Municipales 2014 : guerre des mots entre Isabelle Hardy et Jean-Luc Moudenc, un début de campagne agité

"Manque d'idées", grince Isabelle Hardy. "Mensonge !", lui répond Jean-Luc Moudenc. Depuis quelques jours, l'adjointe au maire PS et le candidat UMP à la mairie de Toulouse se livrent à une joute très musclée. Avec, au cœur des griefs, la question du développement commercial de la ville. Le début d'une campagne où tous les coups seront permis ?
Les échanges sont houleux depuis quelques jours entre les deux élus

C'est désormais officiel, la campagne municipale toulousaine a débuté. Depuis quelques jours, c'est en effet à une véritable joute, par communiqués de presse interposés, que se livrent le candidat UMP Jean-Luc Moudenc et l'adjointe au maire PS Isabelle Hardy. Tout a commencé le 21 octobre dernier, lorsque l'ancien maire de Toulouse a présenté trois de ses colistiers issus de la société civile, ainsi qu'une ébauche de son programme en faveur du commerce de proximité. La réaction de l'adjointe au Commerce ne s'est pas faite attendre. Dans un communiqué envoyé le 24 octobre aux médias locaux, elle a analysé point par point les propositions de Jean-Luc Moudenc, pour finalement conclure que sa "proposition pour l'avenir" était "déjà pour les Toulousains une réalité". Une prise de position qui a amené l'élu UMP à publier dès le lendemain un communiqué de presse à l'intitulé grinçant : "Commerces : tout va-t-il si bien, Madame la marquise ?" Retour avec les intéressés sur un imbroglio qui annonce le ton d'une campagne toulousaine très disputée.

"À l'en croire, la situation est idyllique"
Pour Isabelle Hardy, reprendre les propositions de son rival et lui rétorquer de façon systématique "C'est déjà fait !" ne signifie pas pour autant que le chantier de développement commercial toulousain est clos. "Évidemment, on pourra toujours jouer sur les interprétations, s'agace l'adjointe au maire. Mais je n'ai jamais dit que tout était parfait et qu'il n'y avait plus rien à faire pour améliorer la situation du commerce de proximité à Toulouse. J'ai simplement constaté que les propositions de monsieur Moudenc ne constituaient rien de neuf."

Une subtilité sémantique dont s'est rapidement saisi le candidat UMP. "Après avoir présenté les grands thèmes de mon programme en faveur du tissu commerçant, je me suis vu répondre : "Circulez, il n'y a rien à voir, tout a déjà été fait", estime-t-il. À en croire Madame Hardy, la situation est idyllique et il n'y a rien à améliorer. Qu'elle sorte de son bureau et qu'elle se promène dans les rues de Toulouse !" Une attaque directe à laquelle l'adjointe au maire ne souhaite pas répondre : "J'ai simplement tendance à dire : "Suivez-moi et vous verrez bien comment je fonctionne." Personnellement, je n'ai pas eu l'impression, au cours des six dernières années, d'être restée dans mon bureau..."

Une guerre d'élus

Sur le fond, cette guerre d'élus porte sur des points précis du programme de Jean-Luc Moudenc. Ainsi, lorsque le candidat UMP propose le développement de zones de stationnement réglementé afin de favoriser la rotation des véhicules, Isabelle Hardy répond que six zones bleues sont déjà en place dans les quartiers toulousains. "La machine est en marche et nous allons poursuivre ce déploiement", martèle-t-elle. La réponse de Jean-Luc Moudenc ne tarde pas : "Six zones bleues, d'accord, mais la ville compte plusieurs dizaines de quartiers. Pourquoi cette sélection ? Par ailleurs, instaurer une règle ne sert absolument à rien si on ne se donne pas les moyens de la faire respecter."

"Une question de mots"
Le jeu de ping-pong est le même concernant d'autres propositions du candidat UMP. La mise en œuvre du droit de préemption des baux et des fonds de commerces par la mairie ? Pour Isabelle Hardy, "le diagnostic est fait, le principe est acté, mais pour le moment, il n'a jamais été nécessaire de préempter". La réponse de Jean-Luc Moudenc : "La mairie de Toulouse n'agit pas."

La création d'une société d'investissement, éventuellement d'économie mixte, dédiée au maintien des commerces de proximité ? "Madame Hardy assure que c'est déjà fait, ce qui est un mensonge total", grince Jean-Luc Moudenc. L'adjointe au maire rétorque que "tout est en réalité une question de mots et de choix de montage". Et d'ajouter : "Le sujet est très technique. Nous sommes en train de monter une concession d'aménagement, qui sera portée par une société d'aménagement. C'est vrai, nous n'avons pas fait le choix d'une société d'économie mixte. Mais l'objectif est le même !"

Sur la question épineuse de la revalorisation de l'espace public, lorsque Jean-Luc Moudenc appelle de ses vœux "la mise en œuvre d'une opération globale et systématique", Isabelle Hardy lui répond avoir été obligée de "mettre en place des priorités", après avoir hérité de l'ancienne municipalité - celle de Jean-Luc Moudenc - d'espaces publics de qualité "médiocre".

Vers une campagne musclée ?
La petite musique échangée entre l'adjointe au maire PS et le candidat UMP augure une campagne musclée. "Cet échange a le mérite de mettre en lumière notre équipe, qui veut prendre les problèmes à bras le corps, au contraire de la municipalité en place, qui estime que tout est fait et qu'il n'y a plus rien à améliorer", estime Jean-Luc Moudenc. Une attaque en règle qu'Isabelle Hardy balaie du revers de la main. "Chacun donne à cette campagne le ton qu'il veut lui donner, en fonction de son style et de ses valeurs." Ambiance.

Alexandre Léoty

© photos Rémi Benoit

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.