La galaxie Jean-Luc Moudenc. Qui sont les proches du nouveau maire de Toulouse ?

Le nouveau maire de Toulouse et son équipe sont installés depuis près de quatre mois au Capitole et à la communauté urbaine de Toulouse Métropole. Fidèles de la première heure, ralliés par raison ou nouveaux venus, découvrez qui sont les poids lourds du nouveau pouvoir toulousain.
Réunion de cabinet du nouveau maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc


Un homme qui ne laisse rien au hasard. Un politique sentimental qui place l'amitié au plus haut des valeurs. Jean-Luc Moudenc est cet homme qui, finissant par conquérir le Capitole un certain 30 mars 2014, organise depuis, avec méthode, la gouvernance de la mairie et de la communauté urbaine. Immédiatement après son élection, il lui a d'abord fallu distribuer les délégations à la mairie, les vice-présidences à Toulouse Métropole ainsi que les présidences des très nombreuses agences et SEM qui dépendent du pouvoir municipal. Parallèlement, il a dû composer son cabinet, le lieu où tout se décide, actions publiques comme initiatives politiques. Le centre névralgique du pouvoir municipal, là où peut se concocter la réussite d'un mandat ou l'échec d'une carrière.

Un grand puzzle
Jean-Luc Moudenc a commencé dès l'été dernier à préparer le grand puzzle. Henri de Lagoutine, proche ami de Jean-Luc Moudenc, savait ainsi depuis l'été dernier quel serait son rôle dans le dispositif Moudenc en cas de victoire. "Il avait prévu à l'avance de faire appel à moi car il voulait, pour s'occuper du personnel territorial, de quelqu'un qui ait une expérience réussie dans les ressources humaines", confie-t-il. Les deux hommes sont tous les deux diplômés du même DESS de gestion du personnel. Placer minutieusement ses ressources, tout un art.
Michel-Paul Monredon, aujourd'hui chef de cabinet de Jean-Luc Moudenc, peut témoigner lui aussi que le maire préparait depuis longtemps son organisation. À une époque où personne, ou presque, n'aurait parié un euro sur son élection, lui consultait, invitait à déjeuner ou à petit-déjeuner dans une des brasseries de la place du Capitole. À quelques encablures du bureau du maire, poste ô combien convoité par celui qui est entré en politique à 22 ans, en se présentant sur la liste de Dominique Baudis, Jean-Luc Moudenc réfléchit.
"Lors d'un déjeuner l'été dernier, raconte Michel-Paul Monredon, il m'a demandé ce qui m'intéresserait s'il était élu". Une fois l'élection passée, il lui a suffi d'un SMS de Jean-Luc Moudenc pour engager les discussions sérieuses. "Il est quelqu'un d'extrêmement organisé" confirme Laurence Arribagé, deuxième adjointe et toute nouvelle députée UMP. "Il note tout sur un minuscule petit carnet qui ne le quitte jamais. Quand on revient en arrière sur ces dernières années, on voit que tout s'est passé exactement comme il l'avait prévu. Tout s'est emboité comme les facettes d'un Rubik's Cube."

Fidélité
Celui qui passe des heures au téléphone, écoute, consulte et interroge, peut aussi se targuer d'avoir quelques très fidèles compagnons de route. À l'heure où beaucoup l'abandonnaient dans le désert de l'échec électoral, d'autres lui signifiaient leur fidélité. C'est le cas par exemple de Brigitte Micouleau, d'Annette Laigneau, ou d'Émilion Esnault, co-fondateurs en 2008 de son association Toulouse Avenir. C'est le cas aussi d'Arnaud Mounier, "conseiller du maire-président", aujourd'hui installé à deux bureaux de son mentor. Aucun de ceux-là n'a compté ses heures, chacun est aujourd'hui récompensé. "Jean-Luc Moudenc récompense tous ceux qui l'ont accompagné", confirme un membre de son entourage. Et de citer notamment deux grosses récompenses : son soutien à Brigitte Micouleau pour les sénatoriales et à Laurence Arribagé pour les législatives partielles. "Jean-Luc Moudenc n'oublie jamais rien, il est très fidèle en amitié" insiste Jean-Michel Lattes, 11è sur la liste pour les municipales et qui a eu la surprise de se voir proposer la place de 1er adjoint au maire. Une décision à laquelle il ne s'attendait pas et qui prouve l'importance pour Jean-Luc Moudenc d'être entouré de personnes dont il ne peut pas douter de la loyauté.
D'autres personnalités ont jalonné la carrière de Jean-Luc Moudenc et se voient réserver au Capitole un rôle important. Pierre Trautmann, directeur général des services (DGS) de 1986 à 2008, est venu voir Jean-Luc Moudenc en 2011 et lui a annoncé qu'il le soutiendrait. Après avoir aider pendant la campagne notamment "à analyser les dossiers et à construire les arguments de campagne sur le métro, la rocade, les logements", Pierre Trautmann est aujourd'hui adjoint en charge de la commande publique. Il représente aussi la mémoire du Capitole, lui qui a conservé des relais dans l'administration.
Quant au poste clé de DGS, il est cette fois confié à un autre proche de Jean-Luc Moudenc, Xavier Patier. "Nous nous connaissons depuis longtemps, confirme celui-ci. Nous avons une vraie proximité intellectuelle et je m'étais mis à son service pendant sa traversée du désert."

Réseau catholique ?
Dans la galaxie Moudenc, Xavier Pattier est aussi représentatif de la frange catholique de son entourage. L'auteur du récent ouvrage sur Pascal rejoint ainsi d'autres proches du maire qui ont en commun d'avoir la foi et d'être pratiquants : Michel-Paul Monredon qui a une licence en théologie et qui va "à la messe chaque dimanche matin chez les Dominicains" ou encore Jean-Michel Lattes qui s'amuse d'être "moins pratiquant que Jean-Luc Moudenc". Le nouveau maire de Toulouse qui se rend chaque dimanche matin à l'église du Christ roi dans le quartier de la Côte Pavée, ne fait pourtant pas de sa foi un dogme. "Je suis républicain avant tout" se défend-il si l'on aborde le sujet. Sa propre épouse, Blandine, n'est d'ailleurs pas croyante et Brigitte Micouleau qui explique que ses "4 enfants ont été élevés dans les écoles catholiques" précise qu' "il n'est jamais question de foi au sein de l'équipe".

Projet national
Au fil des ans, Jean-Luc Moudenc a su tisser autour de lui un réseau assez dense d'amitiés politiques qui va lui servir désormais à gagner du galon au niveau national. Il est soutenu par Alain Juppé avec qui il a, dit-il, "toujours eu beaucoup d'affinités", par Jean-Pierre Raffarin qui représente l'aile centriste de l'UMP, et par Nicolas Sarkozy qui lui a sauvé la mise en juin 2008 en le nommant contrôleur général économique et financier à Bercy. Son élection aux législatives de 2012 lui a également offert une légitimité qui lui a permis de s'imposer à Toulouse mais aussi de préparer les positions qu'il prend désormais. Quelques semaines après avoir été élu maire, il a en effet été élu président de l'association des maires des grandes villes de France (AMGVF). Un mandat dont il entend se servir pour "peser dans le big bang des territoires" et lui a permis, en mai, d'être reçu à Matignon en même temps que Gérard Collon, président de l'association des communautés urbaines de France (Acuf). "Toulouse a perdu de son influence depuis une dizaine d'années, affirme son directeur de cabinet, Antoine Grezaud. Il est important que Toulouse soit à nouveau entendu au niveau national." Pour cette raison également, son entourage a un rôle clé. Jean-Luc Moudenc en est conscient.

Emmanuelle Durand-Rodriguez
© photo Rémi Benoit

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