A Toulouse, entre 1 200 et 3 000 buralistes se mobilisent contre la hausse du prix du tabac

Par Objectif News  |   |  683  mots
Plusieurs centaines de buralistes donnent de la voix devant la Préfecture.
A la veille de la journée mondiale sans tabac, les buralistes du Grand Sud se sont donnés rendez-vous à Toulouse pour un après-midi de contestation. En cause : la prochaine augmentation du prix du tabac décidée par le gouvernement. La goutte d'eau de trop pour les professionnels du secteur qui dénoncent une politique visant surtout "à engraisser les caisses de l'État" plutôt qu'à protéger la santé (et le portefeuille) des Français.

A la veille de la journée mondiale sans tabac, les buralistes du Grand Sud se sont donnés rendez-vous à Toulouse pour un après-midi de contestation. En cause : la prochaine augmentation du prix du tabac décidée par le gouvernement. La goutte d'eau de trop pour les professionnels du secteur qui dénoncent une politique visant surtout "à engraisser les caisses de l'État" plutôt qu'à protéger la santé (et le portefeuille) des Français.

La pluie n'aura pas réussi à refroidir la mobilisation des buralistes. Réunis en fin de matinée place de l'Europe à Toulouse, 3 000 manifestants d'après les organisateurs, ( 1 200 selon la préfecture) se sont rendus devant la Préfecture de région aux cris de "buralistes en colère". L'objet de leur mécontentement ? La décision de la ministre de la Santé, Marisol Touraine d'augmenter de 6 % le prix des paquets de cigarette à compter du 1er juillet, hausse qui fait suite à celle de l'automne dernier. Si on rajoute à cela une TVA sur le tabac qui serait revue à la hausse d'ici à la rentrée, la coupe est pleine pour la fédération des buralistes : "La politique menée par l'État menace la survie de nombre de nos commerces qui effectuent aussi des missions de service public", s'alarme Gérard Vidal président de l'antenne midi-pyrénéenne.

Aussi, depuis 2003 et le plan cancer, 1 000 buralistes ont mis la clé sous la porte dans le Grand Sud (une trentaine de départements). La tendance devrait se poursuivre puisque le second trimestre 2012 a vu le volume de ventes baisser de 10 % au niveau national. "C'est intenable pour nous", s'emporte Éric, buraliste à la Salvetat-Saint-Gilles qui a vu son chiffre d'affaires fondre comme neige au soleil ces dernières années. Même son de cloche chez Guy à la tête lui d'un commerce près de Fronton : "Cette année, j'ai dû accuser une baisse des ventes de 20 %. Comment voulez-vous continuer dans ces conditions ? Mais ce qui me révolte le plus, c'est que ces augmentations perpétuelles servent avant tout à remplir les poches de l'État." Avec 82% du prix d'un paquet de cigarette qui revient directement aux caisses du trésor public, le tabac est une affaire qui rapporte à l'État français environ 15 Md€ par an.

Économie vs santé

L'argument économique justement. C'est ce que brandissent les défenseurs d'un moratoire du prix du tabac à l'image de Pascal Montredon, président national de la fédération des buralistes : "En taxant toujours plus le marché de la distribution traditionnelle, le législateur pénalise d'un côté les buralistes de proximité, et d'un autre incite les consommateurs à se tourner de plus en plus vers des formes d'achats alternatives où l'État ne gagne pas un centime. » Ce sont même 3 Md€ qui lui échappent chaque année.

Pas plus recevable pour les manifestants, le prétexte sanitaire. S'ils sont partisans d'une politique de prévention des risques du tabagisme, ils sont vents debout contre une "politique de santé-spectacle" qui pense que l'augmentation du prix du tabac ferait diminuer sa consommation. Pour Pascal Montredon, ce n'est qu'un écran de fumée et la priorité doit être avant toute chose de lutter "contre les réseaux illégaux de distribution de tabac comme à Saint-Sernin, mais aussi les ventes sur internet, et la concurrence déloyale trans-frontalière".

"Laisser proliférer ces formes de consommation en dehors des circuits traditionnels, c'est aller droit dans le mur, prévient Christian, buraliste de la place Saint-Étienne. Puisque comme le résume Gérard Vidal, président Midi-Pyrénées de la fédération : "Avec l'essor de cette économie parallèle, ce sont l'Etat, les buralistes et la santé des Français qui en sortent perdants. "

Outre le moratoire sur les prix du tabac, les buralistes mobilisés appellent également de leurs vœux à une harmonisation tarifaire a minima à l'échelon européen pour éviter que le prix d'un paquet passe du simple au double entre les deux versants des Pyrénées.

Jérémy Lacoste
Photo © Jérémy Lacoste