Christine Huppert insuffle "l’esprit startup" à la tête de Cerfrance

Christine Huppert, ancienne ingénieure dans l’agroalimentaire, dirige le GIE des Cerfrance Haute-Garonne, Gers et Ariège depuis septembre 2016. Sa mission ? Aider ce réseau de conseil en expertise comptable (créé en 2005 pour accompagner les entreprises du monde agricole) à conquérir des clients dans le monde de l’entreprise et des startups. Entretien.
Christine Huppert la nouvelle directrice générale du GIE Cerfrance

Vous avez été nommée il y a quelques mois à la direction du GIE Cerfrance Haute-Garonne, Gers et Ariège. Quels sont votre parcours et votre feuille de route ?

Je viens du monde de l'entreprise. Ingénieure de formation, j'ai passé 22 ans dans l'agroalimentaire chez Maïsadour, puis au sein du groupe Euralis où j'ai dirigé des filiales employant jusqu'à 1 500 personnes. Aujourd'hui, je suis passée du monde de l'industrie à celui des services. Je dirige en effet le GIE des Cerfrance de Haute-Garonne, du Gers et de l'Ariège depuis le 1er septembre 2016. Mes interlocuteurs dans le monde de l'entreprise sont devenus mes clients. En Haute-Garonne, parmi nos 3 000 clients, nous comptons 65 % d'agriculteurs (notre public initial), mais aussi des artisans et des commerçants et nous avons enregistré un chiffre d'affaires de 8 millions d'euros en 2016. Ma feuille de route, c'est la conquête de parts de marché en milieu urbain parmi les entreprises, TPE, PME et startups de tous secteurs.

Comment faites-vous pour toucher ces nouvelles cibles et que leur apportez-vous ?

Nous avons embauché des chargés de développement qui travaillent avec des réseaux de banquiers, assureurs, etc. pour cibler ces nouveaux clients potentiels. Ils démarchent aussi les entreprises en direct. Nous sommes par ailleurs très sollicités par bouche-à-oreille. Notre valeur ajoutée, c'est de proposer un accompagnement beaucoup plus large que celui de la simple expertise comptable, depuis la création de l'entreprise en passant par toutes les problématiques liées à son fonctionnement quotidien : la gestion des payes, l'amélioration de la rentabilité, la conquête de nouveaux marchés... Nous disposons à ce jour de dix agences Cerfrance en Haute-Garonne et la dernière en date vient d'ouvrir ses portes à Colomiers.

Cerfrance est membre mentor du Village By CA Toulouse 31, pourquoi cette stratégie ?

En tant que membre mentor du Village by CA, nous participons à la sélection des startups qui entrent dans ce lieu. Nous accompagnons certaines d'entre elles de façon personnalisée comme nos propres clients et nous assurons aussi une présence physique une journée par semaine pour répondre à leurs attentes. Elles sont variées : du coup de pouce pour comprendre un contrat commercial en anglais à des demandes de conseil pour formuler un financement...

Nous voyons dans les startups un vivier potentiel important pour nous aider à fournir de nouveaux services à nos clients. Travailler avec les startups et créer des partenariats avec elles, c'est aussi une façon d'insuffler l'esprit startup au sein de notre propre organisation.

Avez-vous déjà identifié des startups avec lesquelles vous avez envie de travailler ?

Oui, nous travaillons déjà avec Silae, une startup montpelliéraine qui développe un outil d'hébergement de paye. Nous proposons d'ailleurs ce service à nos clients pour réduire leurs coûts. Nous avons identifié deux autres startups, WeFarmUp pour développer un système de location collaborative de matériel agricole, et Ekylibre, pour l'instant positionnée dans le secteur agricole mais qui cherche à s'ouvrir à d'autres secteurs et pourrait nous aider à développer un cloud spécifique pour le chef d'entreprise.

Vous annoncez aussi la création d'une école d'entrepreneurs, de quoi s'agit-il ?

Cette initiative que nous avons lancée à Bordeaux il y a deux ans fonctionne très bien. Nous souhaitons la déployer à Toulouse, compte tenu du grand nombre d'entreprises qui y sont créées ou reprises. Une première école est en test dans l'agglomération toulousaine jusqu'en mai et nous envisageons à terme d'ouvrir trois écoles à Toulouse, une dans le Gers et une en Ariège. Une première promo d'une dizaine de personnes a déjà été formée. Il s'agit d'une cession de 13 journées de formation gratuites et ouvertes à tous les porteurs de projets souhaitant valider un business plan. Le coût de cette formation est de 180 000 à 200 000 €/an. Ce service bénéficie d'un financement conjoint entre les communes, les communautés de communes, l'Europe et Cerfrance à hauteur de 10 %.

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