Sénatoriales, la droite l'emporte face à une gauche désunie. Enseignements et réactions au scrutin d'hier

La droite a repris la majorité au sénat. En Haute-Garonne, l'UMP et l'UDI ont remporté trois sièges sur les cinq en jeu. Un score historique dans le département. Le socialiste Claude Raynal estime que "la réforme territoriale doit être profondément remise en cause". Au niveau régional, le scrutin est marqué par la défaite de Jean-Michel Baylet dans le Tarn-et-Garonne et l'élection de Franck Montaugé dans le Gers et de Philippe Bonnecarrère et de Thierry Carcenac dans le Tarn.
La droite a repris la majorité au sénat. En Haute-Garonne, l'UMP et l'UDI ont remporté trois sièges sur les cinq en jeu. Un score historique dans le département.

"Une belle claque !" Françoise Laborde, sénatrice PRG de Haute Garonne réélue ce dimanche, le reconnaît : les résultats de la liste PS-PRG sont "décevants". Celle-ci a recueilli 39,82 % des voix, contre 42,66 % pour la liste UMP-UDI-Modem.

"Nous étions quatre élus de gauche sur cinq dans le département. Nous ne sommes plus que deux, déplore-t-elle. Il nous manque 80 voix. La désunion de la gauche nous a fait perdre en Haute-Garonne." Les listes EELV et Front de gauche ont respectivement recueilli 6,59 % et 6,41 % des voix des grands électeurs.

Au-delà de la désunion de la gauche, les bons scores de la droite aux municipales expliquent le résultat de dimanche. "C'est mathématique, explique la sénatrice PRG. Rien qu'à Toulouse, cela faisait 480 électeurs pour la droite."

Autre explication : le mécontentement lié à la politique du gouvernement. "Il y a trop de choses qui créent un ras-le-bol. Les citoyens et les grands électeurs attendent des mesures sur l'économie et l'emploi plutôt que des réformes sociales et territoriales", estime Françoise Laborde, qui ironise au sujet de la réforme territoriale. "On a beaucoup réfléchi à haute voix ces derniers mois. La communication était brillante. Pourtant, entre la proposition de loi sur la clarification des compétences du département et l'avancée sur les départements ruraux, la réforme avance. Alain Chatillon a beaucoup travaillé cette question pendant la campagne alors qu'il a lui-même voté la loi sur les conseillers territoriaux il y a quelques années." Celle-ci prévoyait déjà de supprimer les départements.

Seule élue PRG de Midi-Pyrénées, Françoise Laborde se réjouit tout de même de sa réélection : "Je repars pour six ans avec passion et conviction. Je vais porter les couleurs de mon parti et je ne m'interdirai pas de dire ce que je pense." La sénatrice se montre moins loquace concernant Jean-Michel Baylet, son président, battu dans le Tarn-et-Garonne, à l'issue du second tour du scrutin. Un résultat qu'elle se refuse à commenter.

Même silence au siège du Parti radical de gauche où "aucune déclaration n'est faite pour l'instant" ou encore dans le quotidien régional (propriété de Jean-Michel Baylet), qui n'évoque pas directement la défaite et écrit : "la coalition 'anti-Baylet' a permis l'élection des opposants de toujours".

De son côté, unique socialiste élu au sénat en Haute-Garonne, Claude Raynal voit dans la défaite de Jean-Michel Baylet "un coup dur pour le PRG sur le plan national". "Que le président de ce parti ne soit plus élu membre d'une assemblée parlementaire, c'est un affaiblissement, une complication. Ce n'est pas bon pour nous dans la mesure où nous avons une alliance avec le PRG."

Pour le maire de Tournefeuille et président du groupe d'opposition à Toulouse-Métropole, le recul de la gauche en Haute-Garonne n'a rien d'historique. "En nombre de voix, la gauche est majoritaire, insiste-t-il. Mais quand la droite est unie et que la gauche est désunie, nous perdons des sièges. Il n'y a pas eu d'accord national, il ne pouvait pas en avoir au niveau local."

Concernant la réforme territoriale, le nouveau sénateur socialiste estime "qu'elle doit être profondément remise en cause". "Nous avons besoin d'une structure départementale sans séparation entre les métropoles et le reste du territoire", ajoute-t-il.

"Étant donnés les résultats aux municipales, on pouvait s'attendre à ces résultats, note Charles Marziani, tête de liste Front de gauche. J'ai senti beaucoup de colère chez les maires ruraux. Cela s'est d'ailleurs traduit par les résultats de notre liste qui a compensé ses pertes en milieu urbain, par de meilleurs scores en milieu rural." Et de conclure : "Le PS doit changer de politique. Cette élection est un signal qui lui a été envoyé. Depuis les Européennes, il y a un désaveu qui ne s'exprime pas forcément dans un espoir à gauche."

Pour EELV, "notre résultat est l'un des meilleurs au niveau national, se félicite Henri Arévalo, tête de liste écologiste. Mais nous restons sur notre faim. Nous n'avons pas pu faire barrage à l'UMP. Cette défaite est incarnée par le PS. Il ne faut pas chercher de prétextes ailleurs. Les socialistes pensaient gagner seuls. Tant qu'ils ne considèreront pas leurs partenaires avec respect, on y arrivera pas."

Satisfaction à droite
En Haute-Garonne, l'UMP et l'UDI sont les grands gagnants du scrutin. Leur liste d'union recueille 42,66 % des suffrages. Tête de liste, le sénateur sortant UDI Alain Chatillon est réélu. Deux autres sénateurs UMP le rejoignent au palais du Luxembourg : Brigitte Micouleau, ajointe à Toulouse et proche de Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, et Pierre Médevielle, maire divers-droite de Boulogne-sur-Gesse.

"C'est une grande satisfaction pour le centre et la droite républicaine, assure Alain Chatillon. Le combat n'a pas été facile. C'est le travail que j'ai pu faire pendant six ans et le souci d'accompagner les petites communes. Il y a un grand déséquilibre. Une désespérance. Tout le travail reste à faire."

"Après une campagne à la rencontre des grands électeurs dans le département, nous obtenons trois sièges, s'enthousiasme Brigitte Micouleau. C'est une victoire historique. C'est aussi la défaite de Claude Raynal qui n'a pas su unir à gauche et qui a fait les frais de la politique gouvernementale."

"C'est un résultat historique qui a été enregistré par la liste UDI, UMP, Modem, conduite par Alain Chatillon, écrivent Jean Iglesis et Laurence Massat, les dirigeants de l'UDI en Haute-Garonne. Jamais le centre et la droite n'avait été majoritaires sur notre territoire aux élections sénatoriales. Cette victoire en préfigure et en appelle d'autres !"


Même sentiment de la part de Jean-Luc Moudenc, maire UMP de Toulouse : "Je suis très satisfait du résultat des élections sénatoriales, tant dans notre département qu'au plan national. Les élus locaux ont sanctionné sans appel le gouvernement pour son projet de réforme territoriale et pour le brutal coup de hache dans les dotations aux collectivités, qui va faire reculer leurs investissements et doper le chômage."

Enfin, du côté du Tarn-et-Garonne, on savoure la défaite de Jean-Michel Baylet. "Jean-Michel Baylet qui est, on le sait, le 3ème cumulard de France, et qui détient des records d'absentéisme au Sénat, avait la prétention d'entamer un 4ème mandat, déclare Brigitte Barège, la maire UMP de Montauban. Les résultats de dimanche montrent que les Tarn-et-Garonnais ne l'acceptaient plus, tout comme le clientélisme exacerbé et l'utilisation de son journal, La Dépêche du Midi, à des fins de propagande. Ce revers historique est également un camouflet pour sa stratégie politique. Son soutien au gouvernement Valls 2 l'a isolé de sa base électorale, tout comme l'humiliation infligée depuis des années à ses alliés naturels socialistes, écologistes, mais aussi radicaux - Thierry Deville et Yvon Collin - qui se sont enfin rebiffés. Qu'ils en soient remerciés."

Les résultats en Midi-Pyrénées :
En Ariège, le socialiste Alain Duran succède à Jean-Pierre Bel (premier président socialiste du sénat) avec 61,64 % des voix dès le premier tour.

En Aveyron, l'UDI Jean-Claude Luche, le président du conseil général, est élu avec 60,80 % des suffrages au premier tour. L'UMP Alain Marc est élu avec 57,33 % au second tour.

Dans le Gers, Frank Montaugé (PS) est élu avec avec 48,14 % des voix et Aymeri de Montesquiou (UDI) réunit est réélu avec 42,42 % des voix, tous deux au second tour.

Dans le Tarn, l'UDI Philippe Bonnecarrere est élu avec 51,4 % des voix au second tour. Le socialiste Thierry Carcenac est élu avec 46,12 % des suffrages.

Dans le Tarn-et-Garonne, le dissident PRG Yvon Collin est réélu avec 55,96% des voix dès le premier tour. Le divers droite François Bonhomme recueille 50,84 % des voix au second face à Jean-Michel Baylet.

Gael Cérez
© photo Rémi Benoit

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