La stratégie d'Hervé Rogeau, nouveau président de la Banque Courtois

Point de vue sur les fintechs, analyse du contexte économique et perspectives : Hervé Rogeau, 59 ans, nouveau président du directoire de la Banque Courtois, livre sa stratégie. L'établissement basé à Toulouse et orienté PME et professions libérales était précédemment dirigé par Francis Molino. Ce dernier a été nommé inspecteur général au sein de la maison mère, le groupe Crédit du Nord. Entretien.
Hervé Rogeau succède à Francis Molino à la tête de la Banque Courtois

Quelle est votre feuille de route à la tête de la banque Courtois ?

"Courtois" est un nom fort, puissant, ancré dans le territoire. Il y a un fort attachement à cette banque et je souhaite bien évidemment poursuivre notre stratégie de proximité. Ma feuille de route est de poursuivre le développement de la banque Courtois en privilégiant nos clientèles cible : côté entreprise, nous visons les PME et les ETI. On ne travaille pas avec les grands groupes car nous souhaitons connaître les dirigeants en personne, leur stratégie et faire un accompagnement dans la durée et dans la proximité. Nous ciblons également les artisans et professions libérales. Mon objectif de croissance de chacun des fonds de commerce est de 2 % à 3 % par an.

Comment vous situez-vous par rapport aux acteurs bancaires toulousains ?

Nous avons 151 000 clients particuliers, 15 000 professionnels, et 3 000 clients entreprises. Par rapport au Crédit Agricole et à la Caisse d'Épargne par exemple, nous sommes une banque moyenne. Mais nous avons une clientèle très ciblée et la satisfaction client est notre ligne de conduite.

Votre prédécesseur Francis Molino décrivait un contexte plutôt médiocre pour les banques. Est-ce également votre opinion ?

Il y a en effet plusieurs phénomènes qui compliquent l'activité. En premier lieu, nous avons un cycle de taux extrêmement bas que l'on a jamais connu, et qui est de surcroit extrêmement long. Cela a des conséquences très fortes sur les comptes de résultats des banques : la marge au dépôt s'effondre.

Il y a également un contexte économico-politique particulier : on voit bien que la croissance a du mal à repartir. On parle de 1,5 % du PIB l'an prochain mais on sait que c'est à partir de 2 % du PIB que l'on recrée durablement de l'emploi.

Enfin, il y a des jalons politiques nombreux et importants : les élections en Italie fin octobre, aux USA d'ici la fin de l'année, en France en mai 2017 et en Allemagne à l'automne 2017. Il y a une sorte d'attentisme et de prudence qui ne pousse pas aux décisions d'investissements. On peut rajouter à cela l'exigence de diminuer le déficit budgétaire de la France : la baisse des dotations de l'État aux collectivités a joué sur le secteur des travaux publics.

Parallèlement à ce contexte, les fintechs viennent challenger les banques traditionnelles. Quel regard portez-vous sur cette nouvelle concurrence ?

En fait, pour l'instant, les fintechs ne bouleversent que très peu le marché de la banque traditionnelle. Nous sommes attentifs aux innovations développées par les startups, notre groupe travaille d'ailleurs en collaboration avec des startups sur la thématique du big data. Nous avons par ailleurs beaucoup investi dans nos solutions numériques. Mais il faut se souvenir que le métier de banquier n'est pas si simple que ça et au final, tout le monde sera soumis aux même réglementations. Faire du crédit, c'est compliqué. Enfin, je ne pense pas que tous les clients souhaitent être "100 % internet". Aucune machine ne peut remplacer nos collaborateurs.

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