Banque Courtois : "Certaines fintechs sont éphémères, elles n'ont pas d'expertise métier"

Malgré un contexte 2015 "exigeant" (les faibles taux d'intérêts et la réglementation Bâle II et demi), la Banque Courtois, qui vise une clientèle haut de gamme, est en croissance. Face à l'émergence des fintech, le président du directoire Francis Molino déploie une stratégie de veille et de rachat de startups, mais se montre également dubitatif en ce qui concerne certains de ces nouveaux acteurs du secteur financier. Entretien.
Francis Molino, président du directoire de la Banque Courtois

Quelle est la stratégie de la Banque Courtois face à l'émergence des fintechs, qui viennent concurrencer le modèle de banque traditionnel ?

Il y a des offres de fintech qui nous paraissent pertinentes, à l'image de Banking, qui est un agrégateur de comptes. Boursorama, qui fait partie de notre groupe, vient de racheter la startup Fiduceo (un agrégateur de comptes). D'ici la fin de l'année normalement, nous aurons très probablement à la Banque Courtois une offre d'agrégateur. C'est notre stratégie : on intègre dans notre offre la solution d'une fintech qui nous parait utile pour nos clients.

Il y a d'autres fintech au sujet desquelles nous sommes attentif. Orange, par exemple, a annoncé vouloir lancer une offre bancaire et espère faire 400 millions d'euros de produit net bancaire (PNB) en 2016. Nous suivons cela de près.

Enfin il y a un troisième cas de figure, ce sont les fintechs qui sont probablement éphémères et je ne les citerai pas car certaines sont dans la région. Il y a beaucoup d'expérimentations en cours que nous observons avec attention, mais une chose est sûre : quand vous placez votre argent à la Banque Courtois, vous êtes sûr de le récupérer dans 5 ans. Pour certaines fintech, ce n'est pas évident, parce qu'elles n'ont pas suffisamment de fond propres, elles sont moins règlementées et n'ont pas l'expertise métier.

La Banque Courtois, dont le siège est à Toulouse, affiche un PNB en hausse 2,4 % à 169,1 millions d'euros. Comment expliquez-vous cette performance ?

En effet la Banque Courtois est en croissance, avec un résultat net de 50,4 millions d'euros en hausse de 11 %. Cela grâce à une forte collecte de dépôts, la production historique de crédits immobiliers et la conquête de nouveaux clients particuliers et professionnels. L'année commerciale est exceptionnelle avec une activité de production de crédit d'équipement aux entreprises de 222 millions d'euros (+ 30,5 %). En matière de crédit bail, nous sommes à + 12%. J'explique cette performance par l'engagement des équipes et notre politique de proximité. Chez nous chaque client a un conseiller dédié. On se focalise également sur notre cœur de cible, la clientèle premium (professions libérales, PME et ETI locales).

Malgré tout, trouvez-vous le contexte économique difficile ?

Il est vrai que le contexte est de plus en plus exigeant. Les faibles taux d'intérêt et la réglementation Bâle II et demi (une réglementation européenne plus contraignante pour les banques, mise en place en 2012 NDLR) sont nos deux "chocs pétroliers". Les taux d'intérêt très bas pèsent sur les marges au dépôt. Globalement, on a une baisse de rémunération de l'ordre de 20 %. C'est un choc pour les banques.

Par ailleurs, la réglementation Bâle II et demi nous contraint à avoir plus de fonds propres et à constituer plus de matelas de liquidités, ce qui représente un coût pour la banque. Cela nous oblige à être meilleurs.

Comment compenser le manque à gagner dû aux faibles taux d'intérêt ?

Nous compensons ce manque à gagner en nous focalisant justement sur notre clientèle premium, qui a le plus fort potentiel d'emprunt et de placement. C'est un relai de croissance. Par exemple, nous avons créé le premier banquier privé il y a six ans, aujourd'hui nous en avons trois. Pour rappel, les banquiers privés sont les conseillers qui gèrent la clientèle qui a plus d'un million d'euros d'avoirs financiers chez nous. Par ailleurs, nous développons l'assurance-prévoyance et les solutions de couverture de change.

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