Chambres de commerce, le gouvernement veut renouer le dialogue

En visite à Blagnac le 26 mars à l’occasion de l’assemblée générale de la CCI Midi-Pyrénées, la secrétaire d’État au Commerce et à l'artisanat Carole Delga a joué la carte de l’apaisement après plusieurs mois de tensions vives entre Bercy et le réseau national des CCI. En cause : les coupes budgétaires imposées par le gouvernement.
Carole Delga, entourée des représentants des CCI de Midi-Pyrénées

Sa présence avait tout d'un symbole. Carole Delga, secrétaire d'État au Commerce et à l'artisanat et candidate du Parti socialiste aux élections régionales en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, a participé le 26 mars à l'assemblée générale de la Chambre de commerce et d'industrie Midi-Pyrénées, à Blagnac. L'occasion pour elle de renouer le fil du dialogue, sur le terrain, avec des élus consulaires parfois très remontés contre les coupes budgétaires dont font l'objet les CCI. Car, depuis l'été dernier, le climat entre les chambres consulaires et Bercy était plutôt glacial.

"L'année 2014 a fortement perturbé nos relations et nous a amenés à vous recevoir de façon peu respectueuse lors de l'assemblée générale de CCI France", regrette Didier Gardinal, président de la CCI de Midi-Pyrénées.

Ce jour-là, le 18 septembre 2014, à Paris, Carole Delga et son ministre de tutelle, Emmanuel Macron, avaient dû faire face à la gronde des présidents des chambres consulaires françaises. En cause : la volonté du gouvernement de prélever 500 millions d'euros en 2015 dans les fonds de roulement des CCI, après une coupe de 170 millions d'euros en 2014. Ce qui représente cette année une enveloppe de 12,14 millions d'euros en Midi-Pyrénées. "Ce n'est rien d'autre qu'un assassinat", avait alors déclaré André Marcon, le président de CCI France, avant que l'ensemble des représentants des chambres consulaires ne se lèvent en silence pour quitter les lieux.

Apaiser les esprits

Et même si, comme l'estime Didier Gardinal, "pendant ce bras de fer, nous avons été des enfants de chœur comparés aux zadistes de Sivens", le climat a mis un long moment avant de s'apaiser.

"Pendant cinq mois, nous avons tendu la main à CCI France, rappelle Carole Delga. Mais nous n'avons pas eu de réponse. Alors oui, ce prélèvement, il a fallu que nous le fassions. Nous l'avons fait le mieux possible, selon des règles mathématiques. Il y a donc forcément eu des injustices."

Un sentiment exprimé justement par les CCI de Midi-Pyrénées, qui estiment avoir été "de bons élèves" en faisant "de nombreux efforts de mutualisation" et n'avoir pourtant pas bénéficié d'un traitement différent des autres chambres consulaires. Par sa présence à Toulouse, Carole Delga a souhaité apaiser les esprits. "Il y a eu avec les CCI une difficulté de dialogue, qui est en train de s'atténuer, assure-t-elle. Je sens de l'inquiétude et parfois de l'incompréhension. En 2014, nous n'avons pas toujours su nous parler. En 2015, nous partons sur de nouvelles bases." Un avis partagé par Didier Gardinal. "Tout cela, c'est du passé. Je prône la reprise d'un dialogue. Aujourd'hui, les CCI ont besoin d'une vision à trois ans. Car, si nos ressources continuent à baisser, nous devrons bien entendu revoir nos objectifs." Et d'ajouter : "Nous avons besoin d'une trêve pour nous concentrer sur notre rapprochement avec la CCI du Languedoc-Roussillon."

"Il faut promouvoir l'esprit d'entreprise"

Pour Carole Delga, c'est vrai, "des efforts considérables ont été demandés aux CCI. Mais c'est la condition de l'efficacité du redressement de nos finances publiques." Didier Gardinal insiste : "Toutes les régions ne fusionnent pas. Les CCI des régions qui fusionnent ne pourraient-elles pas se voir dotées d'un bonus ou au moins d'une stabilité des ressources sur trois ans ?" Une bonne idée, selon Carole Delga. Mais qui arrive un peu tard. "J'aurais aimé avoir ce dialogue avec CCI France...", soupire la secrétaire d'État, qui insiste sur la nécessité de discuter au niveau national de la situation de chaque chambre de commerce et d'industrie.

"Est-il logique qu'en France, certaines CCI utilisent les fonds de roulement pour faire des placements financiers ou de la titrisation ?", s'interroge-t-elle.

Au-delà des polémiques, reste une certitude, pour Carole Delga. "Nous avons une préoccupation commune : l'entreprise doit être le moteur du redressement économique de notre pays, estime-t-elle. Il faut promouvoir l'esprit d'entreprise, notamment auprès des jeunes. Alors oui, nous avons besoin les uns des autres." Le dialogue est désormais renoué.

Ce dossier des CCI sera certainement l'un des derniers que devra gérer Carole Delga. Le Premier ministre Manuel Valls a en effet annoncé que la secrétaire d'État au Commerce quitterait le gouvernement en juin pour préparer les élections régionales.

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