Pierre Cohen / Jean-Luc Moudenc, qu'est-ce qui les différencie (vraiment) ?

Jean Luc-Moudenc et Pierre Cohen : deux hommes, deux programmes, deux visions. La campagne pour les municipales à Toulouse a prouvé qu'il existe des divergences importantes entre le maire sortant socialiste Pierre Cohen et son adversaire de droite. Différences de méthode, de programme, mais aussi de valeurs, et de vision de la ville. Le résultat final sera serré, et les dernières heures de la campagne sont décisives pour les deux hommes qui se sont déjà affrontés en 2008.

Pierre Cohen et Jean-Luc Moudenc, c'est le "duel" de ces municipales. En plus d'incarner la traditionnelle opposition droite / gauche, les deux hommes proposent deux visions différentes de Toulouse. Le socialiste Pierre Cohen, peu causant, défend depuis le début de la campagne des valeurs de "respect, de dignité, de solidarité". Prudent, il a mené une campagne à l'image de son programme : sans grande surprise, mais terre à terre.

De son côté, le candidat UMP-UDI Jean-Luc Moudenc, dont la campagne a été plus dynamique et plus mordante, parle davantage - et sans complexe - de sécurité, la priorité absolue de son programme. L'ancien maire évoque régulièrement des valeurs d'unité et de fraternité, mais n'a pas hésité à critiquer durement non seulement le bilan de la municipalité actuelle, mais aussi la personnalité de Pierre Cohen, qualifié devant les journalistes de "maire le plus pétochard de France".

Passage en revue des deux candidatures, avec en fil rouge, leur seul point commun : l'antipathie réciproque!

Pierre Cohen veut une ville "apaisée"

"Il ne s'agit pas seulement de départager deux hommes, mais de choisir une vision de la ville", a rappelé Pierre Cohen jeudi soir lors de son dernier meeting de campagne, salle Mermoz. Deux visions et deux programmes, dont l'objectif partagé est de vouloir faire de Toulouse une métropole d'envergure européenne. Le maire sortant a réaffirmé lors de son meeting sa vison d'une "ville apaisée, plus forte et plus juste". La notion de "vivre-ensemble" a été maintes fois répétées lors de sa campagne.

Pour y arriver, Pierre Cohen propose une série de mesures dans la continuité de l'action menée depuis 6 ans : renforcer l'équipe de tranquillité nocturne, étendre les horaires du métro jusqu'à 3h du matin, créer 1.000 places en crèche, atteindre les 25 % de logements sociaux. Un effort particulier est engagé sur la recherche et la science (Quartier des Sciences, Oncopole) et sur la culture (Cité de la Danse, Maison de l'Image, compagnie La Machine à Montaudran).

Durement attaqué par Jean-Luc Moudenc et ses colistiers ( "Toulouse Avance? Tu parles!" s'est moquée Laurence Arribagé lors du meeting UMP mardi dernier), son manque de proximité avec les Toulousains lui est également reproché. "Laissons-le à ses excès de certitude, à sa condescendance, à son mépris", a encore suggéré Jean-Luc Moudenc devant ses militants mardi dernier. Souvent qualifié d'autoritaire, ses proches préfèrent dire de lui qu'il est "déterminé" et que c'est un homme "fidèle".
Hier soir, salle Mermoz, Pierre Cohen, serein, a réaffirmé son ambition de "faire de Toulouse une ville où tout le monde trouve sa place".

Jean-Luc Moudenc, une ville "plus sûre"

Le candidat UMP a su marquer la campagne avec des projets qui ont fait parler d'eux, et qui ont structuré le débat : une troisième ligne de métro, une deuxième rocade, installer 200 caméras de vidéosurveillance. Son projet : "une ville plus sûre, plus propre, avec des déplacements rapide et performants, et une gestion saine de l'argent public". Jean-Luc Moudenc a également proposé l'installation de maires de quartiers. Il prône "l'unité et la fraternité" et veut "tourner le dos aux visions claniques et étroites, pour être au service de l'intérêt général".

Côté culture, le candidat propose de faire de l'ex-prison Saint-Michel, "laissée à l'abandon", un auditorium pour l'Orchestre national du capitole.

Incisif, le premier opposant à Pierre Cohen a méthodiquement condamné son bilan, poussant le maire sortant à le traiter de "menteur, qui base sa campagne sur la calomnie". Ainsi, certains de ses adversaires ont dénoncé la fin de campagne de Jean-Luc Moudenc, à l'instar d'Antoine Maurice (EELV) : "Jean-Luc Moudenc a fait feu de tout bois dans cette campagne et multiplié les propositions irréalistes et irresponsables, comme la deuxième rocade qui est une ineptie. Il a fait des promesses intenables. En fin de campagne, il a clairement fait le choix du clientélisme, en écrivant des courriers personnels et ciblés. Il sait que, politiquement, c'est désastreux mais comme il ne veut pas subir une deuxième fois ce qu'il a vécu en 2008, il joue le tout pour le tout."

Jean-Luc Moudenc le sait, "l'écart final, nul n'en doute, sera très faible". À deux jours des élections, il appelle à la mobilisation.

Que disent les chiffres?
Comme pour chaque élection, l'Institut Montaigne, think tank indépendant, a chiffré les programmes des candidats dans les grandes villes de France. À Toulouse, il donne le point à Pierre Cohen mais interroge cependant, "la situation financière du syndicat mixte des transports est précaire. Qui seront les financeurs du Plan de déplacements urbains de Pierre Cohen ?" La proposition la plus coûteuse du socialiste est la mise en place du plan de déplacement urbain : 1 milliard d'euros. Chez Jean-Luc Moudenc, la seconde rocade se chiffre à 4,2 milliards d'euros ("financée par le péage" précise l'équipe UMP) et la 3e ligne de métro à 1,51 milliard d'euros.

Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

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