Baisses des dotations, comment Toulouse Métropole et le Sicoval vont se serrer la ceinture

La préparation des budgets 2015 s'annonce sous haute tension dans les collectivités locales. Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole et Francis Condat, vice-président délégué aux Finances du Sicoval, préparent leurs électeurs à une révision des priorités et à des plans d'économie.
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"Une saignée." C'est ainsi que Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, définit la réduction budgétaire qui impose aux collectivités locales de modifier en profondeur leurs projets de budget. L'État a en effet confirmé la baisse des dotations aux collectivités locales à partir du 1er janvier 2015. La première tranche d'économies sur la dotation atteindra 3,7 milliards d'euros, pour atteindre 11 milliards d'euros sur trois ans.

Des projets inévitablement annulés
Le maire de Toulouse chiffre à 510 M€ la baisse des dotations pour la ville et la communauté urbaine entre 2014 et 2020. Un "choc" qui oblige la mairie à revoir les projets annoncés au cours de la campagne électorale. "En mars, nous avons fait campagne en présentant des projets aux citoyens. Puis, le 8 avril, le gouvernement a sorti cette baisse de dotations. Pour les élus de tout bord, cela a été un véritable choc", confie aujourd'hui Jean-Luc Moudenc. Une évolution radicale dont "les citoyens n'ont aucunement conscience", affirme le maire (par ailleurs prédisent de l'Association des maires des grandes villes de France) qui reconnaît la nécessité d'annuler certains projets.

"D'ici Noël, je souhaite que nous ayons la feuille de route des investissements majeurs que nous ferons tout au long du mandat. Nous aurons à sélectionner, prioriser et définir le nouveau calendrier et inévitablement nous serons obligés d'annuler certains projets." Le maire UMP a néanmoins confirmé son engagement à poursuivre des projets structurants engagés ou repris eux-mêmes par la municipalité précédente : la LGV, Montaudran Aerospace, l'Oncopole ou la candidature de Toulouse au label French Tech.

En dehors de la question de l'investissement, les annonces de l'État auront également des conséquences sur les budgets de fonctionnement. "Pour la première fois, la mairie ne remplacera pas la totalité des départ à la retraite", annonce Jean-Luc Moudenc qui reconnaît que cette "crise inédite des finances et des ressources publiques va nous obliger à nous remettre en cause et à faire preuve d'imagination".

L'appel au privé pour le financement
Chaque projet étant revisité à l'aulne des contraintes budgétaires, Jean-Luc Moudenc s'inquiète du financement du Parc des expositions : "La facture s'élève à 309 M€, je ne sais pas comment on pourra payer tout ça. J'ai déjà engagé des contacts pour changer de modèle de financement et trouver des partenariats privés." Le maire de Toulouse estime que la décision de l'État "n'est pas seulement un ajustement budgétaire. Les collectivités sont en train de changer de modèle économique." Afin de faire face à ce défi, Jean-Luc Moudenc est prêt à imposer un virage rapide vers un modèle de partenariats public-privé. "En France, on oppose trop souvent le privé et le public avec un raisonnement binaire : les bons d'un côté, les méchants de l'autre. Nos collectivités locales n'ont plus les moyens de se payer ces débats idéologiques", affirme-t-il.

Un plan d'économies pour le Sicoval
Au sein du Sicoval, la communauté d'agglomération qui jouxte Toulouse Métropole et qui rassemble 36 communes, la réduction des dotations aux collectivités locales est également à l'ordre du jour. "Nous serons rigoureux", précise Francis Condat, vice-président délégué aux Finances, achats et marchés, "mais la rigueur n'est pas l'austérité".

Bien que le Sicoval ne soit pas encore en mesure de chiffrer l'impact de la baisse sur le budget 2015, le délégué aux finances s'attend néanmoins à une baisse substantielle. "En 2014, l'État a baissé d'un milliard d'euros les dotations aux collectivités et le Sicoval a reçu 500 000 euros en moins. En 2015, la baisse globale sera de 3 milliards et donc l'impact pour le Sicoval sera beaucoup plus élevé que cette année."

Contrairement à ce qui se profile au sein de Toulouse Métropole, le Sicoval n'envisage pas de réduction des effectifs des fonctionnaires territoriaux. Afin de préparer le budget 2015, le Sicoval a mis en place un groupe d'élus et de techniciens. "Il est chargé d'élaborer un plan d'économies, précise Francis Condat. Il faut un pacte financier. Nos moyens changent, il faut donc changer notre politique mais sans trahir nos valeurs. Nous serons obligés de limiter les investissements mais la difficulté sera d'arbitrer entre les différentes politiques. Depuis deux ans, Le Sicoval finance les services à la personne et ceux-ci ne sont pas remis en question. Nous ne pourrons pas les développer davantage, mais nous ferons des efforts pour maintenir ce qui existe déjà."

Pour ce qui concerne les investissements, le centre de congrès Diagora-Labège reste une priorité pour la collectivité, "même si pour l'instant nous ne pourrons achever que la première phase de modernisation", précise le vice-président. Le prolongement de la ligne B du métro de Toulouse n'est pas non plus remis en question, même si sur ce point la communauté d'agglomération attend surtout des réponses du gouvernement.

Quant à l'éventualité du recours à des partenariats public-privé, elle ne semble pas d'actualité dans le Sud-Est toulousain. "Je ne ferme pas la porte, a priori, à des partenariats public-privés, affirme Francis Condat. Mais, jusqu'à présent, le retour d'expérience n'est pas très favorable..."

Emmanuelle Durand-Rodriguez et Simona Pizzutti

© photo Rémi Benoit

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