Maire de Toulouse pendant 18 ans, Dominique Baudis est décédé ce matin. Les hommages sont nombreux

Dominique Baudis, Défenseur des droits, ancien journaliste de télévision et ancien maire centriste de Toulouse, est mort ce jeudi matin à l'âge de 66 ans d'un cancer généralisé à l'hôpital du Val-de-grâce à Paris. Dominique Baudis a été maire de Toulouse pendant 18 ans, de 1983 à 2001, succédant à son père, Pierre Baudis. Portrait et réactions.
Dominique Baudis

Au Capitole et à l'Hôtel de Région, les drapeaux sont en berne. L'ancien maire de Toulouse Dominique Baudis est décédé ce matin, à quelques jours de son soixante-septième anniversaire. Élu maire de Toulouse en 1983, il a occupé cette fonction pas moins de 18 ans, ayant été réélu en 1989 et 1995. Il succédait à son père, Pierre Baudis, lui-même aux manettes du Capitole de 1971 à 1983. "Une dynastie" entend-on régulièrement à Toulouse, dans laquelle souhaite d'ailleurs s'inscrire le nouveau maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc.

Le nouveau locataire du capitole s'est dit ce midi "choqué" par la nouvelle du décès de celui dont il avait été l'un des proches collaborateurs. "Lorsque je l'ai connu, j'avais 22 ans, confie-t-il. J'étais alors le plus jeune candidat de sa liste. Depuis, nous avons toujours fait chemin ensemble, que ce soit au Conseil régional, à l'Assemblée nationale ou lors des élections européennes. Nous étions amis. Et nous partagions un idéal, en tant que centristes, démocrates et européens convaincus. Je suis dans son sillage".

Au bilan de Dominique Baudis, notamment, l'inauguration de la première ligne de métro. "Probablement la réalisation dont il était le plus fier", commente Jean-Luc Moudenc. Mais aussi le lancement de la seconde ligne, l'inauguration du Zénith de Toulouse et du Musée des Abattoirs ainsi que la mise en chantier de la Médiathèque. "Il a été maire de Toulouse plus longtemps qu'aucun autre maire de la ville. Il l'a marquée de son empreinte, en tissant une relation affective et charnelle avec les Toulousains. Il était viscéralement attaché à la ville. Il a marqué la ville, et pour longtemps... " affirme Jean-Luc Moudenc.

Riche carrière politique
Mais la carrière politique de Dominique Baudis ne se limite pas à Toulouse : président du Conseil régional de Midi-Pyrénées de 1986 à 1988, député de la Haute-Garonne (élu en 1986 puis réélu en 1988, 1993 et 1997 sous l'étiquette UDF), ce Parisien de naissance a également été député européen, élu en 1984 puis réélu en 1994 et 2009 à la tête d'une liste UMP (Lire l'interview de Dominique Baudis à l'occasion des Européennes de 2009).
Pour Martin Malvy, actuel président de la Région Midi-Pyrénées, "au-delà des amitiés et des oppositions, il restera dans la mémoire des Toulousains et des Midi-pyrénéens au titre des mandats qui furent les siens, de son engagement européen, de son passé de journaliste, des fonctions qu'il a occupées parmi lesquelles je n'oublie pas la présidence du Conseil Régional entre 1986 et 1988."

En 1995, Alain Juppé propose à Dominique Baudis d'entrer au gouvernement. Il décline la proposition et préfère souffler à l'oreille du Premier ministre le nom de Françoise de Veyrinas, nommée alors Secrétaire d'État aux Quartiers en difficulté. Pendant de longues années c'est avec Françoise de Veyrinas (décédée en 2008) et Pierre Trautman (nouvel adjoint à Commande publique), que Dominique Baudis gère la ville de Toulouse. Chaque lundi matin, ils se réunissent tous les trois au Capitole et balayent les dossiers d'actualité.

Journaliste et grand reporter

Le premier métier de Dominique Baudis, c'est le

journalisme

. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, il part au Liban en 1971 comme journaliste de radio et de télévision. Correspondant de l'ORTF puis de TF1 pour le Proche-Orient, grand reporter, il présente le journal télévisé de TF1 (de 1978 à 1980) et celui de FR3 (jusqu'en 1982). Après avoir été, pendant un an, président du comité éditorial du quotidien Le Figaro, Dominique Baudis est nommé en 2001 à la présidence du

Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) par Jacques Chirac

. Il abandonne alors tous ses mandats pour se consacrer à sa nouvelle fonction. C'est lui qui est à l'origine de la TNT : il propose aux téléspectateurs une offre audiovisuelle élargie avec les chaînes gratuites de la Télévision numérique terrestre lancée en mars 2005.

C'est également en 2005 que Dominique Baudis est définitivement innocenté dans une affaire liée au tueur en série Patrice Alègre. Une affaire dans laquelle il avait été mis en cause, dès 2003, par des prostituées toulousaines. Un scandale médiatique : accusé de proxénétisme, viol, meurtre et actes de barbarie, il révèle sur le plateau du JT de TF1 que son nom est cité dans l'affaire. Dominique Baudis a raconté cette terrible expérience dans Face à la calomnie. "Ça a sans doute été la période la plus douloureuse de sa vie, estime aujourd'hui Jean-Luc Moudenc. Être accusé faussement de cette manière a été vécu comme une très grande injustice, une douleur. Mais en même temps, j'ai vu un homme au combat, toujours en avant pour défendre son honneur. Il a été très fort et, finalement, il a triomphé de la calomnie".

Depuis 2011, Défenseurs des droits
En 2007, Dominique Baudis est élu à la présidence de l'Institut du monde arabe et participe au renforcement du dialogue entre les cultures. De ses années de journalisme au Proche-Orient, l'ancien journaliste a gardé un lien fort avec le monde arabe auquel il a d'ailleurs consacré plusieurs ouvrages comme La passion des chrétiens du Liban, La mort en Keffieh, Raymond d'Orient, La Conjuration, et "Il faut tuer Chateaubriand".

C'est le 22 juin 2011 qu'il est nommé Défenseur des droits par Nicolas Sarkozy pour un mandat de 6 ans non renouvelable et non révocable. Il est le premier à occuper cette fonction, qu'il a honoré jusqu'à son décès, ce jeudi 10 avril. Dominique Baudis a succombé à un cancer généralisé. Il était père de trois enfants dont Florence Baudis, membre d'opposition de l'ancien Conseil municipal jusqu'en janvier 2014.

"Nous n'étions que quelques-uns à savoir qu'il luttait contre la maladie, confie Jean-Luc Moudenc. Il le faisait avec beaucoup de dignité, et en silence". Une discrétion qui faisait partie intégrante du caractère de l'ancien maire de Toulouse. "C'était un homme secret, profondément attaché à sa famille", confie Jean-Luc Moudenc. Pierre Esplugas, actuel adjoint aux musées à la Ville de Toulouse et ancien responsable des relations presse de Dominique Baudis lors de la campagne des européennes de 2009, confirme : "C'était un homme très secret, très discret, mais d'une profonde humanité".

Pour Jean-Luc Moudenc, c'est un modèle qui vient de s'en aller. "Je l'ai vu il y a quelques mois, confie-t-il. Nous devions déjeuner ensemble en janvier, mais le déjeuner avait été reporté, malheureusement... J'ai ensuite reçu des messages de lui, y compris le soir du second tour des élections municipales". Le maire de Toulouse souhaite rendre hommage à Dominique Baudis. "Nous en discuterons avec sa famille", glisse-t-il. Dominique Baudis pourrait selon le maire de Toulouse bénéficier d'obsèques officielles aux Invalides, en présence de François Hollande.

Réactions unanimes

Christine De Veyrac a été l'un des premières à réagir au décès de Dominique Baudis, elle qui faisait partie de sa liste pour les européennes en 2009. « Je souhaite saluer sa mémoire, son action de maire de Toulouse toujours trans-partisane et au service de tous, ainsi que naturellement son engagement constant et déterminé au service de la construction européenne. Dominique Baudis, dans une carrière très riche, aura aussi été un défenseur constant des libertés publiques : sa disparition est un deuil pour Toulouse, pour l'ensemble de la région Midi-Pyrénées, mais aussi pour l'ensemble de notre pays » déclare-t-elle dans un communiqué.

Jean Iglesis, président de la fédération de l'UDI 31 se dit "extrêmement peiné d'apprendre cette nouvelle. Mes premières pensées vont à sa famille et en particulier à sa fille Florence. Je voudrais saluer la mémoire de celui qui fut l'un des plus grands maires de Toulouse, et un grand européen." Philippe Lasterle, de l'UDI 31 a réagi également : "En tant que Toulousain et centriste, je tiens à saluer la mémoire de celui qui, républicain modéré, humaniste et européen convaincu, aura marqué de son empreinte la vie politique de notre Ville, de notre Région et de notre Pays au cours des quatre décennies écoulées. Homme de passion et de dialogue, Dominique Baudis était un modèle pour beaucoup d'entre nous. Il nous laisse en héritage une obligation : celle de se mettre au service de tous."

Le groupe EE-LV à la mairie de Toulouse salue "la mémoire d'un homme de convictions dont l'engagement a marqué l'histoire politique de notre ville. Nous avons également à l'esprit son engagement en faveur du projet européen, et la vigueur de son action de Défenseur des droits, contre toutes les discriminations. C'est une grande figure de Toulouse et du monde politique qui disparaît."

Marie Déqué, ancienne adjointe à la culture de Dominique Baudis et actuelle conseillère municipale de Jean-Luc Moudenc, est "effondrée". "C'est terrible, c'est toute une partie de l'histoire de Toulouse, du Toulouse qu'on aime, qui s'en va, confie-t-elle. Dominique Baudis, c'est le Toulouse pour tous. C'est lui qui a fait de cette ville une métropole, une capitale. Car il avait cette vision, ce courage."

Pour Jean-Pierre Plancade, candidat (sans étiquette) aux dernières élections municipales, "Dominique Baudis a été un grand maire de Toulouse, toujours à l'écoute de ses concitoyens. Toulouse lui doit beaucoup. C'était un homme de dialogue, ouvert aux autres".

Les conseillers régionaux du groupe Osons Midi-Pyrénées font part de "leur profonde tristesse et de leur grande émotion" à l'annonce du décès de Dominique Baudis. Dans un communiqué, ils soulignent entre autres "sa droiture et son exigence".

Le Mouvement des Jeunes pour Toulouse rend "un hommage affecté, respectueux, et admiratif".

Alain Juppé, maire de Bordeaux, a également tenu à réagir. "J'ai appris ce décès avec stupeur. Rien ne l'avait laissé prévoir. C'était un ami.
D'abord un journaliste, qui aimait passionnément le métier, qui l'a exercé. Ensuite, il a marqué pendant 18 ans la Ville de Toulouse à laquelle il était resté très attaché, et réciproquement d'ailleurs. C'était un européen convaincu qui a fait campagne pour l'Europe, et nous partagions cette conviction. Et puis c'était surtout un humaniste, un homme engagé. Il l'a montré dans ses fonctions de défenseur des droits à laquelle il s'est adonné avec beaucoup de cœur et d'enthousiasme ces dernières années. Je partage la tristesse de sa famille. Je partage la tristesse de ses amis, celle des Toulousains aussi et, je pense, d'une grande partie des Français".

Bernard Keller, maire de Blagnac : "C'est avec une vive émotion que j'ai appris le décès de Dominique Baudis (...). Je conserve de mes relations avec Dominique Baudis le souvenir d'un homme volontaire, attentif à la réussite de sa ville et au bien-être des Toulousains. Il a, comme maire, personnifié l'identité et l'image de Toulouse. Dominique Baudis a été un journaliste connu, un maire aimé, un président du CSA rigoureux, un président de l'institut Monde Arabe apprécié et depuis 2011 il était Défenseur des droits. Je salue l'homme engagé qu'il a été tout au long de sa vie et toute l'énergie qu'il a mis, avec les autres maires, à faire de Toulouse, une métropole qui réussit et qui gagne".

René Bouscatel, président du Stade Toulousain : "J'apprends avec une infinie tristesse cette disparition. Dominique Baudis a réussi sa vie. Il a, comme il me l'avait dit un jour, réussi ses trois vies. Grand reporter, où il s'est éclaté. Maire de Toulouse, où il a merveilleusement bien réussi. Et la troisième vie où il a eu la reconnaissance qu'il méritait pour ses qualités. La seule peine qu'il a pu nous faire, c'est cette disparition inattendue et prématurée. Je tiens à adresser mes condoléances à sa femme et à toute sa famille".

Pierre Izard, président du Conseil général, relève que "sa passion pour Toulouse nous a permis, au delà de nos divergences politiques, de mener à bien des dossiers importants qui ont donné au chef lieu du département son rayonnement national et international."

Alain Chatillon, sénateur-mail de Revel : "Ce fut également un excellent journaliste et écrivain. Dans ces moments difficiles, j'adresse mes plus vives et sincères condoléances à son épouse, ses enfants et toute sa famille. J'ai également une pensée à cet instant pour son père Pierre qui a marqué la cité toulousaine et avec lequel j'ai entretenu des relations étroites pendant ses mandats à la tête de la mairie de Toulouse."

Pierre Cohen, ancien maire de Toulouse : "J'apprends avec tristesse la mort de Dominique Baudis. Journaliste engagé, européen convaincu, maire jusqu'en 2001, Dominique Baudis s'est consacré à Toulouse avec énergie et humanisme, contribuant au rayonnement de la ville. Il a veillé sans relâche à préserver l'intérêt public et les libertés, jusqu'à ses dernières fonctions de défenseur des droits. Cet homme de convictions a marqué l'histoire de Toulouse et les Toulousains, comme il marquera l'histoire de notre vie publique. J'adresse mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches".

Gérard Trémège, maire de Tarbes et conseiller régional : "Homme de convictions, de modération et de dialogue, profondément attaché à la Ville de Toulouse ainsi qu'à la région Midi-Pyrénées, Dominique Baudis était aussi un grand humaniste en même temps qu'un européen convaincu. Dans le cadre de l'exercice de chacun des mandats ou des hautes fonctions qui lui ont été confiés, il s'est attaché à défendre les valeurs humanistes et républicaines auxquelles il aura toujours été fidèle. Au cours d'une carrière exceptionnelle, il aura servi sa Ville, sa Région en même temps que son Pays avec passion et mesure."

Quelques personnalités toulousaines ont utilisé Twitter pour exprimer leur vive émotion. Parmi elles, François Briançon, Joël Carreiras, Élisabeth Pouchelon, Catherine Lemorton et Martine Martinel. La ministre de la Justice Chrsitiane Taubira a également twitté : "#DominiqueBaudis, élégance dans l'épreuve, fermeté sereine, rectitude dans l'action, et cette grâce dans la pugnacité".

Alexandre Léoty, Sophie Arutunian, Adrien Serrière, Adeline Raynal, Emmanuelle Durand-Rodriguez, Paul Périé

© photo Rémi Benoit

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