit

Qui connaît les cinq vies de Didier Suberbielle ? À 54 ans, le président du directoire de Nutrition et Santé depuis 2006 n'a pas consacré toute sa carrière à la diététique... Toulousain, diplômé d'HEC Paris, il commence sa carrière chez Procter & Gamble où il restera dix ans en France et en Espagne dans les branches hygiène, beauté et pharmacie.

Tenté en parallèle par l'aventure entrepreneuriale, il cofonde en 1990 Parashop, première chaîne de parapharmacies en France qui compte 69 boutiques. En 1995, il rejoint LVMH et l'univers du luxe et devient directeur marketing international de Moët & Chandon puis PDG des champagnes Pommery. Sa carrière suit un autre grand virage en 2002, lorsqu'il devient PDG des publications Condé Nast France jusqu'en 2006. Cette date marque son retour dans le Sud-Ouest pour succéder à Alain Chatillon, fondateur de Nutrition et Santé.

Entrée en 2009 dans le giron du japonais Otsuka Pharmaceutical et à coups de rachats successifs, l'entreprise de Revel est désormais leader européen de l'alimentation diététique, avec un chiffre d'affaires de 420 millions d'euros en 2015
et 1 800 salariés.

Lire aussi : Nutrition & Santé racheté par un groupe japonais. Fort développement en perspective

Bertrand Parmentier, directeur général de Pierre Fabre SA

bertrand parmentier

© Rémi Benoit

En 2013, au lendemain de la mort de Pierre Fabre (le fondateur du laboratoire français éponyme), la nomination de Bertrand Parmentier à la direction générale du groupe avait créé la surprise. Elle traduit en réalité l'attachement particulier qui lie ce groupe à ses cadres. Car entre Bertrand Parmentier et les laboratoires Pierre Fabre, l'histoire ne date pas d'hier. Elle commence en 1991 lorsque ce diplômé d'HEC est nommé directeur financier des Laboratoires Pierre Fabre. Promu en 1996 directeur général délégué en charge des finances et des systèmes d'information, il restera dans l'entreprise jusqu'en 2008.

Au bout de dix-huit ans, il quitte le laboratoire pour rejoindre l'équipementier Latécoère en tant que directeur financier. Il en deviendra directeur général, puis président du directoire en 2013... quelques semaines seulement avant le décès de Pierre Fabre. C'est à ce moment-là que Bertrand Parmentier est rappelé. À 61 ans, il est, depuis, l'un des hommes forts du deuxième laboratoire pharmaceutique indépendant français (2,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2015 dans 130 pays). Quelques mois après sa prise de fonction, il a porté le plan "Trajectoire 2018" dont l'objectif est de réorganiser la branche pharmaceutique qui a perdu 100 M€ de chiffre d'affaires depuis 2009. À la clé, 575 suppressions de postes et des priorités thérapeutiques redéfinies.
Le groupe Pierre Fabre donne désormais la primeur à l'innovation en matière d'oncologie, de dermatologie, d'oncodermatologie et de système nerveux central. Le laboratoire a déjà lancé un fonds dédié à l'innovation.

Raymond Le Moign, directeur général du CHU de Toulouse

©photo Rémi Benoit

En quittant la vie parisienne pour Toulouse après sa nomination à la tête du CHU fin 2015, Raymond Le Moign s'est senti "déçu en bien... donc très content". Ce proche de Marisol Touraine - il était directeur adjoint du cabinet de la ministre depuis 2013 - avait en effet passé plusieurs années à réfléchir à la mise en œuvre des politiques de santé au sein de la haute autorité de santé puis à la direction générale de l'offre de soins. Il décrit son arrivée dans la Ville rose comme "un retour au terrain et à la vraie vie". De nouveaux challenges l'occupent désormais à la direction du 4e CHU de France, premier employeur public de la métropole avec 11 744 salariés. Il reprend le flambeau de Jacques Léglise et trouve un CHU endetté (15 millions d'euros de déficit en 2015). Une situation qui s'explique par 1 milliard d'euros de dépenses enregistré ces cinq dernières années après de lourds investissements, notamment la construction de l'hôpital Pierre-Paul Riquet à Purpan. Mais il reste optimiste, avec un retour à l'équilibre annoncé à horizon 2018, grâce à des cessions d'actifs qui devraient rapporter entre 2,5 et 4 millions d'euros. La première vente a déjà été conclue, pour un montant resté confidentiel. Elle concerne l'ancien Institut Claudius Regaud, cédé au promoteur Kaufman & Broad. L'autre grand chantier concerne la candidature de Toulouse pour accueillir l'équipement de protonthérapie. Un sujet pour lequel Raymond Le Moign devra monter en première ligne face à Montpellier, elle aussi candidate.

Lire aussi : Protonthérapie : "l'appel à candidatures doit être lancé avant la présidentielle de 2017"

Jean-Claude Maillard, PDG de Figeac Aéro

©Rémi Benoit

Liberté et indépendance d'esprit sont un peu l'alpha et l'oméga de Jean-Claude Maillard, fondateur et dirigeant de Figeac Aéro, une ETI cotée en Bourse qui emploie 2 000 personnes. Ce "patron électron libre", dont la liberté de ton tranche dans le secteur millimétré de l'aéronautique, a un parcours mouvementé. C'est un concours raté pour entrer à l'Éducation nationale, au lendemain du service militaire, qui a poussé le jeune homme de famille modeste à devenir ingénieur plutôt que professeur.

Diplômé de l'École nationale d'ingénieurs de Tarbes et après quelques années passées chez Forest-Liné puis Ratier-Figeac, Jean-Claude Maillard a décidé assez jeune de voler de ses propres ailes en montant son entreprise. Il est aujourd'hui l'une des plus grosses fortunes professionnelles d'Occitanie, selon le classement Challenges. Pionnier en matière de performance industrielle, il a investi 38 M € dans une usine ultra-moderne à Figeac et 16 M € pour la R&D appliquée à l'usine du futur. Il a aussi remporté courant 2016 plusieurs contrats, dont deux de 16 M € avec Safran et Rolls Royce.

Aujourd'hui, Figeac Aéro est référencée par les grands donneurs d'ordres, et vise entre 650 et 750 M € de CA d'ici à 2020. Mais Jean-Claude Maillard n'a pas que des amis. Dans le milieu, on salue son parcours exceptionnel mais on critique les relations qu'il instaure avec ses fournisseurs. Réputé "dur", "il ne joue pas le jeu de la supply chain et a tendance à étouffer les sous-traitants" soufflent certains.

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