La CGT dénonce une augmentation de plus de 50 % des 10 plus hauts salaires chez Airbus

À quelques jours des élections syndicales à Airbus, la CGT dénonce une augmentation de 58 % des 10 plus hauts salaires à Airbus Opérations SAS entre 2012 et 2013. Des informations que la direction d'Airbus refuse de commenter. Le syndicat demande la tenue d'état généraux de l'aéronautique en Midi-Pyrénées.
© photo Rémi Benoit

C'est dans le bilan social 2014 d'Airbus Opérations SAS que la CGT estime avoir levé un lièvre : entre 2012 et 2013, les 10 plus hauts salaires à Airbus Opérations SAS ont augmenté de 58 %. "Ils sont passés de 19 725 € à 31 278 € par mois en moyenne, s'exclame Xavier Petrachi, délégué syndical CGT. C'est 18 fois le salaire ouvrier. Il y a un déséquilibre très fort". Dans le même temps, le salaire des autres employés a augmenté de 3,4 %, selon le syndicat minoritaire (16 % des suffrages aux dernières élections professionnelle).

Contactée, la direction d'Airbus Aircraft refuse de commenter les déclarations de la CGT. Jean-François Knepper, délégué FO, syndicat majoritaire (40 % des suffrages aux dernières élections professionnelle), s'est quant à lui dit "surpris" par ces informations : "Je n'en avais pas entendu parler. Il faut que je me renseigne". D'après une source proche de la direction, la CGT aurait fait une confusion entre Airbus Group et d'Airbus Aircraft. "Il se pourrait qu'ils aient intégré dans leurs bases de calcul des chiffres venant d'Airbus Group. Cela expliquerait l'énorme écart entre 2012 et 2013", précise-t-elle.

"Pas du tout, rétorque Xavier Petrachi. Il s'agit bien des rémunérations des dirigeants d'Airbus Opérations SAS qui produit les avions à Toulouse, Nantes et Saint-Nazaire. Cela ne tient pas compte des rémunérations des hauts dirigeants d'Airbus SAS comme Fabrice Brégier, directeur executif d'Airbus Aircraft, et encore moins de Tom Enders, directeur executif d'Airbus Group."

Des état généraux de l'aéronautique

Instrument de mesure du domaine social dans l'entreprise, le bilan social impose la publication du montant global des dix rémunérations les plus élevées dans les entreprises de plus de 300 salariés. Dans le cas d'Airbus Opérations SAS, ce montant s'élève à 3 753 360 € en 2013 contre 2 366 945 € en 2012. "Nous n'expliquons pas encore cette augmentation, observe Xavier Petrachi. Nous venons de la découvrir et nous n'avons pas eu le temps d'interroger la direction."

Le syndicat déplore néanmoins le changement de gouvernance opéré ces dernières années : "Depuis mars 2013, les actionnaires privés détiennent 73
% d'Airbus et nous sommes passés à une gestion plus financière. L'objectif est de rémunérer les actionnaires, plutôt que d'investir dans de nouveaux programmes." La CGT demande le développement de l'ATR 90 pour maintenir les effectifs d'ingénieurs dans les bureaux d'études. Avec la baisse de charge de travail annoncée par la direction pour l'ingénierie, la CGT craint également un "plan social déguisé" pour les sous-traitants. "5000 emplois sont menacés à Toulouse sur deux ans, estime Robert Amade, représentant CGT pour la sous-traitance d'Airbus. Certaines entreprises ont déjà perdu 10 % de leurs effectifs."

La CGT demande donc l'ouverture d'états généraux de l'aéronautique en Midi-Pyrénées. Une initiative soutenue par les députées socialistes de Haute-Garonne Monique Iborra et Catherine Lemorton. "Je vais alerter Emmanuel Macron sur la situation de la sous-traitance dans l'aéronautique", confirme cette dernière. "Les programmes d'Airbus ne sont plus ce qu'ils étaient en terme de R&D. L'ingénierie s'inquiète et ils ont raison. Il faut mettre tout le monde autour de la table pour discuter de l'avenir", indique Monique Iborra. Une réunion entre les différents acteurs pourrait avoir lieu en janvier ou février 2015.

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