Latécoère : chiffre d'affaires en hausse de 20 %

L'équipementier aéronautique a présenté à Toulouse ses résultats pour le premier semestre 2011. Une période marquée par une forte croissance de son chiffre d'affaires (20,4 %) et un endettement contrôlé après une année 2009 très difficile. Une bonne nouvelle pour Latécoère même si les négociations pour une fusion acquisition tardent à se concrétiser.

François Bertrand, président du directoire et Bertrand Parmentier, directeur général de Latécoère ont annoncé hier à Toulouse les résultats du groupe au premier semestre 2011, dans un contexte de forte reprise des ventes d'avions, illustrée par les commandes records enregistrées par Airbus. Martial Vaidie, directeur des ressources humaines et Hervé Schembri, directeur stratégie étaient également présents.

« Latécoère poursuit son redressement », se réjouit Bertrand Parmentier. L'équipementier aéronautique affiche en effet un chiffre d'affaires de 261,3 millions d'euros en forte croissance (+ 20,4 %). Il s'agit du cinquième trimestre consécutif de croissance. Une croissance alimentée par le marché asiatique et le retour sur le marché des compagnies américaines qui doivent renouveler leur flotte. Latécoère bénéficiera directement du succès commercial historique del'A320neo (plus de 800 commandes fermes en 8 mois) et du lancement de son concurrent le B 737 Max.

Une génération d'avions dont le lancement sera repoussé à 2015-2017. « Nous avons sept ans et demi d'activité en portefeuille de commandes pour les avions Airbus et Boeing. Un chiffre historiquement élevé », explique François Bertrand, qui se base sur le rythme actuel de 1 000 livraisons par an. Les avionneurs font pression pour augmenter les cadences de production et la priorité du secteur est aujourd'hui la gestion de ce « ramp up » (augmentation) des cadences de production. Latécoère livre ainsi de quoi équiper quatre B 787 par mois quand Boeing prévoit de passer à dix livraisons par mois.

« Les programmes sur lesquels nous constatons la plus forte croissance sont des programmes anciens dont les cadences augmentent (A320, A330, Embraer 170/190 et Falcon 7X) ou des programmes qui viennent d'être certifiés et qui sont en phase de croissance de production comme l'A380 et le 787 », poursuit le président du directoire. L'A350 devrait générer du chiffre d'affaires à partir de sa certification en 2013.

Toutes les activités du groupe en croissance

Le résultat opérationnel de Latécoère a quasiment doublé et représente 7,5 % du chiffre d'affaires du groupe à 23,8 millions d'euros. « La croissance que nous affichons va correspondre exactement à la croissance en volume que l'on retrouve dans les différences branches d'activités », poursuit le directeur général. Les secteurs des aérostructures, des systèmes d'interconnexion (câblage) et de l'ingénierie sont tous les trois en progression.

L'équipementier aéronautique toulousain a également réussi à stabiliser son endettement à 353 millions d'euros. Pour François Bertrand, « cet endettement stabilisé malgré la forte hausse d'activité est un bon point pour le groupe car s'il reste pénalisant, c'est aussi pour nous un très fort vecteur de croissance. Nous ferons partie des sociétés qui auront à l'avenir un fort taux de croissance pour avoir beaucoup investi. » Son besoin en fonds de roulement a lui aussi été contenu grâce notamment aux réductions de coût menées ces deux dernières années.

Latécoère présente un horizon de couverture de l'exposition dollar élargi à 2013 (soit l'exposition au risque de change) , ce qui est très important dans le contexte de faiblesse du dollar et de forte volatilité du taux de change dollar/euro. « Il est extrêmement important de pouvoir nous couvrir pour que nos industriels puissent construire leur budget et leur plan de marche dans un univers sécurisé. Aujourd'hui, nous voyons que nous avons notre risque de change qui est complètement sécurisé pour l'année 2011 à plus de 90 % », précise le directeur général de Latécoère, Bertrand Parmentier.

Le bénéfice net attribuable au groupe de 15,5 millions d'euros, à presque 5% du chiffre d'affaires, à comparer au 0,4 million d'euros du premier semestre 2010. Un besoin en fonds de roulement contenu dans un contexte de forte croissance, directement lié aux actions de réduction des coûts menées ces deux dernières années. Ses fonds propres sont en progression de 17 % à 200 millions d'euros. Pour 2012, le groupe prévoit une baisse de l'endettement de 50 millions d'euros.

"Pas de négociation finale"

Dans ce contexte favorable, qui intervient après une année 2009 et un premier trimestre 2010 déficitaires, Latécoère envisage sereinement un possible regroupement. «Nous sommes dans une position plus confortable pour mener des discussions, avoue François Bertrand. Nous pensons qu'il faut des regroupements industriels qui créent des synergies. Ce secteur va devoir se consolider dans les prochaines années et nous voulons être un acteur actif de cette consolidation. L'aéronautique est un secteur mondialisé et nous sommes ouverts à toute proposition. Nous avons un certain nombre de discussions, aucune n'a abouti à ce jour. »

De son côté, lors d'une réunion avec les actionnaires ce matin à Paris, Pierre Gadonneix, président du conseil de surveillance du groupe a déclaré « que les opérations de fusion et acquisition prennent un certain retard. Aujourd'hui, Latécoère n'est pas entré avec un quelconque partenaire dans une négociation finale. » Le calendrier que s'était fixé le groupe prévoyait un accord pour la fin de l'année 2011. « Les différentes parties concernées (acheteurs potentiels, créanciers, pouvoirs publics NDLR) n'ont pas les mêmes priorités ni le même calendrier », a-t-il ajouté.

Latécoère doit également relever d'autres challenges, notamment en termes de recrutement et de formation pour faire face l'augmentation des cadences à venir. L'objectif pour 2011 est de recruter 400 personnes, dont 150 sur la région toulousaine, dans les métiers de l'ingénierie et de la production. Un chiffre qui devrait être atteint puisque 240 postes sont déjà pourvus.

L'équipementier toulousain envisage également de poursuivre la croissance du site de Gimont (32), consacré à la production d'éléments de grande dimension, ainsi que la création d'un centre de formation qui pourrait devenir un centre de formation continu. Une première promotion de 20 personnes est actuellement en contrat de professionnalisation.

Enfin, au-delà du programme A350 sur lequel toutes les sociétés du groupe sont impliquées, François Bertrand a évoqué le développement de la filiale Latecis Canada créée en fin d'année dernière, comme « l'un des grands chantiers du groupe ». Cette première implantation sur le marché américain a amené à un « certain nombre de discussions qui nous rendent optimistes pour le futur ».

Paul Périé

En photo : Latécoère devra faire face aux augmentations de cadence de production de l'aéronautique (crédit Rémi Benoit)

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